Le dossier judiciaire de Boualem Sansal continue d’attirer l’attention des observateurs des relations franco-algériennes. L’écrivain, dont la carrière a toujours été marquée par des prises de position controversées, se retrouve aujourd’hui au cœur d’une affaire qui dépasse largement le cadre littéraire. Arrêté en novembre 2024 à son retour à Alger, il est depuis détenu provisoirement, tandis que l’enquête en cours cherche à établir la véracité des accusations qui pèsent sur lui.
Présenté ce jeudi devant le juge d’instruction de la quatrième chambre du tribunal de Dar El Beïda, Boualem Sansal a été transféré sous haute surveillance, loin des regards indiscrets. Ce traitement réservé aux détenus impliqués dans des affaires de haute importance souligne la sensibilité du dossier. Accusé de collaboration avec des parties étrangères, l’écrivain aurait, selon des sources bien informées, joué un rôle actif dans la transmission d’informations jugées sensibles à des interlocuteurs diplomatiques français.
L’affaire prend une dimension particulièrement complexe du fait du contexte géopolitique tendu entre l’Algérie et la France. L’implication présumée de l’ancien ambassadeur français en Algérie, qui aurait reçu des informations confidentielles de Sansal, soulève des interrogations sur l’ampleur des échanges entre les deux hommes. Si la nature exacte de ces informations demeure floue, les autorités judiciaires algériennes semblent convaincues que les éléments recueillis justifient l’application de l’article 87 bis du code pénal, qui qualifie d’acte terroriste ou subversif toute atteinte à la sûreté de l’État.
L’enquête en cours ne se limite pas aux accusations de transmission d’informations sensibles. Les déclarations passées de Sansal, notamment celles remettant en cause certains aspects de l’histoire algérienne, sont également étudiées sous l’angle de l’atteinte à l’unité nationale. Cette double accusation place l’écrivain dans une situation des plus inconfortables, où ses prises de position intellectuelles sont désormais examinées sous un prisme judiciaire.
Affaire Boualem Sansal : l’Algérie a recadré Macron
La tension diplomatique entre Paris et Alger est montée d’un cran en janvier dernier après les déclarations du président français, Emmanuel Macron, sur la détention de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal. Ce dernier est incarcéré depuis novembre dernier en Algérie, une situation que le chef de l’État français a qualifiée de « déshonorante » pour le pays nord-africain. Des propos qui ont immédiatement suscité une vive réaction des autorités algériennes.
Lors de son allocution devant les ambassadeurs français le lundi 6 janvier, Emmanuel Macron a exhorté l’Algérie à libérer Boualem Sansal, estimant que son maintien en détention était une atteinte aux valeurs fondamentales de la liberté d’expression. Une prise de position qui a fait bondir le ministère algérien des Affaires étrangères, qui a dénoncé une « immixtion inacceptable » dans ses affaires internes.
Dans un communiqué cinglant publié le lendemain, Alger a rejeté ces déclarations en des termes fermes : « Des propos du président français qui déshonorent, avant tout, celui qui a cru devoir les tenir de manière aussi désinvolte et légère. » Pour les autorités algériennes, cette sortie d’Emmanuel Macron s’apparente à une ingérence dans le fonctionnement de la justice du pays.
Selon le ministère algérien des Affaires étrangères, la détention de Boualem Sansal ne relève pas d’une question de liberté d’expression, mais plutôt d’une affaire de souveraineté nationale. « Ce que le président français présente indûment et faussement comme une affaire de liberté d’expression n’en est pas une au regard de la loi d’un État souverain et indépendant. Elle relève essentiellement d’une mise en cause de l’intégrité territoriale du pays, un délit punissable par la loi algérienne », précise le communiqué officiel.
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