Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur français, a suscité de vifs débats, ce jeudi, en France comme en Algérie, après avoir exprimé ses regrets concernant la nature des relations entre les deux pays, notamment sur la question sensible des OQTF (obligations de quitter le territoire français).
Selon Bruno Retailleau, la France n’a pas su établir un rapport de force suffisamment prégnant avec l’Algérie, un constat qu’il considère comme une lacune dans la gestion des relations diplomatiques. En pleine tension entre Paris et Alger, cette déclaration de Bruno Retailleau à propos de l’Algérie, faite lors d’une intervention sur la chaîne LCI, est rapidement devenue un point d’attention majeur dans le duel politique qui l’oppose à Laurent Wauquiez pour la présidence des Républicains.
En effet, Bruno Retailleau a affirmé vouloir que les ressortissants étrangers frappés d’une OQTF soient renvoyés dans leur pays d’origine, évoquant particulièrement les ressortissants algériens. La relation entre Bruno Retailleau et l’Algérie s’est tendue ces dernières semaines, et ce nouvel épisode n’a fait que raviver les tensions diplomatiques. En accusant la France de ne pas avoir instauré un rapport de force « suffisamment prégnant » avec l’Algérie, Bruno Retailleau place ce sujet au centre de son programme sécuritaire et migratoire, tout en insistant sur la nécessité d’« autres mesures » à prendre, bien qu’il se soit gardé de les détailler.
Il y a un mois à peine, Bruno Retailleau se montrait plus mesuré face aux propositions musclées de son rival Laurent Wauquiez. Ce dernier suggérait d’envoyer les étrangers jugés dangereux sous OQTF à Saint-Pierre-et-Miquelon, une idée que Bruno Retailleau qualifiait alors de « déroutante », tout en déclarant ne pas vouloir entrer dans une polémique. Le climat politique a évolué depuis, et Bruno Retailleau, dans une volonté de renforcer sa position, a donc choisi de s’exprimer plus fermement sur l’Algérie. C’est la troisième fois que Bruno Retailleau évoque l’Algérie en quelques jours, toujours dans le cadre des débats autour des expulsions de ressortissants étrangers.
Le ton employé par Bruno Retailleau vis-à-vis de l’Algérie marque un tournant dans sa campagne pour la présidence des Républicains. Tandis que Laurent Wauquiez cherche à s’aligner sur des modèles européens plus radicaux, en l’occurrence la Première ministre italienne Giorgia Meloni, qu’il qualifie de « modèle pour la droite », Bruno Retailleau mise davantage sur une approche souverainiste basée sur le rapport de force diplomatique. Wauquiez, lui, loue les actions de Meloni sur l’immigration, estimant qu’elle a réduit l’immigration illégale de 65 % tout en redressant l’économie italienne. En réponse, Bruno Retailleau préfère insister sur le lien stratégique et bilatéral avec l’Algérie, pointant les défaillances de l’État français dans la gestion de cette relation, qu’il juge trop passive.
Dans un contexte politique français dominé par des enjeux sécuritaires et migratoires, les tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie ne cessent de croître. Jean-Noël Barrot, ministre français également engagé sur le dossier, a d’ailleurs annoncé récemment l’expulsion de nouveaux diplomates algériens, preuve que les répercussions de ces débats dépassent le cadre partisan pour toucher directement aux relations bilatérales.
La rivalité entre Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez ne se limite pas à la présidence des Républicains. Tous deux se positionnent déjà en vue de l’échéance présidentielle, bien que Bruno Retailleau ait rappelé que le choix du candidat LR à l’élection présidentielle sera tranché ultérieurement par les adhérents. Dans une déclaration au Figaro, Wauquiez a d’ailleurs affirmé que si Bruno Retailleau est choisi, il le soutiendra, et vice versa. Cette volonté d’unité contraste toutefois avec les désaccords profonds sur les stratégies migratoires, en particulier sur la gestion du dossier algérien.
Ainsi, les regrets exprimés par Bruno Retailleau à propos de l’Algérie sont loin d’être anodins. Ils s’inscrivent dans une bataille politique acharnée et traduisent une stratégie de fermeté à l’égard d’Alger, que Bruno Retailleau juge indispensable pour garantir le respect des décisions de justice françaises en matière d’expulsions. Alors que le climat reste tendu entre la France et l’Algérie, ces déclarations renforcent l’idée que le sujet migratoire est devenu l’un des nerfs de la guerre pour la droite française.