Algériens de France, actualités – L’expérience d’un voyageur algérien à l’aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle devrait faire parler d’elle, mais cette fois-ci, ce n’était pas pour dénoncer des abus ou des humiliations. Contre toute attente, cet homme, résidant en France, a témoigné d’un traitement qu’il a lui-même qualifié d’« inimaginable », en comparaison avec les précédents incidents ayant provoqué la colère de la diaspora algérienne. Son témoignage a surpris plus d’un, surtout après les polémiques de janvier dernier, où plusieurs de ses compatriotes avaient affirmé avoir été maltraités dans les aéroports français.
Cet Algérien, qui a pris un vol depuis Alger à destination de Paris le 12 février, redoutait son arrivée à Roissy, nourri par les récits récents de contrôles musclés et de comportements jugés vexatoires. Pourtant, rien de tel ne s’est produit. Il a confié à DNAlgérie avoir été agréablement surpris par la fluidité des contrôles et l’attitude courtoise des agents de la Police aux Frontières (PAF). « La PAF de l’aéroport de Roissy était très gentille avec les Algériens. La procédure était très fluide, tout en respectant les personnes prioritaires. » Contrairement à ce qu’il imaginait, il n’a subi aucun interrogatoire insistant ni fouille approfondie.
Au moment de quitter l’aéroport de Roissy, la seule question posée par les douaniers français aux Algériens concernait la quantité de cartouches de cigarettes qu’il transportait. « Lorsque je me dirigeais vers la sortie, la seule question posée par les douaniers français à moi et à certains jeunes qui étaient sur le même vol que moi était : combien de cartouches de cigarettes avez-vous ramené ? C’était pour confirmer qu’on n’avait pas dépassé chacun la limite réglementaire de 1 cartouche. » Conscient des restrictions imposées, il a répondu avec honnêteté et a même proposé d’ouvrir sa valise pour prouver qu’il respectait la réglementation. « Je leur ai dit qu’ils pouvaient ouvrir ma valise pour confirmer que je disais vrai, ils m’ont laissé sortir sans l’ouvrir. »
Ce témoignage tranche radicalement avec les récits alarmants des semaines précédentes, où plusieurs voyageurs avaient évoqué des contrôles abusifs et un climat de suspicion pesant sur les passagers algériens. Ce changement soudain d’attitude des autorités françaises intervient seulement quelques semaines après une intervention diplomatique de l’Algérie.
Le 28 janvier dernier, le ministère algérien des Affaires étrangères avait convoqué l’ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet, pour protester officiellement contre ce qu’il a qualifié de « traitements provocateurs, dégradants et discriminatoires » infligés aux ressortissants algériens dans les aéroports français. Un communiqué officiel publié par le ministère faisait état d’une « profonde préoccupation » face à ces pratiques et dénonçait une atteinte à la dignité des voyageurs algériens.
« Suite à la confirmation de la véracité de ces informations, le secrétaire d’État en charge de la communauté nationale à l’étranger, Sofiane Chaib, a convoqué l’ambassadeur français pour lui signifier la ferme protestation du gouvernement algérien face à de tels agissements totalement inadmissibles », indiquait le communiqué.
Cette intervention semble avoir eu un impact direct sur les conditions d’accueil des Algériens en France. Alger avait exigé des mesures immédiates pour mettre fin à ces pratiques et refusait toute forme d’instrumentalisation des voyageurs algériens à des fins politiques ou diplomatiques. Face à cette pression, les autorités françaises ont assuré que les contrôles en aéroport se faisaient dans le strict respect des procédures, sans discrimination ciblée.
Ce revirement s’inscrit dans un contexte où les relations entre Alger et Paris sont marquées par des tensions récurrentes. L’octroi de visas aux Algériens demeure un point de friction majeur entre les deux pays. Ces dernières années, la France a durci ses conditions d’accès à son territoire en réduisant le nombre de visas accordés, ce qui a suscité de vives critiques du côté algérien. Même si certaines mesures ont été allégées, de nombreux voyageurs estiment toujours être victimes de discriminations par rapport aux ressortissants d’autres nationalités.
L’affaire récente de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, arrêté en Algérie en novembre 2024, a également alimenté ces tensions. Paris a dénoncé une atteinte à la liberté d’expression, tandis qu’Alger a perçu ces critiques comme une ingérence dans ses affaires internes.
Dans ce climat tendu, le témoignage de cet Algérien ayant vécu une expérience positive à Roissy prend une signification particulière. Il montre que la pression diplomatique peut avoir un effet concret et que les voix des voyageurs algériens, relayées par les médias et les institutions officielles, ne sont pas ignorées. Toutefois, cette amélioration du traitement réservé aux passagers algériens sera-t-elle durable, ou s’agit-il simplement d’un ajustement temporaire en réponse à la récente polémique ? Seul le temps le dira.
En attendant, ce voyageur, qui s’attendait à être accueilli avec méfiance, a finalement traversé les contrôles sans encombre. Une expérience qui contraste avec les témoignages alarmants du mois précédent et qui, espérons-le, pourrait marquer le début d’un changement positif dans l’accueil des Algériens en France à Roissy et à Orly et dans tous les aéroports de France.
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