En Suisse, un simple départ en vacances peut se transformer en cauchemar administratif. C’est ce qu’a vécu Amina Ghoulam, médecin et mère de quatre enfants, résidant à Maienfeld, une paisible commune du canton des Grisons. Cette Algérienne d’une quarantaine d’années avait pris une décision qu’elle jugeait anodine : partir 24 heures plus tôt en vacances avec ses enfants, avant le début officiel des congés scolaires en Suisse. Une anticipation qui lui a coûté cher, très cher : 2 000 francs suisses d’amende, soit un peu plus de 2 000 euros, pour ce que l’école a qualifié d’« absence injustifiée ».
Pour cette famille, le départ vers le Canada représentait bien plus qu’un simple voyage touristique. C’était une bouffée d’air, un moment de répit après une période de grande turbulence familiale. La mère algérienne établie en Suisse, encore marquée par une séparation difficile avec le père de ses enfants, souhaitait tourner la page et offrir à ses enfants, qui n’avaient jamais pris l’avion, une expérience qui les éloignerait du stress ambiant. Selon ses propos recueillis par le média suisse Blick, elle n’aurait jamais imaginé qu’un simple jour d’absence, précisément le dernier jour avant les grandes vacances, puisse entraîner de telles sanctions.
À son retour en Suisse, la surprise est tombée comme un couperet pour l’Algérienne : un courrier officiel de l’établissement scolaire, annonçant une sanction financière de 500 francs par enfant. Aucun recours initial, aucun avertissement, juste cette pénalité imposée sans appel, comme si elle avait enfreint une règle gravissime. Amina Ghoulam a été stupéfaite, se sentant même, selon ses propres mots, « comme une criminelle ». Pour elle, ce n’était qu’un petit écart logistique, pour les autorités scolaires, c’était une infraction en bonne et due forme, motivée notamment par la volonté de ne pas encourager des économies de billets d’avion réalisées au détriment de la scolarité.
Le conseil scolaire s’est justifié en expliquant que l’amende devait être au moins équivalente aux économies que les familles pourraient réaliser en prenant des vols moins chers en dehors des dates traditionnelles. Une logique financière appliquée avec rigueur, même quand des circonstances personnelles délicates sont en jeu. L’établissement ne fait pas figure d’exception : en Suisse, bon nombre d’écoles appliquent des règles strictes sur les absences, et surtout sur celles qui précèdent les vacances. L’idée est de dissuader toute tentative d’allongement non autorisé de la période de congé.
Face à cette décision qu’elle jugeait « complètement exagérée », Amina Ghoulam a décidé de ne pas rester silencieuse. Elle a engagé une procédure devant la justice pour contester l’amende. Une démarche qui s’est avérée payante : après examen du cas, la sanction a été revue à la baisse. Le montant a finalement été réduit à 100 francs suisses par enfant, soit un total de 400 francs, environ 432 euros. Un soulagement, certes, mais qui laisse un goût amer à la mère de famille. Elle souligne surtout l’absence de dialogue initial et l’automatisme d’une procédure jugée froide et déshumanisée.
Ce type de situation n’est pas propre à la Suisse. En France également, faire manquer l’école à un enfant pour des raisons personnelles, même pour anticiper un départ en vacances, est illégal. L’article L131-8 du Code de l’éducation est formel : toute absence doit être justifiée auprès du chef d’établissement, et seules certaines situations sont admises. Parmi elles, les impératifs familiaux peuvent être tolérés, mais pas lorsqu’ils s’éloignent du cadre officiel du calendrier scolaire. Les sanctions peuvent aller d’un simple avertissement jusqu’à une amende de 750 euros. En cas d’absences injustifiées répétées, les parents risquent même deux ans de prison et jusqu’à 30 000 euros d’amende.
L’histoire d’Amina Ghoulam met en lumière la rigueur de certaines législations européennes en matière d’assiduité scolaire. Elle rappelle aussi que, derrière des décisions parfois considérées comme techniques ou administratives, il y a des familles, des histoires personnelles, des contextes fragiles que les règlements ne prennent pas toujours en compte. Un jour d’avance sur le calendrier scolaire a suffi à placer cette mère dans une posture d’accusée. Une situation qui, malgré la réduction de l’amende, reste difficile à digérer pour celle qui voulait simplement offrir une parenthèse d’apaisement à ses enfants.
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