Les tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie semblent prendre une nouvelle tournure, et cette fois, c’est au sein du gouvernement français que l’irritation monte. Après les déclarations offensives de Bruno Retailleau sur l’Algérie, c’est au tour du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, de provoquer des remous. Selon les informations relayées par Europe 1, l’attitude du ministre commence sérieusement à agacer Emmanuel Macron et son entourage, qui déplorent un manque flagrant de coordination au sein de l’exécutif.
Darmanin a récemment déclaré qu’il souhaitait le rappel de l’ambassadeur français en Algérie, une proposition jugée maladroite et précipitée par l’Élysée. « Ce n’est pas son rôle, il n’est pas ministre des Affaires étrangères », souffle un proche du président. Cette prise de position survient dans un contexte où les relations franco-algériennes sont déjà mises à rude épreuve par les tensions migratoires et diplomatiques. L’Algérie ayant récemment rejeté une liste de ressortissants que la France souhaitait expulser, l’exécutif français tente de trouver une réponse appropriée sans aggraver la situation.
Cette situation de cacophonie gouvernementale ne se limite pas à la question algérienne. Le débat sur le port du voile dans le sport a lui aussi mis en lumière un manque de concertation entre les ministres. L’Élysée, agacé par ces prises de positions individuelles, rappelle que « chaque responsable politique doit faire preuve de responsabilité et de gravite dans le contexte actuel ». Un contexte d’autant plus sensible que la France fait face à des tensions internes et à des enjeux diplomatiques d’envergure, notamment la guerre en Ukraine.
L’absence de coordination au sein du gouvernement est de plus en plus critiquée, et certains analystes y voient les conséquences directes de la dissolution de l’Assemblée nationale, décidée en juin dernier. Cette situation a affaibli l’autorité présidentielle, laissant place à une multiplicité de voix discordantes. Emmanuel Macron, pourtant connu pour son goût du contrôle, semble cette fois avoir du mal à recadrer ses ministres.
La question algérienne est particulièrement délicate pour l’exécutif français. La relation entre Paris et Alger oscille entre coopération et tensions, et chaque prise de parole mal calibrée peut envenimer la situation. Bruno Retailleau, en adoptant une posture tranchée contre l’Algérie, avait déjà suscité des remous, mais avec Gérald Darmanin, la fracture au sein du gouvernement devient encore plus visible.
En interne, plusieurs ministres estiment que ces déclarations intempestives nuisent à la diplomatie française. « Ceux qui se livrent à une espèce de guéguerre se livrent à un moche combat », confie un conseiller de l’Élysée, en pointant du doigt l’absence de stratégie commune. Pour certains observateurs, cette désorganisation reflète un malaise plus profond au sein de l’exécutif, qui peine à parler d’une seule voix sur des sujets sensibles.
Malgré ces tensions, Emmanuel Macron a choisi de ne pas recadrer directement ses ministres lors du Conseil des ministres de mercredi. Une décision qui pourrait être perçue comme une forme de laisser-faire, mais qui témoigne aussi de la complexité de la situation. La gestion des relations franco-algériennes, déjà marquée par des différends historiques et des dossiers sensibles comme la question des visas, demande une approche mesurée. Or, les interventions de Retailleau et Darmanin semblent aller à contre-courant de cette logique d’apaisement.
L’irritation de l’Élysée pourrait mener à des ajustements dans la stratégie gouvernementale, voire à des consignes plus strictes sur la prise de parole des ministres. Pour l’instant, Emmanuel Macron semble miser sur la patience, en espérant que la situation ne dégénère pas davantage. Mais avec des ministres enclins à des déclarations fracassantes, la tâche s’annonce ardue.
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