Alors que les tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie se ravivent, une question inquiète les voyageurs : les vols entre Alger et Paris assurés par Air Algérie pourraient-ils être restreints ? Des discussions au sein du gouvernement français laissent planer cette incertitude, alimentée par des débats sur les accords migratoires et les mesures de rétorsion éventuelles contre Air Algérie.
La compagne nationale algérienne est en effet dans le viseur de plusieurs responsables politiques, qui envisagent une réduction des liaisons aériennes entre les deux pays. Ce climat tendu fait suite à l’attentat de Mulhouse, ayant relancé les discussions sur l’immigration et les relations bilatérales franco-algériennes.
Le Conseil interministériel de contrôle de l’immigration (CICI), réuni sous l’égide du Premier ministre français, a mis en avant la volonté de revoir certains accords, notamment ceux de 1968, qui régissent le statut des Algériens en France. Parmi les propositions, la restriction des vols d’Air Algérie est citée comme un levier de pression diplomatique.
Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, a publiquement plaidé pour une diminution des vols entre Alger et Paris. Cette idée, partagée par certains membres du gouvernement, vise à mettre la pression sur Alger dans le cadre des discussions sur la gestion des flux migratoires et les expulsions des ressortissants en situation irrégulière. Le membre du parti LR, a suggéré ce mercredi sur TF1 d’imposer « des pénalités sur Air Algérie », voire de « restreindre les vols entre Alger et Paris ».
D’autres voix s’élèvent pour adopter une approche plus diplomatique. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a confirmé que certaines restrictions de visas étaient déjà en place, tout en préconisant une réponse coordonnée au niveau européen. Cette approche vise à sanctionner les pays refusant de reprendre leurs ressortissants expulsés tout en préservant des relations bilatérales stables.
La compagnie Air Algérie est un acteur central de cette crise. Si des restrictions venaient à être imposées, elles impacteraient des milliers de voyageurs reliant quotidiennement les deux capitales. Chaque année, des centaines de milliers de passagers empruntent ces vols pour des raisons professionnelles, familiales ou touristiques. Une réduction du nombre de vols créerait une tension sur les billets d’avion, provoquant une flambée des prix et une perturbation significative des échanges entre les deux pays.
Au-delà de l’aspect purement aérien, cette situation reflète un contexte diplomatique déjà fragile. Plusieurs événements récents ont contribué à la dégradation des relations entre Paris et Alger. Parmi eux, la reconnaissance par la France de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, une décision très mal perçue par Alger. De plus, l’affaire de l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal et le dossier des influenceurs algériens en France ont attisé les tensions.
Face à ces tensions, plusieurs experts mettent en garde contre l’utilisation de la restriction des vols comme outil de pression politique. Dominique de Villepin, ancien ministre des Affaires étrangères, rappelle que la surenchère verbale et les mesures coercitives risquent d’entraîner une escalade inutile. Eric Coquerel, député Insoumis, dénonce quant à lui une « faute historique » et une approche qu’il qualifie de « néo-coloniale ».
Le président Emmanuel Macron reste, pour le moment, en retrait de ce débat, préférant observer l’efficacité des mesures déjà mises en place avant d’intervenir publiquement. Le gouvernement, quant à lui, semble partagé entre une approche pragmatique et une posture plus ferme.
Si des restrictions sur les vols d’Air Algérie venaient à être appliquées, cela marquerait un tournant majeur dans les relations entre la France et l’Algérie. Pour l’heure, rien n’est encore décidé, mais la simple évocation d’une telle mesure suffit à susciter l’inquiétude des voyageurs et des acteurs économiques des deux côtés de la Méditerranée.
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