14 ans, 18/20 de moyenne (…) : une Algérienne menacée de quitter la France

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Tous les matins, dans le calme d’un quartier HLM de Noyon, une jeune fille de 14 ans s’éveille avec la même routine : sac sur le dos, carnet dans la main, sourire discret mais déterminé. Elle s’appelle Bouchra Touhami, et ses professeurs la décrivent comme un modèle d’implication. Une élève brillante, régulière, passionnée par les sciences et résolument tournée vers l’avenir. Pourtant, derrière cette apparence de normalité, une inquiétude tenace la ronge. L’Algérienne est menacée de quitter la France.

Depuis sept ans, sa famille vit en France. Discrète, sans histoire, intégrée. Mais fin décembre, une lettre froide et officielle a tout bouleversé : une obligation de quitter le territoire français, émise par la préfecture. Une OQTF. Quatre lettres qui, en un instant, ont transformé la vie de cette famille en course contre la montre. Leur demande de titre de séjour a été rejetée, et désormais, tout repose sur un recours devant le tribunal administratif d’Amiens. Le jugement est attendu pour la fin juillet. Jusque-là, l’incertitude est reine. C’est en effet ce dont fait part le média français Courrier Picard, qui semble touchée par l’histoire de cette Algérienne qui risque de se voir forcée de quitter la France.

Bouchra, elle, continue de marcher vers son collège comme si rien n’avait changé. Mais à l’intérieur, le tumulte est bien réel. Elle a 14 ans, une moyenne de 18/20, et la tête pleine de projets. Elle rêve de blouse blanche, de microscope, de médecine. Le genre de rêves qu’on forge au fil des heures passées à étudier, à répondre aux profs, à rater parfois, mais à recommencer toujours. En France, elle a tout appris. Elle y est arrivée à l’âge de cinq ans. C’est ici qu’elle a appris à lire, à écrire, à rêver. En Algérie, elle ne connaît rien du système scolaire. Elle ne s’y est jamais assise sur un banc. Elle y serait étrangère dans son propre pays.

Quitter la France : une hantise pour l’Algérienne

L’idée d’un départ la paralyse. Non pas par peur de l’inconnu, mais parce qu’elle sent que ce serait une forme d’injustice. Être ramenée dans un pays qu’elle n’a jamais réellement connu, c’est comme effacer d’un coup toutes ses années d’efforts, tous ses bulletins exemplaires, tous les petits gestes qu’elle a posés ici. Car au-delà des cours, Bouchra donne de son temps. Dans une école maternelle du quartier, elle aide, elle accompagne, elle s’implique. Pour elle, faire partie de cette société, ce n’est pas un slogan : c’est une réalité vécue.

Interrogée par Le Courrier Picard, elle avoue que la situation l’empêche de se concentrer pleinement en classe. Chaque jour, elle compte les semaines qui la séparent de la fin juillet, moment crucial où le tribunal administratif d’Amiens doit statuer sur le recours déposé contre l’OQTF prononcée par la préfecture de l’Oise en décembre dernier.

Ce que redoute sa famille, c’est moins un retour géographique qu’un effondrement éducatif. Bouchra pourrait être placée dans une classe bien en deçà de son niveau actuel. Un retour en arrière brutal, presque absurde, qui viendrait balayer ses ambitions d’un revers administratif. Selon ses mots, elle pourrait se retrouver en CM1 ou CM2, une aberration pour une collégienne qui frôle l’excellence.

La Ligue des droits de l’Homme, sensible à cette situation, accompagne la famille dans ses démarches. Une voix parmi d’autres, mais essentielle pour rappeler que derrière chaque dossier, il y a des visages, des histoires, des rêves. Le droit peut parfois corriger la rigueur aveugle des procédures. Du moins, c’est ce qu’espère la famille de Bouchra, dont les jours sont désormais rythmés par l’attente d’un jugement.

La préfecture, de son côté, estime que rien ne fait obstacle au retour de la famille en Algérie. Une analyse strictement administrative, qui omet les réalités vécues, les liens tissés, l’avenir construit en France. Cette lecture froide ignore que l’intégration n’est pas un statut, mais un chemin parcouru. Et celui de Bouchra a été jalonné de réussites, d’efforts, d’attaches profondes.

Pour l’instant, l’adolescente continue de se lever chaque matin, d’écouter en cours, de rendre ses devoirs. Elle avance, comme elle peut, avec dans son cartable plus que des cahiers : l’espoir qu’on lui permettra de rester là où elle a appris à grandir. Là où son avenir, encore fragile, tente de s’enraciner.

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