À Alger, une affaire judiciaire hors du commun a récemment secoué les milieux économiques et fiscaux. Une femme de 38 ans, identifiée par les initiales M.A, a été reconnue coupable d’une fraude fiscale colossale estimée à plus de 70 milliards de centimes. C’est devant le tribunal de Chéraga, à Alger, que cette femme a été jugée dans un procès qui a attiré l’attention des médias et des observateurs du système judiciaire. L’affaire, bien que complexe, met en lumière les dangers liés à l’usurpation d’identité commerciale et à l’ignorance administrative, surtout lorsqu’il s’agit d’une femme vulnérable plongée dans un environnement qu’elle ne maîtrisait visiblement pas.
Selon les faits établis par le tribunal, cette femme, résidant à Alger, gérait officiellement une société dénommée « Amatac », enregistrée depuis 2016 et spécialisée dans le commerce de tabac et d’allumettes. C’est sous ce registre de commerce que de nombreuses transactions ont été effectuées, générant un chiffre d’affaires important. Toutefois, aucun des bénéfices n’a été déclaré à l’administration fiscale, ce qui a abouti à une évasion fiscale estimée à 78 milliards de centimes. Les autorités fiscales ont donc porté plainte avec constitution de partie civile, ce qui a enclenché une enquête approfondie, débouchant sur l’arrestation de cette femme à Alger.
Lors de sa comparution, la femme a présenté une version des faits qui a suscité à la fois la perplexité et la compassion. Elle a déclaré qu’en 2016, alors qu’elle vivait seule avec son enfant après un divorce, elle avait rencontré un homme, N.S, qui lui aurait promis le mariage tout en lui proposant une aide matérielle. Selon ses dires, elle avait signé chez un notaire ce qu’elle croyait être un contrat de location de logement, sans savoir qu’il s’agissait en réalité d’un acte d’engagement commercial en lien avec la société Amatac. Cette déclaration a mis en évidence la possible instrumentalisation de cette femme, domiciliée à Alger, dans une affaire d’une ampleur fiscale inédite.
D’après la défense, la femme n’avait qu’un niveau scolaire correspondant à la 9e année et ignorait totalement les implications juridiques du document qu’elle avait signé. L’avocat a insisté sur l’existence de plus de 100 victimes dans cette affaire et a demandé la réouverture de l’enquête pour identifier les véritables auteurs des actes frauduleux. Il a souligné que les transactions réalisées en seulement une année ont généré une dette fiscale de 78 milliards de centimes, une somme faramineuse qui dépasse largement les capacités de gestion d’une femme non formée et sans expérience dans les affaires.
La défense a tenté de démontrer que cette femme, vivant à Alger, était avant tout une victime de manipulation, utilisée comme prête-nom dans un montage illégal. Toutefois, malgré les éléments présentés, le ministère public a requis une peine de 5 ans de prison ferme et une amende de 500 000 dinars. Le tribunal a finalement prononcé une condamnation à 3 ans de prison ferme et 300 000 dinars d’amende à l’encontre de cette femme, impliquée dans une affaire qui illustre la fragilité de certaines personnes face à des systèmes administratifs rigides et souvent impitoyables.
L’affaire ne s’arrête pas là. Plusieurs autres dossiers liés à la même entreprise sont en cours d’examen par les instances judiciaires. Les enquêteurs cherchent désormais à remonter les filières financières qui ont permis à cette entreprise de fonctionner en toute illégalité pendant des mois, au nom d’une femme qui, selon ses déclarations, n’était qu’un pion dans une machination bien plus vaste. Cette affaire à Alger continue donc de faire couler beaucoup d’encre, mettant en évidence les risques qu’encourent certaines femmes laissées seules face à des pratiques commerciales opaques.