Accord franco-algérien de 1968 : une résolution du RN officiellement adoptée

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À une seule voix près, l’Assemblée nationale a adopté une résolution déposée par le Rassemblement national, visant à dénoncer l’accord franco-algérien de 1968. Une initiative hautement symbolique, qui a suscité une vive réaction dans l’hémicycle, et relance un débat vieux de plus d’un demi-siècle sur les relations migratoires entre la France et l’Algérie.

Ce jeudi 30 octobre 2025, le RN disposait de sa « niche parlementaire », une journée où le parti peut choisir les textes soumis au vote. Le groupe de Marine Le Pen a décidé d’y inscrire une proposition de résolution dénonçant l’accord franco-algérien de 1968, un texte signé six ans après la fin de la guerre d’Algérie, et qui encadre toujours aujourd’hui les conditions d’entrée et de séjour des ressortissants algériens en France.

La résolution a été adoptée à une voix près : 185 députés ont voté pour, 184 contre. Une marge infime qui a suffi au RN pour se féliciter d’une victoire politique. L’annonce du résultat a provoqué une véritable ovation dans les rangs du parti d’extrême droite. Si cette adoption n’a aucune valeur contraignante — la résolution n’oblige pas le gouvernement à légiférer —, elle marque toutefois une étape symbolique majeure pour le RN, dont c’est le premier texte approuvé par l’Assemblée nationale.

Marine Le Pen a salué un moment « historique », estimant que cette adoption reflétait « une prise de conscience nationale ». Son allié Éric Ciotti, membre de l’Union de la droite républicaine (UDR), a parlé d’« une victoire du courage politique », tandis que le député RN Julien Odoul s’est félicité d’une « victoire historique » sur les réseaux sociaux.

Mais la gauche a vivement réagi à ce vote, dénonçant à la fois le contenu du texte et l’absence remarquée de plusieurs députés macronistes. Clémence Guetté, députée de La France insoumise, a dénoncé sur X un « texte raciste » et interpellé les anciens Premiers ministres Gabriel Attal et Élisabeth Borne pour leur absence au moment du scrutin. Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a de son côté fustigé une « alliance honteuse entre Horizons, Les Républicains et l’extrême droite ». La présidente du groupe écologiste, Cyrielle Chatelain, s’est dite profondément déçue : « Il nous a manqué une voix, une seule voix. Celle de Gabriel Attal. »

Pour rappel, l’accord franco-algérien de 1968 avait été conclu à une période où la France cherchait activement à soutenir sa croissance économique grâce à la main-d’œuvre étrangère. Il permet aux ressortissants algériens d’obtenir un titre de séjour de dix ans selon une procédure simplifiée, tandis que leurs familles bénéficient du même statut en cas de regroupement familial. Selon l’AFP, ce dispositif crée encore aujourd’hui une situation juridique particulière, accordant aux Algériens des droits plus étendus que ceux des autres ressortissants étrangers vivant sur le sol français.

Dans un rapport parlementaire récent, les députés macronistes Mathieu Lefèvre et Charles Rodwell avaient estimé que ces dispositions engendrent « une discrimination entre étrangers de nationalités différentes ». Le Sénat, de son côté, avait déjà évoqué en février dernier la possibilité de dénoncer l’accord franco-algérien de 1968, une idée soutenue à plusieurs reprises par Bruno Retailleau, alors ministre de l’Intérieur, en plein climat diplomatique tendu entre Paris et Alger.

Si cette résolution du RN ne modifie pas le droit en vigueur, elle relance toutefois un débat politique et symbolique majeur. Le texte touche à la fois aux questions migratoires, aux relations bilatérales entre la France et l’Algérie, et à la mémoire d’une période marquée par la décolonisation et ses conséquences sociales. L’avenir de l’accord franco-algérien de 1968 reste désormais entre les mains du gouvernement, qui devra décider s’il entend rouvrir ce dossier sensible, près de soixante ans après sa signature.