Un nombre important de voyageurs algériens s’est vu refuser l’entrée en France à l’aéroport de Paris Roissy Charles de Gaulle ces dernières heures.
Selon les informations obtenues par DNAlgérie, il s’agirait principalement de personnes détentrices de passeports diplomatiques. Ces passagers algériens ont été priés de rebrousser chemin et de retourner en Algérie, à bord de vols opérés depuis l’aéroport de Paris Roissy.
Il est à rappeler que, la récente annonce du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, concernant des restrictions d’entrée en France pour certains dignitaires algériens au niveau des des aéroports français, y compris à l’aéroport de Paris Roissy, a suscité une vive réaction du gouvernement algérien. Cette décision, prise sans consultation préalable avec Alger, a été perçue comme une nouvelle provocation dans un climat déjà marqué par de nombreuses tensions entre les deux pays.
Une annonce unilatérale qui suscite l’étonnement d’Alger
Le ministère algérien des Affaires étrangères a immédiatement réagi à cette annonce en exprimant sa « surprise et son étonnement » face à une mesure dont il n’a pas été informé. Selon un communiqué officiel, le gouvernement algérien rappelle que l’accord algéro-français prévoit une exemption de visa pour les détenteurs de passeports diplomatiques et de service. Toute restriction imposée à ces bénéficiaires sans concertation préalable constituerait ainsi une violation des engagements bilatéraux.
Le communiqué précise également que les autorités algériennes n’avaient connaissance que de deux cas isolés de refus d’entrée sur le territoire français, l’un ayant été reconnu comme une erreur administrative par la France, tandis que l’autre fait toujours l’objet d’une demande d’explication. Pourtant, l’annonce du ministre Barro laisse entendre qu’il s’agit d’une mesure plus large, ce qui alimente les soupçons d’Alger sur une volonté délibérée de tension.
Des relations envenimées par une série de contentieux
Cette décision intervient dans un contexte où les relations entre Alger et Paris se sont considérablement dégradées ces derniers mois. Plusieurs dossiers épineux restent en suspens, notamment la question des archives coloniales, la restitution des biens confisqués et la reconnaissance des crimes coloniaux par la France. L’Algérie exige également des réparations pour les essais nucléaires menés par la France dans le Sahara algérien.
L’un des points de rupture majeurs a été la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental à l’été 2024, une décision perçue par Alger comme une trahison de ses intérêts stratégiques dans la région. En réponse, l’Algérie a rappelé son ambassadeur à Paris et le président Abdelmadjid Tebboune a annulé une visite officielle prévue en septembre 2024.
Une escalade verbale et des menaces de réciprocité
Face à ce qu’elle considère comme des « provocations » et « intimidations », l’Algérie a averti qu’elle ne resterait pas passive et qu’elle appliquerait des « mesures réciproques strictes et immédiates » en cas d’atteinte à ses intérêts. La tension ne cesse donc de monter, alimentée par des déclarations hostiles de part et d’autre.
La récente affaire de l’emprisonnement de l’écrivain algéro-français Boualem Sansal et l’expulsion de migrants en situation irrégulière, dont l’influenceur algérien Doualemn, ont encore exacerbé la situation. Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a même évoqué la possibilité d’un « rapport de force », une déclaration perçue comme une menace directe par Alger.
Une crise qui pourrait devenir irréversible
Dans ce climat tendu, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a dénoncé « des déclarations hostiles quotidiennes de responsables français » et a jugé que le dialogue avec le président Emmanuel Macron était devenu « une perte de temps ». Il a mis en garde contre un risque de « séparation irréparable » entre les deux pays.
« Nous avions beaucoup d’espoirs de dépasser le contentieux mémoriel, mais plus rien n’avance si ce n’est les relations commerciales. Le dialogue politique est quasiment interrompu », a regretté le chef de l’État algérien.
Alors que la France maintient sa position sur les restrictions d’accès à son territoire pour certains dignitaires algériens, l’Algérie pourrait bien riposter par des mesures similaires à l’égard de représentants français. Cette spirale de tensions risque d’aboutir à un point de non-retour si aucune volonté d’apaisement n’est manifestée de part et d’autre.
Lire également :
Ramadan 2025 : l’aéroport de Roissy réserve une belle surprise aux Algériens
L’accord franco-algérien révoqué par la France ? Le verdict est tombé
Ramadan 2025, Iftar, Imsak : voici les horaires en France