L’affaire de l’influenceur algérien Doualemn continue de susciter des interrogations et des débats intenses, tant sur le plan judiciaire que diplomatique. L’arrestation de l’Algérien à Montpellier, suivie de son transfert en jet privé vers Paris pour sa mise en détention à proximité de l’aéroport de Roissy, a déclenché de nombreuses réactions, notamment de la part de son avocat, Jean-Baptiste Mousset, qui dénonce une disproportion manifeste des moyens employés.
Arrêté le jeudi 20 mars au domicile de sa fille à Montpellier, l’influenceur algérien a été conduit au centre de rétention administrative de Mesnil-Amelot, en Seine-et-Marne, où il attend son expulsion, depuis l’aéroport de Paris Roissy. Cette interpellation s’inscrit dans un contexte tendu entre la France et l’Algérie, exacerbée par une précédente expulsion de l’influenceur en janvier dernier, suivie de son retour en France par Alger, une décision qui avait irrité les autorités françaises.
Condamné en mars à cinq mois de prison avec sursis pour « provocation non suivie d’effet », Doualemn fait l’objet d’un nouvel arrêté d’expulsion, et son avocat craint une procédure accélérée. Jean-Baptiste Mousset a livré à France 3 Occitanie son analyse de la situation, exprimant sa surprise face aux moyens mis en œuvre pour interpeller son client.
Selon lui, l’intervention policière fut excessive. « Dix effectifs de police se sont présentés à son domicile, ainsi qu’à ceux de sa compagne et de son ex-compagne. Nous nous attendions à une décision d’expulsion après la décision de la COMEX de l’Hérault, mais cette intervention musclée, à 6h du matin, est totalement disproportionnée. Mon client a toujours répondu aux convocations judiciaires et administratives. Il a été condamné à une peine de sursis, ce qui ne justifie en rien un tel déploiement de force. »
L’aspect le plus surprenant de cette arrestation demeure cependant son transfert vers la région parisienne. « Nous avons appris dans l’après-midi qu’il avait été transporté non pas par un vol commercial, ni par train ou par fourgon, mais par un jet privé spécialement affrété pour lui, accompagné de trois fonctionnaires de police », a déclaré Me Mousset. « Ce n’est plus seulement disproportionné, c’est une exagération stupéfiante. »
Désormais placé en rétention administrative en région parisienne à proximité de l’aéroport de Paris Roissy, Doualemn pourrait être expulsé rapidement vers l’Algérie. Son avocat redoute une précipitation visant à empêcher toute contestation légale. « Nous constatons une accélération du processus administratif, ce qui nous inquiète. L’administration semble vouloir entraver les voies de recours de mon client. Notre principale crainte est qu’il soit placé sur le premier vol commercial pour l’Algérie, sans que nous ayons le temps d’exercer les recours légaux auxquels il a droit. »
L’Algérie acceptera-t-elle son retour ? La question reste ouverte. « Je vois mal comment Alger reviendrait sur sa position », estime Jean-Baptiste Mousset. « Tout cela relève de la diplomatie, mais notre client ne doit pas être une victime collatérale d’un bras de fer entre la France et l’Algérie. Ce dossier semble s’être transformé en un affrontement direct entre le ministre de l’Intérieur français et le président algérien. Nous ne voulons pas que notre client paie le prix de cette guerre politique. »
L’avenir de Doualemn demeure incertain. Entre décisions administratives et pressions diplomatiques, son sort dépendra autant des procédures juridiques que des relations tendues entre Paris et Alger. Son entourage espère que la justice prendra en compte les irrégularités dénoncées par sa défense et que son expulsion ne sera pas précipitée sans possibilité de contestation. En attendant, l’affaire ne cesse de prendre une ampleur médiatique et politique qui dépasse largement le cadre d’un simple dossier d’expulsion.
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