Affaire du phoque retrouvé en Algérie : ce que l’on sait

phoque Algérie

Un événement pour le moins inhabituel a récemment suscité la curiosité des habitants de la commune de Kheneg Mayoun, dans la wilaya de Skikda, en Algérie, où un phoque a été observé à plusieurs reprises sur la plage de Khraïef. Cette présence inattendue a immédiatement alerté les autorités locales ainsi que les spécialistes de la faune marine. Selon les informations transmises hier par les services de la Protection civile, ainsi qu’un vétérinaire intervenu sur place, le signalement de ce phoque en Algérie a été jugé exceptionnel, tant par sa nature que par sa rareté dans cette région.

Les premiers éléments recueillis indiquent que c’est grâce à l’intervention rapide des éléments de l’unité secondaire de la Protection civile d’Ouled Attia qu’une opération de reconnaissance a pu être lancée. L’alerte a été donnée par des pêcheurs locaux qui ont observé l’animal à plusieurs reprises sur le rivage. Ces derniers ont signalé la présence du phoque, déclenchant ainsi la réaction des autorités. Le vétérinaire Mohamed Zaouali, installé à Kheneg Mayoun, s’est rendu sur les lieux pour procéder à une première évaluation de l’état de santé du mammifère marin. D’après ses observations, il s’agit d’une femelle phoque apparemment en bonne santé, qui alterne entre des incursions en mer et des retours sur le sable.

La présence de ce phoque sur une plage d’Algérie intrigue les spécialistes pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les conditions naturelles de cette zone du littoral algérien sont très éloignées de l’habitat naturel de ce type de mammifère. Les phoques, surtout ceux appartenant à la famille des phocidés, vivent normalement dans les eaux froides, notamment en Arctique ou dans les océans du nord. En Algérie, ce type de climat marin n’existe pas, ce qui rend d’autant plus inhabituelle la présence répétée d’un phoque dans cette région. Ainsi, la combinaison des termes phoque, Algérie et plage dans une même phrase semble presque relever de l’improbable, et pourtant, cette réalité s’impose désormais comme un fait confirmé.

Pour approfondir l’analyse, une équipe de chercheurs dirigée par Souad Lemouti, du Centre national de recherche et de développement de la pêche et de l’aquaculture de Bou Ismaïl (Tipasa), s’est déplacée spécialement sur la plage de Khraïef. L’objectif de cette mission scientifique était d’observer ce phoque en Algérie afin d’identifier son origine géographique, de comprendre son comportement et, si possible, de recueillir des échantillons pour une analyse d’acide nucléique. Souad Lemouti a précisé que l’équipe resterait mobilisée sur le terrain aussi longtemps que nécessaire afin de documenter la situation et espérer une nouvelle apparition de l’animal. Elle insiste sur le fait qu’un tel cas est considéré comme très rare et que les données recueillies pourraient être précieuses pour la compréhension des dynamiques migratoires anormales de certaines espèces marines.

Le phoque aperçu en Algérie appartient vraisemblablement à une espèce adaptée aux milieux polaires. Ces mammifères marins, dotés d’un corps hydrodynamique recouvert d’une couche de graisse épaisse, sont capables de résister à des températures extrêmement basses. Leur présence dans une région comme la Méditerranée, et plus précisément en Algérie, soulève donc plusieurs hypothèses, parmi lesquelles celle d’un dérèglement climatique ou d’une erreur de trajectoire lors d’un déplacement naturel. Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives sur la raison exacte de cette incursion dans les eaux chaudes algériennes, mais les chercheurs restent attentifs à tout nouveau signe permettant de mieux cerner l’origine de ce phénomène.

Cette affaire du phoque retrouvé en Algérie met en lumière l’importance de la vigilance locale et de la coopération entre pêcheurs, autorités et scientifiques dans le suivi des événements inhabituels liés à la faune marine. Si les apparitions d’un phoque en Algérie peuvent sembler anecdotiques, elles sont en réalité porteuses de nombreux enseignements sur les modifications environnementales à l’échelle régionale et mondiale. Les investigations se poursuivent et, dans l’attente de données plus précises, ce phoque mystérieux reste, pour les habitants de Kheneg Mayoun et les scientifiques, un sujet de fascination autant que d’interrogation.