Aéroport de Paris Roissy : l’Algérie offre un « cadeau empoisonné » à la France

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L’aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle a une nouvelle fois été le théâtre d’un épisode révélateur des tensions persistantes entre la France et l’Algérie en matière de gestion des expulsions. Ce jeudi 6 mars, deux ressortissants algériens expulsés du territoire français ont vu leur tentative de retour en Algérie échouer, les autorités d’Alger refusant catégoriquement de les accepter. Une situation qui s’inscrit dans une dynamique déjà observée à plusieurs reprises ces dernières semaines.

Les deux hommes, identifiés sous les noms de Abdelkadir B. et Nas Eddine K., étaient « munis de passeports algériens en règle », selon Cnews. Pourtant, à leur descente d’avion sur le sol algérien, ils se sont heurtés à un refus d’admission pour « absence de laissez-passer consulaire », document pourtant non requis en théorie pour les détenteurs de passeports en cours de validité. « C’est un cadeau empoisonné offert par l’Algérie à Retailleau. », ont ironisé des internautes algériens sur Twitter.

Le cas de ces expulsions avortées n’est pas isolé. La veille, un autre Algérien refoulé par la France avait été empêché d’entrer en Algérie, avant d’être immédiatement renvoyé vers un centre de rétention en France. Ces refus répétés illustrent la complexité des relations diplomatiques entre les deux pays et mettent en lumière la difficulté pour Paris de faire appliquer ses décisions d’éloignement. L’expulsion d’étrangers en situation irrégulière ou considérés comme une menace pour l’ordre public est une priorité affichée du gouvernement français, mais l’exécution de cette politique se heurte régulièrement à des obstacles lorsque les pays d’origine refusent de coopérer.

Dans ce contexte, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a récemment déclaré qu’une liste recensant « plusieurs centaines » de ressortissants algériens considérés comme dangereux était en cours de finalisation pour être soumise aux autorités algériennes. Cependant, la réaction d’Alger à cette annonce reste floue, et les récents incidents à l’aéroport de Paris Roissy ne présagent rien de bon quant à une éventuelle coopération facilitée dans ce domaine entre la France et l’Algérie.

France, renvoi vers l’aéroport de Paris Roissy : l’Algérie punit Bruno Retailleau

Il est à signaler que, la crise diplomatique entre la France et l’Algérie a pris une tournure toujours plus inquiétante, et cette fois-ci, elle s’étend jusqu’aux pilotes d’Air Algérie. Alors que le président Emmanuel Macron tente d’apaiser les tensions et de préserver les accords historiques entre les deux pays, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, joue la carte de l’escalade en ciblant désormais la compagnie aérienne nationale algérienne. Cette divergence au sein du gouvernement français révèle une cacophonie alarmante qui fragilise la posture diplomatique de Paris et accentue les crispations.

Bruno Retailleau, dans une déclaration musclée sur BFM TV-RMC, a affirmé que la France allait soumettre à l’Algérie une liste de plusieurs centaines de personnes au profil « dangereux », exigeant leur expulsion. Si Alger refuse, il menace d’une « riposte graduée », allant jusqu’à évoquer des contrôles plus stricts sur les commandants de bord d’Air Algérie. Selon lui, la compagnie nationale algérienne imposerait des exigences administratives qui entraveraient l’exécution des décisions françaises en matière d’expulsion. Cette attaque frontale vise à exercer une pression supplémentaire sur Alger, mais elle risque surtout de creuser un fossé encore plus profond entre les deux capitales.

Le ministre de l’Intérieur s’appuie sur un récent fait divers tragique survenu à Mulhouse pour justifier sa fermeté. Un ressortissant algérien souffrant de troubles psychiatriques, impliqué dans un acte de violence mortel, a été qualifié de « terroriste » par la justice française. Retailleau s’en sert comme argument pour exiger que l’Algérie reprenne systématiquement ses ressortissants sous OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français), martelant que Paris ne tolérera plus de refus. Cette rhétorique, mêlant immigration et insécurité, reprend les codes de l’extrême droite, ce qui n’a pas manqué de provoquer des remous au sein même de la classe politique française.

L’instrumentalisation de cette affaire par Retailleau ne laisse personne indifférent. En France, plusieurs figures politiques dénoncent sa posture belliqueuse et populiste. Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, critique un ministre qui « préfère la communication au pragmatisme », soulignant qu’une gestion responsable des relations franco-algériennes exige diplomatie et concertation. Même au sein du gouvernement, des voix discordantes émergent. Marc Ferracci, ministre de l’Industrie, prône un dialogue constructif avec Alger et rappelle que des millions de Franco-Algériens vivent difficilement cette escalade des tensions. Il met en garde contre une approche trop brutale qui pourrait détériorer durablement le climat social en France.

Dans ce contexte explosif, le président Macron tente tant bien que mal de désamorcer la crise. Vendredi dernier, il a fermement rejeté l’idée de dénoncer les accords de 1968 qui confèrent aux Algériens un statut migratoire spécifique en France. Un désaveu cinglant pour Retailleau, qui, loin de se ranger derrière la ligne présidentielle, poursuit sa surenchère verbale. Cette dissonance gouvernementale fragilise la crédibilité de la France et donne à l’Algérie un argument de poids pour justifier sa méfiance face aux injonctions françaises.

La pression exercée sur Air Algérie illustre un nouvel épisode de cette confrontation. En ciblant les commandants de bord, Retailleau envoie un signal inquiétant : tout est désormais prétexte à bras de fer. Si cette politique devait se traduire par des restrictions ou des mesures discriminatoires contre la compagnie aérienne, les répercussions pourraient être lourdes, tant sur le plan commercial que diplomatique. L’Algérie pourrait à son tour adopter des mesures de rétorsion, comme la limitation des autorisations de vol pour les compagnies françaises desservant son territoire.

La crise actuelle démontre une fracture profonde au sommet de l’État français sur la gestion des relations avec Alger. Entre une approche conciliatrice et une posture de confrontation, la France navigue à vue, risquant de compromettre des décennies de coopération et d’échanges stratégiques. Dans cette cacophonie, une chose est certaine : le dossier migratoire est devenu une arme politique, et Air Algérie en est désormais une cible collatérale.

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