Accords entre la France et l’Algérie : Darmanin en rajoute une couche

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Les relations entre Paris et Alger, régulièrement soumises à des turbulences historiques et diplomatiques, viennent de connaître un nouveau coup de chaud. Cette fois, c’est Gérald Darmanin, ministre français de la Justice, qui ravive les tensions en appelant ouvertement à la dénonciation des accords bilatéraux de 1968 et de 1994, signés entre la France et l’Algérie. Invité sur les ondes d’Europe 1 et CNews ce mercredi matin, le ministre s’est exprimé sans détour sur les liens entre les deux pays, mêlant mémoire coloniale, souveraineté nationale et avenir diplomatique.

Face à la journaliste Sonia Mabrouk, le ministre français a adopté un ton ferme et sans équivoque. Réagissant à la persistance des tensions entre la France et l’Algérie, Darmanin a déclaré : « Le passé est le passé et la France n’a pas à s’excuser auprès de l’Algérie ». Cette affirmation, loin d’être anodine, intervient dans un contexte où les contentieux historiques liés à la colonisation restent un point de friction majeur dans les relations bilatérales. Mais pour le ministre, l’heure n’est plus aux regrets, encore moins aux excuses. Selon lui, le temps est venu pour les deux pays de tourner la page, même si cette proposition risque fort de heurter Alger.

Darmanin ne nie pas que certains pays puissent être marqués par les traumatismes du passé. Il reconnaît : « On peut comprendre que des pays soient touchés par ce passé », avant de réorienter fermement le débat : « Mais ce qui est important quand on fait de la politique, c’est l’avenir ». Dans la continuité de son propos, il souligne que « notamment en Algérie, l’idée que l’on reparle sans cesse de ce qu’il s’est passé auparavant empêche de voir l’avenir, de voir des nouveaux horizons ». Pour le garde des Sceaux, le rapport à la mémoire coloniale devient un frein à une coopération apaisée et moderne.

Poussant l’analyse plus loin, Gérald Darmanin évoque une vision critique des motivations algériennes, affirmant :« Ce qui est certain, c’est que nous avons avec le régime algérien des différences profondes et nous sommes un problème de politique intérieure pour l’Algérie. Et c’est ce qui ne va pas ». Ces propos, d’une rare franchise diplomatique, laissent entendre que Paris se sent instrumentalisé dans les débats internes algériens, et que la relation bilatérale ne peut évoluer sereinement tant que cette situation perdure.

Le point culminant de son intervention survient lorsqu’il suggère explicitement une rupture partielle des cadres juridiques entre les deux pays. Il déclare : « La France a raison de mettre un point d’arrêt, de rappeler son ambassadeur. J’espère que demain, elle dénoncera les accords de 1994 et de 1968 ». Ces deux accords, respectivement liés à la coopération judiciaire et à la circulation des personnes, sont considérés comme les piliers de la coopération postcoloniale entre l’Algérie et la France. Leur dénonciation représenterait un tournant historique aux conséquences lourdes, notamment pour les Algériens résidant en France ou souhaitant s’y installer.

Darmanin n’écarte pas la possibilité d’un retour au dialogue, mais à une condition claire : « Et puis, le jour où on regardera l’avenir, où l’on arrêtera de regarder le passé, où l’on sera respecté comme État, il faudra évidemment reparler au grand pays qu’est l’Algérie ». Cette phrase, à la fois critique et ouverte, trace une ligne de conduite dure mais non définitive, où le respect mutuel et l’abandon des rancunes sont posés comme conditions préalables à toute réconciliation durable.

Dans ce climat déjà électrique, les propos du ministre de la Justice risquent fort d’alimenter une nouvelle série de réactions du côté algérien. Alors que le dialogue semblait timidement reprendre, notamment après l’échange téléphonique entre les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron le 31 mars dernier, cette sortie médiatique remet en question la stabilité de cette reprise. À l’heure actuelle, aucun commentaire officiel n’a encore été formulé par Alger, mais les propos de Gérald Darmanin résonnent comme une provocation dans une relation bilatérale que l’histoire continue d’alimenter avec force.

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