Algérie – France : l’affaire Boualem Sansal prend un tournant inattendu

Sansal BOUALEM

L’affaire Boualem Sansal continue de faire couler beaucoup d’encre, mais un nouvel élément vient bouleverser le récit médiatique. Depuis son incarcération en novembre 2024, l’écrivain reste au cœur d’un débat animé, notamment en France, où certains médias ont récemment affirmé qu’il aurait entamé une grève de la faim. Or, le bâtonnier d’Alger, Mohamed Baghdad, vient d’apporter un tout autre éclairage sur la situation, livrant des révélations qui changent la donne.

Lors d’un entretien accordé au quotidien El-Watan, il a tenu à rétablir certains faits. D’abord, il réfute catégoriquement l’idée selon laquelle Boualem Sansal aurait cessé de s’alimenter. « Ce que je sais des confrères et du juge d’instruction, c’est que M. Sansal avait effectivement évoqué la possibilité d’entamer une grève de la faim. Mais, étant sous traitement, cela aurait été dangereux pour sa santé. Je sais qu’il ne l’a pas fait », affirme-t-il.

Il précise également que l’état de santé de l’écrivain ne s’est pas détérioré. « Contrairement à ce qui a été écrit, il n’est pas en grève de la faim (…) Il n’a pas interrompu son traitement. Selon le professeur en charge de son suivi médical, le protocole mis en place pour traiter son cancer commence à donner des résultats encourageants ».

Autre point abordé par le bâtonnier : les conditions de détention de Sansal et sa possibilité de recevoir des visites. « Bien sûr et régulièrement. J’ai moi-même demandé, lors de ma visite au parquet, il y a une semaine, si M. Sansal recevait sa famille pour m’enquérir de ses conditions de détention et savoir aussi s’il était soumis à des restrictions. On m’a confirmé qu’il voit ses proches sans aucune entrave », explique-t-il.

Mais c’est sur la question de sa défense que le dossier prend une tournure inattendue. Mohamed Baghdad révèle que Boualem Sansal a lui-même demandé la déconstitution de l’ensemble de ses avocats, y compris Me Zimeray. « La dernière information transmise par mes confrères est que M. Sansal a adressé un courrier officiel au juge d’instruction pour informer de son choix de se défendre seul. Ce qui est étonnant, c’est que Me Zimeray continue d’affirmer qu’il représente toujours M. Sansal, alors que cette demande de déconstitution a été déposée il y a une semaine », assure-t-il.

Cette révélation vient contredire les affirmations de l’avocat français William Bourdon et de Me Zimeray, qui avaient déclaré que Boualem Sansal aurait été contraint de renoncer à son avocat en raison de pressions exercées sur lui en raison de l’origine juive de ce dernier. Une version que le bâtonnier d’Alger rejette catégoriquement. « Je trouve ces propos surprenants. Je n’ai pas connaissance d’une quelconque protestation de M. Sansal. Si cela avait été le cas, mes confrères me l’auraient immédiatement signalé, et en tant que bâtonnier, je ne pourrais tolérer une telle atteinte au droit à la défense », affirme-t-il avec fermeté.

Il insiste également sur le fait que l’appartenance religieuse ou ethnique d’un avocat ne joue aucun rôle dans le cadre des affaires judiciaires en Algérie. « Moi-même, j’entretiens des relations professionnelles solides avec de nombreux confrères juifs qui viennent en Algérie et exercent sans aucun problème. D’ailleurs, je vais proposer un confrère, qui est un ami et un excellent avocat, pour assurer la défense de M. Sansal. Il est juif, mais cela n’a absolument aucune incidence sur ses compétences », précise-t-il.

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