Algérie : la nouvelle allocation touristique fait saliver les trafiquants

Air Algérie Bourse nouvelle allocation touristique

La mise en place de la nouvelle allocation touristique de 750 euros, tant attendue par les Algériens, soulève plusieurs préoccupations qui risquent de compliquer sa mise en œuvre. Si cette mesure vise à offrir un soutien financier aux voyageurs algériens se rendant à l’étranger, elle représente également un défi de taille pour les autorités, en particulier en raison de son impact potentiel sur les réserves de change du pays et de son influence sur le marché parallèle des devises.

Derrière cette allocation se cache un chiffre impressionnant : entre 5 et 7 milliards de dollars par an, selon le député Abdelkader Berriche, qui s’est exprimé sur le sujet dans le quotidien Echorouk. Ce montant s’explique par le fait que l’allocation de 750 euros concerne plus de 6,5 millions de voyageurs par an. L’enjeu est donc de taille pour les finances publiques, qui devront gérer cet afflux de devises tout en préservant les équilibres économiques du pays. Le montant alloué pour chaque voyageur n’est pas négligeable et pourrait représenter une pression importante sur les réserves de change de l’Algérie, d’autant plus que la question de la gestion de ces fonds reste floue.

Un autre défi majeur réside dans la définition des conditions d’attribution de cette allocation. Jusqu’à présent, le droit de change se faisait principalement au niveau des banques commerciales. Cependant, pour l’allocation touristique de 750 euros, un autre système semble être en préparation, comme l’a révélé le député Zoheir Nasri sur sa page Facebook. Selon lui, les demandeurs devront se rendre dans la succursale de la Banque d’Algérie de leur wilaya de résidence, munis de plusieurs documents, dont leur passeport, le titre de voyage et l’assurance voyage. Ils devront également fournir la somme en dinars équivalente à 750 euros, calculée selon le taux de change officiel.

Après avoir validé cette procédure, les voyageurs obtiendront une sorte de chèque qu’ils devront présenter au bureau de change installé dans la zone douanière de l’aéroport ou du port pour récupérer les 750 euros. Cependant, cette procédure n’est pas encore officielle et n’a pas encore été validée par les autorités compétentes. Ce système a pour objectif de garantir que l’allocation soit attribuée de manière transparente et conforme aux normes. Cependant, la mise en place d’un tel dispositif n’est pas sans difficultés, car de nombreux aspects logistiques restent à résoudre avant qu’il ne devienne opérationnel.

Le plus grand défi reste, toutefois, l’impact potentiel de cette allocation sur le marché noir des devises. Actuellement, la différence entre le taux officiel du dinar algérien, fixé à 140 dinars pour un euro, et le taux parallèle, qui oscille autour de 249 dinars, crée un terrain fertile pour les trafiquants de devises. De nombreuses personnes sont tentées d’acheter des euros à un prix bien inférieur à celui du marché noir, afin de les revendre ensuite avec une marge substantielle.

L’allocation de 750 euros pourrait facilement devenir une aubaine pour ces trafiquants, qui achèteraient les euros pour 108 750 dinars, pour les revendre à 186 750 dinars, réalisant ainsi une marge de 78 000 dinars. Cette situation représente un véritable casse-tête pour les autorités algériennes, qui cherchent à tout prix à éviter que la nouvelle mesure n’aggrave la situation du marché parallèle des devises.

Face à ce défi, le gouvernement algérien tente de mettre en place des dispositifs de contrôle plus stricts, mais la tâche est loin d’être simple. Si l’allocation touristique de 750 euros permet de soutenir les voyageurs, elle pourrait également alimenter la spéculation et aggraver la fuite de devises du pays. Le marché noir des devises est un phénomène difficile à éradiquer, en raison de la forte demande de devises étrangères pour des transactions privées ou commerciales.

Les autorités cherchent donc à trouver un équilibre délicat entre la mise en œuvre de cette allocation touristique et la préservation des intérêts économiques du pays. Le système de distribution des devises doit être conçu de manière à limiter les possibilités de détournement et à garantir une plus grande transparence dans les transactions financières.

Ainsi, l’allocation touristique de 750 euros, bien qu’elle offre une bouffée d’air pour les voyageurs algériens, pourrait bien alimenter de manière indirecte le marché parallèle des devises si les contrôles ne sont pas renforcés. Cette situation soulève de nombreuses interrogations quant à la capacité du pays à gérer cette mesure sans compromettre la stabilité de sa monnaie et de ses réserves de change. Les autorités devront agir avec prudence et garantir la transparence des processus de distribution pour éviter que cette mesure ne devienne un levier supplémentaire pour le marché noir. Le défi est de taille et nécessitera des efforts considérables pour éviter les dérives financières.

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