Alger : les transporteurs se plient enfin à l’interdiction de surcharge

Bus Alger Algérie Aïd al-Adha 2025 à Alger

La situation des transporteurs sur plusieurs lignes de la wilaya d’Alger connaît depuis quelques jours une évolution notable qui semble aller dans le sens d’une meilleure régulation et d’un retour à la légalité. Ce changement s’est particulièrement fait sentir à la suite de l’accident tragique survenu à Oued El Harrach, lorsqu’un bus est tombé d’un pont, provoquant la mort de 18 personnes et blessant de nombreux passagers. Face à ce drame qui a profondément marqué l’opinion publique, plusieurs transporteurs opérant à Alger ont commencé à appliquer des mesures préventives plus strictes, en respectant notamment la capacité de charge légale de leurs véhicules. Certains refusent désormais de transporter plus de voyageurs que le nombre autorisé pour chaque type de bus, invoquant une obligation de se conformer à la réglementation en vigueur et une crainte réelle d’être sanctionnés aux barrages de police qui se sont multipliés dans la capitale. Ces opérations de contrôle sont jugées « positives » par de nombreux citoyens, qui estiment qu’elles doivent être poursuivies pour éviter de nouveaux drames.

Les passagers qui empruntent les bus reliant les différents quartiers de la capitale ou assurant la liaison entre Alger et les wilayas limitrophes ont eux-mêmes constaté un changement dans le comportement des chauffeurs. Une certaine discipline, absente depuis longtemps, semble avoir été rétablie. Cette évolution survient après une vague de critiques visant directement les transporteurs, accusés de ne pas avoir respecté les règles élémentaires de sécurité. En effet, outre l’utilisation de bus vétustes et mal entretenus, certains transporteurs négligeaient la maintenance technique, ne procédaient pas aux contrôles réguliers et surchargeaient leurs véhicules bien au-delà de leur capacité réelle. Cette pratique, motivée par la recherche de gains financiers, s’est aggravée ces dernières années en raison du manque de bus disponible, conséquence directe de la fermeture des importations. Mais en surchargeant leurs véhicules, ces transporteurs mettaient en danger la vie des passagers et augmentaient considérablement les risques de décès en cas d’accident.

Désormais, la réglementation en vigueur, qui fixe un nombre précis de passagers debout autorisés par véhicule, est scrupuleusement appliquée par les transporteurs d’Alger, non pas seulement par volonté mais surtout par crainte. Le risque d’être arrêtés aux barrages de police, de voir leur véhicule immobilisé ou envoyé à la fourrière, ou encore de devoir payer des amendes lourdes, pousse les chauffeurs à se conformer aux règles. L’ombre du drame d’El Harrach plane encore sur les esprits, et la moindre infraction peut avoir de graves conséquences non seulement judiciaires mais aussi sociales pour les transporteurs.

Du côté des citoyens, les réactions sont globalement positives. Beaucoup se disent soulagés de constater que les bus circulant à Alger respectent enfin les capacités de charge. Les transporteurs, contraints par la réglementation, permettent aux passagers de voyager dans de meilleures conditions, sans la surcharge habituelle qui rendait les trajets pénibles et dangereux. Cette nouvelle organisation, qui redonne aux bus un rythme plus normal, est perçue comme un pas important vers un transport urbain plus sûr et plus humain. Toutefois, les usagers espèrent que cette dynamique ne sera pas simplement une réaction provisoire à l’accident d’El Harrach, mais qu’elle s’inscrira dans la durée. Ils demandent que les contrôles soient permanents et que l’application des règles soit quotidienne et systématique.

Dans le même temps, beaucoup soulignent que pour que ces mesures restent efficaces, il faudra impérativement augmenter le nombre de bus en circulation et ouvrir de nouvelles lignes. Sans ce renfort, les passagers risquent à nouveau d’être contraints à des conditions de voyage difficiles, notamment durant les heures de pointe ou à l’approche de la rentrée sociale qui arrive dans quelques semaines. Les transporteurs d’Alger se retrouvent ainsi face à une double responsabilité : continuer à respecter la réglementation imposée par l’État et répondre aux attentes d’une population qui exige plus de sécurité, mais aussi plus de disponibilité dans les services de transport public.