Algérie : la France refuse la demande d’extradition de Bouchouareb

Bouchouareb

La question de l’extradition d’Abdesselam Bouchouareb, ancien ministre algérien de l’Industrie et des Mines, continue de susciter de vifs débats entre la France et l’Algérie. Ce mercredi 5 mars, la cour d’appel d’Aix-en-Provence a examiné les demandes d’extradition formulées par Alger, qui souhaite voir l’ex-ministre répondre de graves accusations de corruption et d’abus de pouvoir. Toutefois, le parquet français s’est prononcé contre cette extradition, invoquant des motifs humanitaires et des craintes liées aux conditions de détention en Algérie.

Selon l’avocat général Raphaël Sanesi de Gentile, l’état de santé de Bouchouareb, jugé fragile, constitue un obstacle majeur à son renvoi vers son pays d’origine. « L’éloignement de M. Bouchouareb, gravement malade, ferait courir à celui-ci, si ce n’est un risque de vie, un risque de déclin rapide et irréversible de son état de santé », a-t-il déclaré devant la chambre de l’instruction.

Face à ces arguments, l’avocate de l’Algérie, Me Anne-Sophie Partaix, a défendu la position de son pays en assurant que toutes les garanties nécessaires avaient été apportées aux autorités françaises. « M. Bouchouareb a volé de l’argent aux Algériens, il a été condamné et doit répondre de ses actes », a-t-elle affirmé. Elle a rappelé que la justice algérienne lui avait déjà infligé cinq condamnations à vingt ans de prison et qu’un sixième dossier restait en attente.

Abdesselam Bouchouareb, lui-même, a pris la parole lors de l’audience pour réfuter les accusations portées contre lui. Affaibli et ému, il a proclamé son innocence : « Je ne suis pas un voleur mais un grand industriel anti-islamiste », a-t-il affirmé avant de dénoncer une vendetta politique. « Mes collègues sont injustement incarcérés car ils ont voulu appliquer la loi », a-t-il ajouté.

La décision finale de la cour d’appel d’Aix-en-Provence sera rendue le 19 mars. Si la cour suit l’avis du parquet et rejette la demande d’extradition, la procédure prendra fin et Bouchouareb pourra rester en France. Dans le cas contraire, la décision pourrait être contestée devant la Cour de cassation, voire soumise à une décision politique du gouvernement français.

Cette affaire s’inscrit dans un contexte diplomatique délicat entre la France et l’Algérie. Alors que Paris et Alger traversent des périodes de tensions récurrentes, notamment sur les questions de mémoire et de coopération judiciaire, ce dossier vient ajouter une nouvelle complexité aux relations bilatérales. La question de l’extradition d’anciens hauts responsables algériens réfugiés en France reste un sujet sensible, mettant en balance les exigences de justice et les considérations humanitaires et diplomatiques.

En attendant le verdict du 19 mars, l’affaire continue de diviser l’opinion publique, tant en Algérie qu’en France, où certains voient en cette extradition une question de justice et de lutte contre la corruption, tandis que d’autres redoutent une décision influencée par des enjeux politiques plus larges.

Bouchouareb a supplié la France pour ne pas l’extrader en Algérie

Abdesselam Bouchouareb, ancien ministre algérien de l’Industrie, a officiellement demandé, le mercredi 18 septembre 2024, à la justice française de rejeter la demande d’extradition formulée par l’Algérie. Il est condamné par défaut à un total de cent ans de prison pour des affaires de corruption et de détournement de fonds publics.

Député avant d’être nommé ministre de l’Industrie et des Mines entre avril 2014 et mai 2017, Bouchouareb avait été propulsé sur le devant de la scène politique par Abdelaziz Bouteflika. Ce dernier, resté au pouvoir durant vingt ans, avait été contraint de démissionner en avril 2019 sous la pression du Hirak, mouvement populaire exigeant un changement profond du système politique en Algérie. Depuis la chute de l’ancien président, plusieurs figures de son gouvernement ont été poursuivies pour corruption.

Il est à noter que, Abdesselam Bouchouareb, installé dans les Alpes-Maritimes, est soumis à un contrôle judiciaire lui imposant de rester sur le territoire français, où il réside légalement, et de remettre son passeport aux autorités françaises, le temps que l’affaire connaisse un dénouement.

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