Algérie – « La France n’a pas à s’en excuser » : nouvelle tension

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Dans une atmosphère diplomatique déjà tendue entre la France et l’Algérie, les récentes déclarations de Gérald Darmanin, ministre français de la Justice, viennent raviver une fois de plus une relation historique complexe. Invité ce mercredi matin à l’émission La Grande interview sur Europe 1-CNews, face à la journaliste Sonia Mabrouk, le ministre n’a pas mâché ses mots. « Le passé est le passé et la France n’a pas à s’en excuser », a-t-il lancé avec une fermeté assumée, renvoyant à une page douloureuse de l’histoire entre les deux pays : la colonisation.

Les tensions entre Paris et Alger connaissent un nouveau regain après une période d’accalmie. La relation entre les deux États semble engluée dans un éternel va-et-vient de rapprochements et de crispations, souvent dictés par la mémoire coloniale encore très présente. Gérald Darmanin, dans une posture offensive, a préféré tourner résolument le regard vers l’avenir. Selon lui, il est temps de dépasser les rancunes du passé pour construire une coopération plus lucide. Il affirme ainsi : « On peut comprendre que des pays soient touchés par ce passé. Mais ce qui est important quand on fait de la politique, c’est l’avenir. » En ciblant directement l’attitude du régime algérien, le ministre laisse entendre que ce retour permanent à la période coloniale empêche d’envisager une relation constructive.

L’homme fort du ministère de la Justice ne s’est pas contenté de généralités historiques. Il a clairement exprimé son agacement vis-à-vis de la ligne politique algérienne, la qualifiant de verrou idéologique. « De manière générale, notamment en Algérie, l’idée que l’on reparle sans cesse de ce qu’il s’est passé auparavant, empêche de voir l’avenir, de voir des nouveaux horizons », a-t-il insisté. Cette insistance sur le besoin de projection, conjuguée à une critique de la récurrence des rappels historiques côté algérien, s’inscrit dans une stratégie de rupture assumée par certains membres du gouvernement français.

Mais Gérald Darmanin ne s’est pas arrêté aux mots. Il a évoqué un changement de cap bien plus profond dans la diplomatie française, notamment en ce qui concerne les accords bilatéraux. « La France a raison de mettre un point d’arrêt, de rappeler son ambassadeur. J’espère que demain, elle dénoncera les accords de 1994 et de 1968 », a-t-il lancé, en référence à deux textes fondamentaux qui régissent les relations juridiques et migratoires entre les deux pays. Cette proposition, si elle venait à se concrétiser, bouleverserait les bases mêmes de la coopération franco-algérienne post-coloniale, notamment en matière de circulation des personnes, de procédures judiciaires et de résidence.

Dans ses déclarations, Gérald Darmanin évoque également un problème plus profond : celui du rôle que joue la France dans le débat politique interne en Algérie. Selon lui, « ce qui est certain, c’est que nous avons avec le régime algérien des différences profondes et nous sommes un problème de politique intérieur pour l’Algérie. Et c’est ce qui ne va pas ». Il y voit une utilisation récurrente de la France comme catalyseur des tensions internes algériennes, un levier que les autorités d’Alger activeraient régulièrement pour détourner l’attention des véritables enjeux domestiques.

En guise de conclusion, le ministre tend toutefois une main prudente, posant des conditions claires à une éventuelle reprise du dialogue : « Et puis, le jour où on regardera l’avenir, on arrêtera de regarder le passé, où l’on sera respecté comme État, il faudra évidemment reparler au grand pays qu’est l’Algérie. » Par ces mots, Gérald Darmanin souligne que la France ne ferme pas définitivement la porte, mais attend un changement d’attitude du côté algérien. Le respect mutuel et la fin des reproches historiques semblent être les deux piliers sur lesquels le ministre souhaite fonder une nouvelle page des relations bilatérales.

Ces propos, largement relayés dans les médias français, n’ont pas encore fait l’objet de réactions officielles du côté algérien. Mais dans un contexte aussi sensible, cette sortie médiatique risque fort d’alimenter un nouveau cycle de tensions. Le débat sur la mémoire coloniale, toujours aussi brûlant, s’invite une nouvelle fois dans la scène politique, confirmant que l’histoire entre la France et l’Algérie, malgré les décennies écoulées, reste une plaie à vif difficile à cicatriser.

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