Algérie : après la flambée, l’euro connait une baisse sur le marché noir

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Le mardi 23 décembre 2025, le marché parallèle des devises en Algérie semble connaître un moment de répit après plusieurs semaines de volatilité intense. L’euro, qui avait atteint des sommets historiques fin novembre, avec un franchissement presque symbolique de la barre des 300 dinars algériens, enregistre désormais un recul notable. Cette évolution offre une respiration temporaire aux ménages et entreprises, alors que l’inquiétude grandissait quant à la dégradation du pouvoir d’achat et à l’impact de la hausse des devises sur les prix des produits importés.

Selon les cambistes du Square Port-Saïd à Alger, principal baromètre informel du marché parallèle, l’euro s’échange désormais à 277 dinars à l’achat et 280 dinars à la vente, soit un billet de 100 euros contre 27.700 dinars à l’achat et 28.000 dinars à la vente. Cette baisse modérée reflète un retour progressif à une certaine rationalité sur un marché qui avait connu une flambée spectaculaire, entraînée par la forte demande des particuliers et des entreprises confrontées aux restrictions d’accès aux devises via le circuit bancaire officiel.

Le dollar américain a suivi une évolution similaire. Sur le marché parallèle, le billet vert s’est échangé autour de 239 dinars, marquant également un léger recul. Cette détente traduit une diminution relative de la pression sur le marché informel, qui reste traditionnellement alimenté par les importations parallèles, les voyages à l’étranger et les anticipations inflationnistes des ménages.

Cependant, cette détente ne doit pas masquer la disparité persistante entre le marché officiel et le marché parallèle. Selon les données de la Banque d’Algérie, l’euro reste coté à 151,87 dinars à la vente, tandis que le dollar est affiché à 129,72 dinars. Les cours officiels demeurent quasiment inchangés depuis plusieurs semaines, illustrant la volonté des autorités de maintenir une politique de change prudente et contrôlée.

Cette situation met en lumière un déséquilibre économique structurel : l’écart entre le taux pratiqué sur le marché officiel, qui est un marché interbancaire auquel n’ont pas accès les particuliers, et le taux du marché noir reste très important, alimenté par une demande élevée en devises étrangères et les contraintes réglementaires qui limitent l’accès aux monnaies étrangères par les circuits bancaires traditionnels. Ce décalage entraîne un marché parallèle actif, souvent perçu comme un baromètre de la confiance économique des citoyens et des investisseurs.

Les experts soulignent que cette accalmie sur le marché noir des devises en Algérie pourrait être temporaire. Sans réformes structurelles visant à faciliter l’accès légal aux devises, via l’ouverture de bureaux de change officiel, et à réduire les contraintes sur les transactions étrangères, le marché parallèle reste exposé aux fluctuations et à la spéculation. La baisse récente de l’euro offre certes un répit, mais elle ne garantit pas une stabilité durable.

En attendant, les ménages et les entreprises observent avec attention l’évolution du marché parallèle des devises en Algérie, qui reste le reflet des tensions économiques, des anticipations inflationnistes et des contraintes structurelles du système financier algérien. La situation souligne également l’importance d’un cadre réglementaire clair pour réduire les écarts de taux et renforcer la confiance dans le système financier, et plus particuliérement dans le dinar algérien, monnaie du pays, qui est, faut-il le rappeler, non-convertible.