Affaire des 124 milliards et 1 million d’euros : tous les détails dévoilés

euro dinar dinars algérien marché noir investissement Algérie GAFI banque algérienne France allocation touristique 750 euros diaspora retraite Algérie Business Algérie

Suite au démantèlement du réseau dans une opération digne des plus grands films d’action hollywoodiens, Echourouk révèle les dessous d’une affaire financière qui secoue l’Algérie : les secrets de la saisie spectaculaire de 124 milliards de centimes et de plus d’un million d’euros. Derrière cette affaire se cache un système de corruption, de blanchiment et de transferts illicites de fonds d’une ampleur rarement observée dans le pays. Selon les premières conclusions de l’enquête, cette organisation tentaculaire, composée de fonctionnaires et d’opérateurs économiques, fonctionnait avec une précision quasi militaire. Sous couvert d’activités d’importation, elle a tenté de détourner des milliards du circuit légal, mais la justice a fini par lui couper la route.

L’affaire a mis au jour un réseau criminel structuré, réunissant quatre fonctionnaires publics et cinq opérateurs économiques. Deux de ses membres sont toujours en fuite, tandis que la police a saisi 124 milliards de centimes et plus d’un million d’euros. L’opération, amorcée à Mostaganem, s’est achevée au pôle économique et financier du tribunal, après plusieurs jours d’investigations intenses. Mais tout a commencé par un fait divers qui, au départ, paraissait anodin : une tentative de cambriolage dans une petite commune de Relizane.

C’est dans la soirée, à Djidiouia, qu’un homme tente de s’introduire dans une maison apparemment ordinaire. Ce qu’il ignorait, c’est que cette habitation était dotée d’un système d’alarme unique en son genre, capable de libérer un gaz toxique au moindre mouvement suspect. À peine le dispositif déclenché, le cambrioleur s’effondre et meurt sur place. Ce qui semblait être une simple tentative de vol se transforme alors en point de départ d’une enquête nationale. Le propriétaire du logement, identifié comme un officier de sécurité, panique. Selon les premiers éléments de l’enquête, il cherche immédiatement à dissimuler des éléments compromettants. Il appelle un ami et lui demande de venir récupérer le contenu « sensible » de la maison pour le transférer dans un appartement à Oran.

Une camionnette est alors dépêchée pour effectuer ce qu’il présente comme un banal déménagement. L’officier, au volant de sa Toyota Yaris, précède le véhicule pour lui ouvrir la voie. Tout semble se dérouler normalement jusqu’à ce qu’ils atteignent un poste de gendarmerie. Là, le propriétaire change soudainement d’itinéraire et ordonne au chauffeur de se diriger vers Mostaganem. Ce dernier, surpris et pris de soupçons, pense qu’il transporte peut-être de la drogue. Pris de peur, il tente de s’enfuir, provoquant une course-poursuite spectaculaire entre les véhicules, comme dans un film hollywoodien. L’incident se termine par un grave accident de la Yaris, dont le conducteur parvient à prendre la fuite avant l’arrivée des forces de l’ordre.

Le chauffeur, secoué par la scène, décide de tout raconter à la police. Lors de la fouille du camion, les agents découvrent une somme vertigineuse : 124 milliards de centimes soigneusement empilés dans des sacs, valises et cartons. En perquisitionnant ensuite la maison du suspect, ils découvrent un autre butin : plus d’un million d’euros en liquide. La maison, selon les registres, n’appartient même pas à l’officier, mais à un simple serveur de café, utilisé comme prête-nom, preuve d’un système sophistiqué de dissimulation et de blanchiment d’argent.

L’enquête dévoile peu à peu les ramifications d’un réseau où la corruption et les trafics se mêlent à l’économie formelle. Le frère de l’officier, employé au port de Mostaganem, apparaît impliqué, tout comme plusieurs agents des douanes déjà incarcérés dans d’autres affaires similaires. Ce maillage illustre un système bien rodé, capable de détourner des milliards de dinars à travers des circuits d’importation frauduleux.

Les investigations révèlent que le réseau opérait dans le commerce de véhicules, à hauteur d’environ 200 voitures importées par semaine. Les montants déclarés aux services douaniers étaient systématiquement minorés, permettant de réduire les taxes et de générer d’immenses profits illégaux. Cette affaire s’inscrit dans la série d’enquêtes menées par le pôle économique et financier sur les manipulations de factures, les fausses déclarations douanières et les opérations fictives d’importation.

Fin août, la Cour d’Alger avait déjà officialisé le démantèlement d’un réseau similaire, avec la saisie de 124 milliards de centimes et de plus d’un million d’euros. Le juge d’instruction du pôle national économique avait alors placé neuf personnes en détention provisoire, tandis que deux autres restaient introuvables. Le parquet précisait que la bande comprenait quatre fonctionnaires et cinq opérateurs privés, agissant de concert dans un schéma structuré de corruption et de blanchiment.

Les saisies totales s’élèvent à 1,239 milliard de dinars, soit près de 124 milliards de centimes, accompagnés de 1 084 775 euros, 94 400 dollars américains, 4 300 riyals saoudiens, 500 dirhams émiratis, 200 francs suisses et quatorze véhicules de tourisme. Les suspects sont poursuivis pour blanchiment d’argent en bande organisée, abus de fonction, octroi d’avantages indus et corruption active. Tous ont été placés en détention après leur première comparution, tandis que la traque des deux fugitifs continue. Cette affaire des 124 milliards restera sans doute comme l’un des épisodes judiciaires les plus marquants de l’année, symbole d’une lutte acharnée contre les réseaux qui détournent les richesses du pays.