12 agents algériens expulsés par la France : l’Algérie rompt le silence

Algérie France accords franco-algériens espionnage MAE

Le climat diplomatique entre la France et l’Algérie vient une nouvelle fois de se charger de tensions, après une décision sans précédent des autorités françaises. Ce mercredi, le secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de la Communauté nationale à l’étranger, Sofiane Chaib, a annoncé que l’Algérie avait « pris connaissance » et « pris acte » de la décision prise par Paris de rappeler son ambassadeur en Algérie pour consultations et de demander à douze agents consulaires et diplomatiques algériens de quitter le territoire français.

Dans une déclaration accordée à la radio nationale, M. Chaib a affirmé : « L’Algérie prend acte et prend connaissance de la décision de la France ». Il a néanmoins reconnu que les détails entourant cette mesure restent partiellement flous à ce stade. « Nous n’avons pas encore tous les contours précis des personnes qui sont concernées par cette nouvelle décision que nous regrettons », a-t-il précisé, soulignant une certaine perplexité du côté algérien face à cette manœuvre jugée inamicale.

Le contexte de cette escalade diplomatique trouve son origine dans une affaire qui remonte à plusieurs mois, mais qui a récemment été relancée par les autorités françaises. Le 14 avril dernier, Alger avait publié un communiqué officiel justifiant l’expulsion de certains agents relevant du ministère de l’Intérieur français. Cette décision, selon les autorités algériennes, était motivée par « le caractère inédit de la crise et de la tension qui a été créée par le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, autour de l’affaire de l’arrestation en France d’un agent consulaire algérien. »

Sofiane Chaib a insisté sur la nature politique de cette affaire, qu’il a qualifiée de mise en scène : « La crise et la tension actuelle est la résultante directe de cette machination et de cette théâtralisation de cette affaire créée de toutes pièces par un ministre de l’Intérieur qui l’a conçue en réchauffant une affaire datant de plus de huit mois ». L’affaire en question concerne un supposé enlèvement de l’activiste Amir Boukhors, plus connu sous le nom d’AmirDZ, une personnalité controversée vivant en France et régulièrement impliquée dans des accusations à l’encontre des institutions algériennes.

« Cette affaire a été malheureusement utilisée comme le levain d’une nouvelle manœuvre pour torpiller la relation bilatérale et la dynamique ascendante qui a été voulue par les deux Chefs d’Etat », a martelé le secrétaire d’État, en référence au président algérien Abdelmadjid Tebboune et à son homologue français Emmanuel Macron, qui avaient œuvré ces derniers mois à une normalisation progressive des relations entre les deux pays.

M. Chaib n’a pas manqué de rappeler que l’Algérie, bien qu’ouverte au dialogue, se réserve le droit de répondre avec fermeté à toute atteinte à sa souveraineté. « Nous rappelons la teneur de notre dernier communiqué dans lequel on a clairement indiqué que nous sommes en mesure, dans le cadre d’une réponse de fermeté, de prendre de nouvelles mesures en fonction du principe de réciprocité », a-t-il affirmé.

Cette nouvelle crise intervient à un moment sensible où les relations franco-algériennes semblaient amorcer une période d’apaisement, notamment à travers des échanges diplomatiques soutenus et des déclarations réciproques de volonté de coopération. Toutefois, l’interpellation de l’agent consulaire algérien, la relance d’une vieille affaire judiciaire, et la médiatisation spectaculaire qui a entouré ces événements, ont contribué à envenimer un climat déjà fragile.

Les regards sont désormais tournés vers les prochaines décisions qui seront prises par Alger. Si aucune mesure de rétorsion n’a encore été annoncée officiellement, les propos de M. Chaib laissent clairement entendre que des options sont sur la table, et que la réponse algérienne pourrait s’inscrire dans une logique de stricte symétrie.

Dans ce bras de fer diplomatique, l’évolution de la situation dépendra sans doute de la capacité des deux capitales à renouer le fil du dialogue, mais pour l’heure, la confiance semble ébranlée et les gestes symboliques lourds de conséquences se succèdent.

Lire également :

Algériens de France : la Préfecture de Paris fait une annonce réjouissante

« C’est détecté » : le Préfet de Paris met en garde les Algériens

Alerte en Algérie, à cause d’un produit venu de France