L’affaire secoue les relations déjà fragiles entre l’Algérie et la France. Un agent d’un consulat algérien en France a été récemment placé en détention provisoire, poursuivi dans le cadre de l’enquête sur l’enlèvement en avril 2024 de l’influenceur algérien Amir Boukhors, plus connu sous le pseudonyme « Amir DZ ». Deux autres individus ont également été mis en examen, tous suspectés d’enlèvement, de séquestration ou de détention arbitraire, suivie d’une libération avant le septième jour, en lien avec une entreprise terroriste, selon les termes précis utilisés par le parquet national antiterroriste français. Ces accusations graves ont immédiatement provoqué une vive réaction du gouvernement algérien, qui dénonce un acte inacceptable et prévient qu’il ne restera pas sans suite.
Le ministère algérien des Affaires étrangères a qualifié cette détention de l’agent du consulat algérien en France de « développement inadmissible et inqualifiable », accusant les autorités françaises de porter un coup dur aux relations bilatérales. Samedi soir, l’ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet, a été convoqué pour recevoir une protestation formelle. Dans son communiqué, Alger a souligné sa volonté de ne pas laisser passer cette affaire sans conséquences, estimant qu’elle porte atteinte à la souveraineté de ses représentations diplomatiques. Une telle posture traduit la tension croissante entre les deux pays autour de cette affaire politico-judiciaire.
En face, Paris joue la carte de l’institution judiciaire indépendante. Une source diplomatique française, interrogée par l’AFP, a déclaré que l’autorité judiciaire française « agit en toute indépendance » et que le gouvernement ne peut ni commenter ni interférer dans une procédure en cours. Cette réponse s’inscrit dans le strict respect du cadre républicain, où l’exécutif ne peut influer sur les décisions du pouvoir judiciaire. Le Quai d’Orsay, sans entrer dans les détails, a tout de même rappelé son attachement au droit international, évoquant la convention de Vienne sur les relations consulaires, sans pour autant s’exprimer sur les éventuelles immunités ou privilèges applicables au suspect en question.
L’affaire Amir DZ, qui se présente comme un opposant farouche au régime algérien, n’est pas anodine dans le climat politique entre les deux rives de la Méditerranée. Réfugié en France et connu pour ses publications virulentes contre certains hauts responsables algériens, Amir Boukhors s’était déjà retrouvé au cœur de controverses. Son enlèvement sur le sol français a provoqué une onde de choc, et l’arrestation d’un agent consulaire dans ce contexte ne fait qu’exacerber les tensions diplomatiques. L’incarcération de ce dernier, assimilé à un représentant officiel d’un État étranger, soulève par ailleurs des questions de droit international, notamment sur la portée de son immunité fonctionnelle.
Jusqu’à présent, ni le ministère français de la Justice ni l’Élysée n’ont souhaité s’exprimer publiquement sur cette affaire. La prudence reste de mise dans un dossier aussi sensible, où les considérations judiciaires croisent des enjeux diplomatiques complexes. À Alger, cette arrestation est perçue comme une remise en cause de la souveraineté de ses représentations consulaires, alors que Paris insiste sur le caractère strictement judiciaire de la procédure. L’absence de consensus et le ton ferme utilisé par les deux capitales laissent présager une nouvelle phase de crispation dans les relations algéro-françaises.
Le dossier reste à ce jour entre les mains de la justice antiterroriste française, qui poursuit ses investigations. Les trois individus, dont l’agent consulaire, restent placés en détention provisoire. Pendant ce temps, les chancelleries s’activent en coulisses pour contenir une crise diplomatique qui menace de faire dérailler les efforts de rapprochement amorcés ces derniers mois entre les deux pays. L’enjeu dépasse largement le cadre d’un dossier judiciaire : il touche au cœur des équilibres politiques, diplomatiques et sécuritaires entre l’Algérie et la France.
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