Algérie : Djorf-Torba converti en site « d’importance internationale » ?

Djorf-Torba Algérienne France Algérie désert Sahara algérien Google

La zone humide de Djorf-Torba, située dans la wilaya de Béchar, au cœur du Sahara algérien, se distingue par sa richesse écologique impressionnante, bien qu’elle soit nichée dans une région semi-désertique. Ce site exceptionnel, qui s’étend sur 21 500 km², dont 94 km² sont occupés par un lac, est sur le point de rejoindre les rangs des zones humides d’importance internationale, une reconnaissance qui pourrait marquer un tournant dans sa préservation. L’annonce de cette possibilité a été faite par Nedjma Rahmouni, inspectrice générale des forêts à la Direction générale des Forêts, lors de la célébration de la Journée mondiale des zones humides, un événement qui a mis en lumière l’importance de ces écosystèmes fragiles.

Djorf-Torba n’est pas simplement un étendue d’eau au milieu du désert. Ce site abrite une biodiversité unique, faisant de lui un havre pour de nombreuses espèces animales et végétales. La zone est notamment un point stratégique pour les oiseaux migrateurs qui empruntent la route de l’Afrique de l’Ouest en passant par le détroit de Gibraltar. Ces oiseaux, tout comme les poissons d’eau douce qui y résident, profitent de ce cadre paisible pour se reposer et se nourrir avant de poursuivre leur voyage. Parmi les espèces rares que l’on peut observer dans cette zone, la présence de la loutre commune, un mammifère aquatique souvent difficile à repérer, témoigne de la qualité exceptionnelle de l’écosystème local.

L’importance de Djorf-Torba ne s’arrête pas à sa faune. Le site est également essentiel pour l’équilibre écologique de la région, en raison de son rôle dans la régulation de l’eau et du climat. Lors de la Journée mondiale des zones humides, plusieurs activités ont été organisées pour sensibiliser le public à la fragilité de ces écosystèmes. Une exposition a réuni des acteurs clés de la préservation de l’environnement, notamment des représentants des secteurs des forêts, de l’agriculture et de l’environnement, ainsi que des associations locales. Cette journée a également permis de renforcer l’implication des jeunes générations dans la conservation de ces espaces naturels, avec des séances pédagogiques pour les élèves de l’école primaire Ayoub Rahal, qui ont pu découvrir les méthodes utilisées pour recenser les oiseaux aquatiques.

Un des moments marquants de cet événement a été le lâcher de canards Colvert dans le lac de Djorf-Torba, un geste symbolique pour marquer l’importance de ce site dans la conservation de la biodiversité. Par ailleurs, l’occasion a été donnée de présenter un projet ambitieux de réhabilitation des oasis de la région, notamment 43 oasis s’étendant sur 1 877 hectares. Ce programme, doté d’un budget de 250 millions de dinars, a pour objectif de moderniser les systèmes d’irrigation tout en préservant ces oasis qui jouent un rôle crucial en tant que zones humides sahariennes.

Djorf-Torba est donc un modèle d’écosystème fragile mais d’une grande richesse, et sa préservation passe par des efforts de conservation renforcés. Ce site fait d’ailleurs partie d’une stratégie nationale visant à protéger l’environnement et à promouvoir le développement durable, un engagement qui se reflète dans l’attention particulière portée à d’autres sites naturels de la wilaya de Béchar, comme Dayat Etiour, la sabkha de Kenadza, ainsi que les oueds Béchar, Zouzfana, Namous et Guir.

L’Algérie, à travers ce projet de classement, renforce son engagement en faveur de la préservation de ses zones humides. Avec déjà 50 zones humides classées sur la liste Ramsar, le pays affiche une volonté claire de protéger ses écosystèmes vitaux et de les inscrire dans une démarche internationale de conservation. Le classement de Djorf-Torba, qui est actuellement en cours d’étude, viendrait non seulement enrichir ce réseau mais aussi offrir une reconnaissance mondiale à ce site unique. Cette reconnaissance permettrait d’attirer davantage d’attention sur sa préservation et de garantir une gestion plus durable des ressources naturelles de la région.

Le processus de classement Ramsar, qui vise à protéger les zones humides d’importance internationale, constitue une étape cruciale pour le site de Djorf-Torba. Si ce dernier rejoint la liste des sites Ramsar, il bénéficiera de mesures de protection renforcées, assurant ainsi sa conservation pour les générations futures. En offrant cette reconnaissance à ce joyau écologique, l’Algérie confirme son rôle en tant qu’acteur clé dans la préservation des écosystèmes naturels et dans la lutte contre la perte de biodiversité à l’échelle mondiale. Djorf-Torba, avec ses paysages à couper le souffle et sa biodiversité exceptionnelle, pourrait ainsi devenir un symbole de la richesse naturelle de l’Algérie et de son engagement à protéger l’environnement saharien.

Lire également :

Allocation touristique de 750 euros : la Banque d’Algérie met un terme aux rumeurs

Algérie : des caméras de surveillance seront installées dans toutes les rues et ruelles

L’Algérie a désormais un nouvel aéroport international