Dans un climat de tension et de surveillance numérique croissante, une affaire au cœur de la compagnie nationale Air Algérie a connu un dénouement pour le moins inattendu. Mohamed Amine Riyad Andaloussi, ancien cadre de la compagnie Air Algérie et ex-journaliste dans un quotidien francophone, vient d’être acquitté par le Conseil judiciaire d’Alger. Celui qui a occupé les fonctions de directeur de la marque et, auparavant, de porte-parole d’Air Algérie, était poursuivi pour une série d’accusations graves liées à la publication de documents confidentiels sur les réseaux sociaux.
Le procès avait attiré l’attention, tant par la nature des faits reprochés que par la personnalité de l’accusé. Au cœur du dossier, une page Facebook nommée « Aswate Jawia » — traduction de « Voix aériennes » — considérée comme un canal de diffusion d’informations sensibles appartenant à la compagnie nationale. Une expertise menée par les autorités judiciaires a établi un lien entre cette page et un numéro de téléphone identifié comme étant celui de l’accusé, un détail qui fut à l’origine de son inculpation. C’est en effet ce que détaille le média arabophone Ennahar.
L’enquête, fondée sur une série d’analyses numériques et techniques, avait conduit à l’arrestation d’Amine Andaloussi le 1er septembre 2024, directement dans les locaux d’Air Algérie. Les autorités avaient saisi plusieurs de ses équipements électroniques, dont un ordinateur professionnel et des téléphones, dans lesquels ont été retrouvés une capture d’écran de la page incriminée et un CD contenant des publications jugées compromettantes. Ces éléments avaient servi de socle à l’accusation, en plus du fait que le numéro de téléphone en question correspondait à celui de l’ancien cadre depuis 2005.
Pourtant, dès le début de la procédure, Mohamed Amine Andaloussi a catégoriquement rejeté toute implication dans cette affaire. Il a nié avoir créé ou géré la page « Aswate Jawia », affirmant que le numéro mis en cause était bien à son nom mais n’avait jamais été utilisé pour alimenter une quelconque campagne de dénigrement contre Air Algérie. Il a, en revanche, reconnu être à l’origine d’autres pages Facebook à caractère informatif comme « info dz », « santé dz », ou encore « Club d’affaire Algéro-Italien-CAAI », toutes créées dans le cadre de ses activités journalistiques passées.
Concernant deux documents retrouvés dans son téléphone, des attestations de fin de fonction d’anciens cadres d’Air Algérie, Andaloussi a expliqué les avoir conservés en tant que successeur de ces personnes, sans intention malveillante. Il a aussi mentionné avoir créé en 2019 une page officielle baptisée « L’espace médiatique d’Air Algérie », visant à transmettre aux journalistes des informations vérifiées sur les retards de vols et promotions en cours. Il aurait cependant cessé toute activité sur cette page depuis janvier 2024.
Un autre élément important du dossier réside dans les accusations croisées entre l’accusé et un ancien conseiller du PDG d’Air Algérie, Seddik Eddine K. Ce dernier est désigné par Andaloussi comme étant à l’origine de fausses preuves visant à l’incriminer. Il aurait notamment envoyé une image truquée via WhatsApp, censée contenir de faux échanges et un faux article lié à la page « Algérie Maintenant ». Une page qui, selon les dires de l’accusé, était introuvable lorsqu’il a tenté de la consulter. En outre, il accuse cette même personne d’avoir sollicité des hackers pour pirater son compte professionnel, une allégation qui n’a pas été formellement prouvée mais qui a ajouté à la complexité du dossier.
Lors d’une confrontation clé, Farid H., chef de cabinet du PDG, aurait confirmé à Andaloussi que les documents circulant n’étaient pas de sources fiables et lui aurait même exprimé son estime pour sa réputation professionnelle. Cette déclaration, bien que non décisive, aurait contribué à semer le doute sur la véracité des accusations.
Au terme d’une procédure judiciaire dense, les juges du Conseil judiciaire d’Alger ont estimé que les preuves matérielles recueillies ne suffisaient pas à établir la culpabilité de Mohamed Amine Riyad Andaloussi. Ainsi, le verdict de première instance rendu par le tribunal correctionnel de Dar El Beïda, qui le condamnait à deux ans de prison ferme assortis d’une amende de 200 000 dinars, a été annulé. Cette décision, bien que susceptible d’appel par le parquet, marque un tournant dans une affaire emblématique des enjeux de confidentialité, de cybersécurité et de gouvernance au sein des grandes institutions publiques algériennes.
Avec cet acquittement, l’affaire « Andaloussi » entre dans une nouvelle phase, celle de l’après. Si la justice a tranché en faveur de l’ancien cadre, les séquelles de cette procédure, les tensions internes à la compagnie et les interrogations sur les véritables instigateurs de la page « Aswate Jawia » demeurent
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