Algérie – France : l’APS fait un cadeau à Bruno Retailleau

Bruno Retailleau Algérie France

En politique, les mots pèsent autant que les actes, et il arrive parfois que les accusations portées à la hâte se retournent contre ceux qui les formulent. C’est précisément ce que vient d’illustrer l’Agence Presse Service (APS) en livrant une analyse approfondie qui, loin d’être une simple mise au point, pourrait bien constituer un précieux cadeau à Bruno Retailleau : une explication limpide de la situation, fondée sur des faits incontestables. Car si la récurrence d’un discours donne l’illusion d’une vérité, elle ne saurait en aucun cas la créer.

Le ministre français de l’Intérieur a encore une fois pointé du doigt l’Algérie, l’accusant de ne pas respecter ses engagements internationaux concernant l’éloignement de certains ressortissants. Pourtant, à y regarder de plus près, la réalité est bien plus nuancée, et les principes du droit international pèsent d’un tout autre poids lorsqu’ils sont appliqués à la lettre. L’APS ne s’est pas contentée d’une simple réponse diplomatique : elle a démonté, point par point, les arguments avancés, soulignant les erreurs d’interprétation et les manquements du côté français.

Les arguments de l’APS face à Bruno Retailleau

D’abord, la transmission d’une liste de ressortissants à éloigner, telle que pratiquée par la France, ne repose sur aucune base juridique convenue entre les deux États. C’est une approche qui s’écarte non seulement des accords bilatéraux existants mais aussi des pratiques établies depuis plusieurs décennies entre Alger et Paris. Selon l’APS, et contrairement aux affirmations de Bruno Retailleau, l’Algérie ne refuse pas la coopération, elle rejette une méthode imposée de manière unilatérale, sans concertation. La nuance est de taille : il ne s’agit pas d’une fin de non-recevoir, mais d’un rappel à l’ordre sur le respect des procédures.

Ensuite, la question de la protection consulaire est un élément central du débat. Lorsqu’un pays prend des décisions impactant ses ressortissants à l’étranger, il est en droit d’exiger que leur protection soit assurée selon les normes internationales. Dans ce cas précis, l’Algérie applique les règles établies par la convention consulaire de 1974, un texte juridiquement contraignant que la France elle-même a signé. Pourtant, à aucun moment Bruno Retailleau ne fait référence à cet accord, préférant ignorer un élément pourtant fondamental. Pourquoi cette omission ? Peut-être parce que ce texte impose à la France de notifier chaque mesure privative de liberté concernant des Algériens, garantissant ainsi leur droit à une défense appropriée.

Autre point soulevé : l’interprétation erronée de la Convention de Chicago, qui régit le transport aérien international. Selon Retailleau, l’Algérie, via sa compagnie nationale Air Algérie, se rendrait coupable d’infraction en refusant d’embarquer des passagers démunis de laissez-passer consulaires. Or, il suffit d’une lecture attentive des textes pour comprendre que cette convention ne prévoit aucunement un tel impératif. Au contraire, elle laisse aux compagnies aériennes la possibilité de refuser l’embarquement de passagers dont les documents ne respectent pas les exigences du pays de destination. Il ne s’agit donc pas d’un caprice algérien, mais d’une application stricte des règles internationales, ce que l’APS a pris soin de rappeler avec précision.

Le ministre français a également mis en avant les restrictions imposées aux détenteurs de passeports diplomatiques algériens. Là encore, un détail crucial semble avoir été laissé de côté : l’accord de 2013 qui régit ces exemptions prévoit une obligation de notification en cas de suspension ou de restriction. Autrement dit, si la France a choisi de limiter l’accès à son territoire pour ces détenteurs de passeports, elle aurait dû en informer officiellement l’Algérie, conformément aux termes du traité. Une étape qui, visiblement, n’a pas été respectée.

Enfin, l’APS revient sur l’éventuelle suspension de l’accord de 2013, un sujet qui alimente les débats depuis plusieurs jours. Ici encore, un flou persiste dans la communication française. Il est question d’un texte abrogé en 2007, alors que l’accord réellement en vigueur date de 2013. Une confusion qui, volontaire ou non, ajoute encore davantage à la cacophonie ambiante et souligne un manque de rigueur dans la gestion des relations diplomatiques entre les deux pays.

À travers ces cinq points, l’APS ne se contente pas de réfuter des accusations : elle offre à Bruno Retailleau une grille de lecture détaillée et argumentée qui pourrait, s’il choisit de la considérer, lui éviter de futures approximations. Cette analyse, basée sur des faits concrets et des références juridiques précises, remet en perspective un débat où la politique semble parfois prendre le pas sur le droit.

Ce qui pourrait apparaître comme un simple recadrage diplomatique est en réalité un rappel essentiel : les relations internationales ne peuvent être régies par des postures médiatiques, mais bien par des engagements respectés de part et d’autre. Si Bruno Retailleau cherche réellement à comprendre pourquoi l’Algérie adopte cette position, il lui suffira de relire attentivement cette analyse. Loin d’être un camouflet, c’est peut-être le meilleur cadeau qu’il pouvait recevoir pour ajuster sa perception du dossier.

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