L’Algérie franchit une nouvelle étape dans sa quête d’autosuffisance alimentaire avec l’implication de Sonatrach dans le secteur de l’agriculture. À travers sa filiale agroalimentaire Activités-3A, le géant pétrolier algérien s’engage dans un projet d’envergure visant à développer l’agriculture saharienne et les cultures stratégiques. Cette initiative, qui s’inscrit dans le cadre du Plan national de relance agricole, marque une nouvelle orientation pour l’économie du pays, longtemps dépendante des hydrocarbures.
Le programme agricole de Sonatrach concerne quatre grandes wilayas : Ouargla, Touggourt, Adrar et Saïda, avec un total de 26.000 hectares destinés aux céréales, à l’élevage bovin et à la plantation d’arbres fruitiers. Cette diversification vise non seulement à réduire la dépendance aux importations alimentaires, mais aussi à exploiter le potentiel agricole du Sahara grâce à des techniques modernes d’irrigation et de culture adaptées aux conditions climatiques arides.
Les terres allouées à ce projet sont stratégiquement réparties : 16.000 hectares à Adrar, un des plus grands périmètres agricoles du pays, seront principalement dédiés aux céréales telles que le blé et l’orge, tandis que 4.000 hectares à Touggourt et 3.000 hectares à Ouargla seront également consacrés à la production céréalière et à l’élevage de bétail. À Saïda, 3.000 hectares seront aménagés pour la culture d’arbres fruitiers, notamment des cerisiers, pistachiers et amandiers, ainsi que pour l’élevage bovin avec un objectif ambitieux d’atteindre un cheptel de 20.000 têtes à moyen terme.
Pour assurer la réussite de ce programme, Sonatrach déploie une stratégie rigoureuse impliquant plusieurs acteurs et expertises. La mise en valeur de ces terres passe par l’installation de périmètres agricoles modernes, où chaque activité est soigneusement planifiée : certaines entreprises se chargent du labourage, d’autres des semis et de l’irrigation, garantissant ainsi une exploitation optimale des surfaces cultivables. Dès cette année, les premières récoltes de blé sont attendues, avec des prévisions de rendement oscillant entre 44 et 55 quintaux à l’hectare, un chiffre prometteur pour une première phase de production.
L’agriculture saharienne, bien que confrontée à des défis climatiques, représente un levier clé pour l’Algérie. Grâce aux techniques de goutte-à-goutte, à l’exploitation des nappes phréatiques et à la sélection de semences adaptées aux conditions arides, la production agricole dans ces régions pourrait connaître un essor significatif. Le projet de Sonatrach s’inscrit dans une dynamique plus large visant à faire du Sahara un pôle agricole stratégique, capable de garantir l’approvisionnement en produits de base tout en réduisant les importations.
Outre les cultures céréalières et fruitières, Sonatrach envisage également d’investir dans l’aquaculture. Un premier projet pilote a été lancé dans la région de Gassi-Touil (Ouargla) avec la production de tilapias et de crevettes, une initiative qui pourrait s’étendre à d’autres zones du pays. Cette diversification témoigne de la volonté de l’entreprise d’explorer toutes les opportunités susceptibles de renforcer la sécurité alimentaire nationale.
L’annonce de ces investissements a été faite en marge du Salon international de l’agriculture d’Oran, un événement qui a rassemblé près de 80 exposants nationaux et étrangers. Cette plateforme a permis aux différents acteurs du secteur agricole de partager leur expertise et d’explorer de nouvelles synergies pour accélérer la transformation du secteur.
Dans cette perspective, Sonatrach travaille en étroite collaboration avec le ministère de l’Agriculture, les directions des Services agricoles des wilayas concernées et d’autres acteurs institutionnels pour garantir le succès de ce projet. Par ailleurs, la société prévoit d’étendre ses initiatives à la wilaya d’El-Menia, où d’autres périmètres agricoles seront mis en exploitation une fois les procédures administratives finalisées.
L’entrée de Sonatrach dans l’agriculture constitue une évolution majeure pour l’Algérie. Si l’entreprise est mondialement connue pour son rôle clé dans le secteur pétrolier et gazier, son engagement dans la production agricole souligne une volonté d’adaptation aux défis économiques et climatiques. Ce projet ambitieux pourrait redéfinir la carte agricole du pays et, à long terme, contribuer à réduire la dépendance aux importations en renforçant la souveraineté alimentaire de l’Algérie.
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