« L’Algérie a deux choix » : Bruno Retailleau menace

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Les relations entre la France et l’Algérie connaissent une nouvelle zone de turbulences, illustrée par des décisions diplomatiques aussi soudaines que symboliques. Lundi, Alger a annoncé l’expulsion de douze fonctionnaires français du ministère de l’Intérieur, leur accordant un délai de 48 heures pour quitter le territoire. En réponse directe, Paris a décidé ce mardi de riposter par une mesure équivalente. L’Élysée a ainsi ordonné l’expulsion de « douze agents servant dans le réseau consulaire et diplomatique algérien en France », tout en rappelant son ambassadeur à Alger, Stéphane Romatet, pour consultations. Pour Bruno Retailleau, cette décision constitue une « réponse totalement appropriée » face à ce qu’il perçoit comme une provocation de l’Algérie.

Invité sur CNews, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a pris la parole avec une clarté assumée, affirmant que « l’Algérie en réalité est au pied du mur. Elle a deux choix, soit le choix de l’escalade soit le choix du dialogue ». Insistant sur la posture de fermeté qu’il défend, il a ajouté : « Si jamais l’Algérie choisit l’escalade, il faudra que nous accompagnions cette escalade sans avoir peur ». Cette ligne de conduite, selon lui, ne date pas d’hier. « Je l’ai d’abord prôné un peu seul dans le désert, ensuite le gouvernement en a fait sa ligne », a-t-il rappelé, se positionnant comme le précurseur d’un tournant diplomatique.

Bruno Retailleau a également ciblé de manière explicite les prétendues actions de l’Algérie sur le territoire français. Il a déclaré : « Il est inadmissible que la France soit un terrain de jeu pour les services algériens ». Ce grief récurrent s’inscrit dans une série de tensions non résolues, parmi lesquelles le refus de l’Algérie de reprendre certains de ses ressortissants expulsables ou encore la détention persistante du romancier franco-algérien Boualem Sansal. Des sujets sensibles que Paris ne souhaite plus traiter avec indulgence.

Jean-Noël Barrot, chef du Quai d’Orsay, s’est exprimé quant à lui sur TF1. Il a rappelé que malgré les « différends » entre les deux pays, il appartenait à l’Algérie de « respecter ses obligations sur les plans migratoire et sécuritaire ». Cette déclaration témoigne de la volonté française de maintenir un cap diplomatique exigeant, tout en conservant une porte ouverte à la coopération.

Du côté algérien, la riposte n’a pas tardé. Le pouvoir en place a qualifié l’expulsion des fonctionnaires français de décision « souveraine », arguant qu’elle faisait suite à l’arrestation en France – suivie d’une mise en détention – d’un agent consulaire algérien. Dans ce contexte, Alger rejette la responsabilité du regain de tensions sur Bruno Retailleau, qu’il accuse d’avoir envenimé la situation. Le ministre français a d’ailleurs évoqué cette attaque personnelle, estimant : « Je suis ciblé et je crois que c’est assez inédit qu’un régime étranger cible un ministre ».

Alors que l’exécutif français tente de redéfinir ses lignes rouges avec Alger, certains opposants politiques critiquent la gestion de la crise. Sur LCI, le député du Rassemblement national Jean-Philippe Tanguy a dénoncé ce qu’il qualifie de réaction tardive et inefficace. Dans une formule cinglante, il a affirmé : « Ils se sont couchés, ils ont voulu faire ami ami, ils se sont fait humilier, donc maintenant le paillasson crie. J’aurais préféré qu’on crie avant de se faire marcher dessus ». Cette « révolte de paillasson », selon ses mots, ne serait pas de nature à « faire trembler » le régime algérien.

En toile de fond de ces déclarations croisées, les rapports déjà fragiles entre Paris et Alger se crispent davantage. Malgré un échange téléphonique en mars dernier entre Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune censé apaiser les tensions, le ton s’est radicalement durci. La suite des événements dépendra sans doute du choix évoqué par Bruno Retailleau : l’escalade ou le dialogue. Pour l’heure, les deux pays semblent pencher vers la première option.

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