Aéroport de Paris Roissy : un haut responsable algérien jure de ne « plus y poser les pieds »

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À la faveur d’une séquence télévisée diffusée sur une chaîne privée algérienne, en soirée du vendredi 11 avril, Abdelaziz Ziari, ancien président de l’Assemblée populaire nationale, a lâché une bombe politique qui n’est pas passée inaperçue. Sans détour ni détour diplomatique, il a annoncé qu’il n’utiliserait plus jamais son passeport diplomatique pour se rendre en France. Le décor de cette déclaration fracassante de l’ancien haut responsable algérien est planté : l’aéroport de Paris Roissy Charles de Gaulle, point d’entrée principal des Algériens vers l’Hexagone, et théâtre de tensions répétées entre les deux rives de la Méditerranée. Roissy, plus vaste et plus fréquenté que l’aéroport d’Orly, concentre à lui seul une bonne partie des incidents et des incompréhensions qui ont jalonné ces derniers mois les relations entre la France et l’Algérie, notamment autour de la question des passeports diplomatiques.

« J’ai juré de ne plus poser mes pieds en France avec mon passeport diplomatique pour éviter qu’on m’inflige des galères », a lancé Ziari, d’un ton empreint de lassitude mais aussi de détermination. Cette phrase, appuyée par son statut d’ancien haut responsable, résonne comme une protestation ouverte contre un traitement qu’il juge indigne. Elle s’inscrit dans un contexte tendu, aggravé par des instructions données ces derniers mois par le ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau. Ce dernier, dans une décision ayant fortement déplu à Alger, a ordonné le blocage systématique ou le contrôle renforcé des détenteurs de passeports diplomatiques algériens à leur arrivée en France. Une consigne qui a suscité l’indignation du côté algérien, d’autant plus qu’elle a conduit à des incidents très médiatisés, comme celui impliquant l’épouse d’un responsable algérien, en l’occurrence l’ambassadeur d’Algérie au Mali, elle-même retenue et interrogée à son arrivée à Roissy.

Ziari, ancien haut responsable algérien, qui est loin d’être isolé dans sa réaction, semble porter une voix plus large, celle de nombreux diplomates ou anciens officiels algériens qui se sentent humiliés par un accueil de plus en plus rigide à Roissy. L’ancien président de l’APN va même plus loin dans son propos : « Celui qui veut me voir n’a qu’à venir me voir en Algérie, et s’ils n’ont pas les moyens, on va leur payer le billet », a-t-il affirmé, non sans une pointe d’ironie. Dans cette formule tranchante, il rejette non seulement le déplacement vers la France, mais propose même d’inverser la logique habituelle des relations bilatérales, en invitant les interlocuteurs français à se rendre eux-mêmes à Alger.

Sa déclaration révèle une fracture plus profonde, alimentée par une série de malentendus, de décisions unilatérales et de crispations postcoloniales toujours vivaces. Ziari n’est pas dans la posture symbolique ou l’effet d’annonce. Il propose une ligne de conduite claire : si un jour l’urgence familiale le pousse à se rendre en France, ce sera avec un passeport ordinaire, dans le cadre d’un visa classique. « Au cas où j’aurai une urgence familiale, je vais demander un visa pour une visite familiale avec mon passeport ordinaire et puis c’est tout », a-t-il précisé. Une phrase simple, mais qui clôt un chapitre et en ouvre un autre, où les privilèges liés aux fonctions passées sont relégués au second plan au profit d’une démarche administrative jugée plus sereine.

Les propos de Ziari ne sont pas anodins. Ils arrivent dans un climat où chaque accroc entre la France et l’Algérie devient un sujet d’analyse diplomatique. L’aéroport de Roissy devient ainsi, malgré lui, le symbole d’un rapport déséquilibré, où même les détenteurs de documents officiels censés faciliter le passage sont contraints de subir des contrôles tatillons ou des suspicions latentes. Ce qui fut autrefois un couloir privilégié semble aujourd’hui être devenu un chemin semé d’embûches. L’affaire de la femme de l’ambassadeur n’a fait qu’enfoncer le clou, cristallisant autour de Roissy une série de tensions qui en disent long sur l’état des relations entre Paris et Alger.

En adoptant une posture aussi radicale, Abdelaziz Ziari ne remet pas seulement en cause un dispositif logistique ou administratif. Il interroge aussi la nature même des relations diplomatiques et la manière dont les symboles du respect entre États sont aujourd’hui interprétés de part et d’autre de la Méditerranée. Son choix de renoncer à son passeport diplomatique pour la France peut être vu comme un geste personnel, mais il n’en reste pas moins lourd de significations politiques, dans un moment où les actes comptent parfois bien plus que les déclarations officielles.

Cette prise de position risque de faire des émules, tant elle cristallise un malaise longtemps contenu. Roissy, carrefour incontournable des déplacements entre l’Algérie et la France, devient à travers ce geste un terrain où se joue une forme de souveraineté silencieuse. Si d’autres figures publiques suivaient la même voie, c’est peut-être un nouveau chapitre des relations algéro-françaises qui serait en train de s’écrire, non pas dans les salles feutrées des ambassades, mais dans les files d’attente des postes frontières.

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