Dans un entretien inédit accordé à la télévision algérienne, Agour Mehenni, fils de Ferhat Mehenni, leader du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK), a choisi de rompre publiquement avec les positions politiques et les déclarations de son père. Ce témoignage rare et courageux suscite une attention particulière, tant pour son caractère inédit que pour le message fort qu’il adresse à la jeunesse kabyle et à l’ensemble des Algériens.
Agour Mehenni a exprimé son profond attachement à l’Algérie et à son histoire. « En Algérie, je me sens réellement dans mon pays… Ma mère m’a beaucoup parlé des sacrifices de mes grands-parents et de leur lutte pendant la guerre de libération », a-t-il déclaré. Ces paroles mettent en lumière son respect pour la mémoire familiale et pour l’histoire nationale, en contraste avec les positions séparatistes de son père.
Le fils de Ferhat Mehenni a également expliqué qu’il ne partage pas les idées de son père et qu’il a longtemps souffert des conséquences de ses décisions. « Je ne suis pas d’accord avec les idées de mon père… J’ai souffert toute ma vie, avec mes frères et sœurs, à cause de ses décisions et de ses positions », confie-t-il. Selon lui, Ferhat Mehenni l’a totalement tenu à l’écart depuis son enfance, sans jamais consulter ni associer ses enfants aux choix ou aux déclarations qu’il prenait. « Mon père m’a totalement éloigné depuis mon enfance de ses positions et décisions, sans nous consulter ou nous impliquer », insiste Agour.
Aujourd’hui, Agour Mehenni affirme vouloir affirmer sa propre voie et son indépendance face aux idées de son père. « Il est temps pour moi aujourd’hui d’affirmer mon indépendance vis-à-vis des idées de mon père, d’exprimer mon opinion et de me libérer de ses décisions », déclare-t-il, ajoutant que son objectif est de « laver mon honneur et celui de ma famille des décisions et déclarations de mon père, et de défendre l’unité nationale de l’Algérie ».
Agour Mehenni se montre également très clair sur son rejet de tout mouvement visant à diviser le pays. « Je me suis tenu à l’écart des mouvements et déclarations de mon père visant à diviser l’Algérie, car cela me fait mal… De temps en temps, certains amis m’informent de ce qui se passe », confie-t-il. Il souligne que cette distance ne signifie pas un désintérêt pour la Kabylie ou son identité, mais qu’il souhaite défendre l’unité nationale et s’opposer à toute tentative de fragmentation.
Le fils du leader séparatiste revient aussi sur son expérience de vie à l’étranger, où il a grandi parmi des Algériens venus de toutes les régions du pays. « Durant ma vie à l’étranger, j’ai grandi avec des Algériens expatriés venant de différentes régions du pays et je n’ai jamais ressenti de différences ni eu besoin de diviser l’Algérie », affirme-t-il. Cette expérience lui a permis de développer une vision inclusive de l’identité algérienne, où la fierté de ses origines kabyles s’allie à l’appartenance à la nation entière.
Père de famille, Agour Mehenni attache également une grande importance à transmettre ces valeurs à ses enfants. « Dans l’éducation de mes enfants à l’étranger, je leur ai appris à être fiers de leur origine kabyle et d’être Algériens également », déclare-t-il, affirmant ainsi que l’identité culturelle ne doit pas entrer en contradiction avec l’attachement à l’unité nationale.
À travers cet entretien, Agour Mehenni envoie un message clair à la fois à son père, à la jeunesse kabyle et à l’opinion publique algérienne : il est possible de respecter et de valoriser son héritage culturel tout en s’opposant aux idées de division. Ses déclarations mettent en lumière la complexité des dynamiques familiales dans le contexte politique algérien et illustrent la volonté d’une nouvelle génération de Kabyles de se positionner en tant qu’Algériens avant tout.