Le 18 février 2025, le tribunal de Chéraga a jugé un homme d’une quarantaine d’années, nommé « A. Ahmed », accusé de fraude et d’usurpation de titre. Cet homme a prétendu être un exorciste musulman (Raqi) capable de guérir les femmes des effets du mauvais œil et de la sorcellerie à Alger. Cependant, ses actions se sont rapidement transformées en une escroquerie sophistiquée qui lui a permis de dérober une somme considérable de bijoux et de trésors personnels d’une valeur de plus de 500 millions de centimes.
L’affaire a débuté, selon Ennahar, lorsqu’un groupe de sept femmes a porté plainte contre « A. Ahmed ». Ces victimes, issues de différentes régions d’Alger telles que Bir Khadem, Draria et El-Harrach, se sont unies pour dénoncer ce qu’elles appellent « une escroquerie déguisée en traitement spirituel ». Elles ont expliqué que l’homme, qu’elles avaient rencontré par l’intermédiaire de connaissances communes, s’était présenté comme un « raqi » (exorciste) capable de soigner les symptômes de sorcellerie, de mauvais œil ou d’autres malaises spirituels.
Les victimes ont toutes accepté de lui confier des objets de valeur, principalement des bijoux en or ou en pierres précieuses, dans le cadre d’une prétendue « pratique de rituels de guérison ». Selon ses dires, la guérison de leurs maux nécessitait de « purifier » ces objets, qui devaient être enveloppés dans un sac noir et laissés de côté pendant un certain temps. En échange, l’exorciste leur assurait que leurs symptômes disparaîtraient après une période d’attente de deux mois, période durant laquelle les objets seraient « chargés » d’énergie bénéfique.
Une fois les bijoux remis, l’accusé aurait ensuite demandé aux victimes de l’accompagner dans la salle de bain ou de s’éloigner pour effectuer « le rituel ». Une fois les femmes à l’écart, il aurait caché les bijoux dans un sac plastique et les aurait enroulés avec du ruban adhésif. Il leur aurait ensuite conseillé de ne pas toucher au sac pendant deux mois, avant de le rouvrir pour vérifier que les maléfices s’étaient dissipés.
Une des victimes, « B.S. », a témoigné que c’est elle qui a initialement introduit l’accusé à son cercle de proches. Elle raconte qu’elle avait sollicité l’homme pour aider sa fille, qui présentait des signes de ce qu’elle croyait être du mauvais œil. Elle lui a remis plusieurs bijoux d’une valeur de plus de 50 millions de centimes dans le cadre de ce prétendu « rituel ». Lorsque le sac a été ouvert après la période recommandée, elle a découvert que ses biens avaient disparu. Ce fut le début de l’enquête.
Au fur et à mesure que l’enquête avançait, d’autres femmes ont témoigné que leurs bijoux et objets précieux avaient également disparu de manière similaire. Elles ont toutes confirmé que l’accusé avait joué un rôle crucial dans l’escroquerie, se présentant comme un homme de foi et de guérison, avant de leur dérober leurs biens de manière délibérée. Le montant total des bijoux volés, selon les déclarations des victimes, dépasse les 500 millions de centimes, ce qui a conduit à des poursuites judiciaires contre l’accusé.
L’accusé, lors de son procès, a nié en bloc les accusations. Il a expliqué qu’il avait été invité à la maison de l’une des victimes pour effectuer des réparations mineures et abattre un mouton pour l’Aïd. Selon lui, il n’y avait pas de lien avec un quelconque rituel spirituel. Cependant, au cours de l’audience, il a fait une crise de convulsions, ce qui a mis un coup d’arrêt à la séance avant qu’il ne soit soigné et que la procédure reprenne. Son avocat a plaidé son innocence, arguant qu’il n’y avait pas de preuves tangibles de ses accusations, et que la pratique de la « Roqya » (exorcisme) ne nécessitait pas l’utilisation d’objets matériels.
Le procureur a requis une peine de trois ans de prison ferme et une amende de 200 000 dinars pour ce faux Raqi d’Alger, en raison de la gravité de la fraude et de l’ampleur des préjudices causés. Le jugement final du tribunal devrait être rendu dans les semaines à venir.
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