Algérie – « Je leur pardonne » : les propos lunaires de Enrico Macias

Enrico Macias

Enrico Macias, le célèbre chanteur français de 86 ans, continue de nourrir l’espoir de pouvoir un jour revenir en Algérie, son pays natal, où il est né le 11 décembre 1938. Ce rêve, devenu au fil des années un combat personnel, semble toujours aussi inaccessibile malgré le poids des décennies. Dans un entretien récent accordé au TV Mag du Figaro, l’artiste a exprimé son désir de revenir sur cette terre qu’il considère comme la sienne, mais qui lui est interdite depuis son départ en 1961. Un départ forcé, symbolisant un tournant difficile dans l’histoire de sa famille, exacerbée par les tensions politiques et les positions controversées qu’il a pu prendre, notamment sur la question palestinienne.

La situation d’Enrico Macias est une des nombreuses conséquences de l’indépendance de l’Algérie en 1962. En tant que juif pied-noir, son retour dans le pays natal semble être devenu un rêve irréalisable. L’histoire familiale et l’arrière-plan politique ont largement contribué à interdire son retour sur la terre de ses ancêtres. Bien que cela fasse plus de six décennies, la douleur de cet exil persiste. L’artiste n’a jamais cessé de rêver de revoir sa ville natale, Constantine, et de renouer avec les souvenirs de son enfance.

Dans ses propos, Enrico Macias déplore amèrement l’impossibilité de revenir en Algérie. « C’est une grande blessure de ne pas y être retourné. Mais ça va fonctionner. J’ai eu plusieurs déceptions à ce sujet, mais j’ai toujours désiré y aller », a-t-il confié, un brin de tristesse dans la voix. Malgré son âge avancé, l’artiste, qui a fait sa carrière en France, n’abandonne pas l’idée de réaliser ce souhait avant de quitter ce monde. « Franchement, je n’ai jamais dit que je n’irais plus, malgré mon âge. Je n’ai jamais dit que je fermais définitivement la porte à l’Algérie. Dans mon idéal, je souhaiterais y retourner avant de quitter ce monde. Mais je n’en veux pas à ceux qui m’en ont empêché, je leur pardonne », a-t-il précisé, soulignant son espoir intact de revoir un jour cette terre qui l’a vu grandir.

Son souhait ne s’arrête pas à une simple revendication personnelle ; il s’agit d’un appel aux autorités algériennes. Enrico Macias refuse de demander l’aide de la France pour ce retour qu’il désire. « Je ne voudrais pas me servir de la notoriété d’un président. Je voudrais que cela se fasse entre l’Algérie et moi. Le peuple algérien, lui, n’y verrait aucun problème ! J’attends l’occasion », a-t-il ajouté avec espoir. Ses paroles dénotent un profond respect pour l’Algérie et ses habitants, et une véritable volonté de renouer avec un passé qui lui est cher.

Il n’est pas à sa première déclaration à ce sujet. En mars 2023, dans l’émission « L’Invité » de Patrick Simonin, Enrico Macias était déjà revenu sur son attachement à Constantine. « Chaque millimètre carré de ma ville natale, Constantine, je ne l’ai pas oublié », avait-il déclaré, la voix pleine d’émotion. Se remémorant ses jeux d’enfance, souvent dans la rue et pieds nus, il avait fait état de ses souvenirs les plus précieux : « des boites de sardines », des instants partagés avec son père et surtout la musique du Cheikh Raymond, un maître de la musique andalouse, qui a marqué son adolescence. Ces moments intimes et fondants font encore partie de son quotidien, comme une part indélébile de sa mémoire.

Les souvenirs de son enfance algérienne restent gravés dans sa mémoire, et la douleur de savoir qu’ils ne peuvent plus être revécus est pour lui insupportable. « Quand on sait qu’on ne peut pas retourner quelque part, le choc est double », a-t-il expliqué avec une émotion palpable. Cette impossibilité de revisiter ses racines et de revivre ces instants fondateurs de sa vie résonne comme une profonde douleur. « C’est une première mort », a-t-il conclu en évoquant le déchirement intérieur que procure cette situation. Pour Enrico Macias, l’espoir demeure vivant, bien qu’incertain, de voir un jour se réaliser ce rêve, avant qu’il ne soit trop tard.

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