Algérie : la solution pour « éviter le recours au marché noir » dévoilée

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En Algérie, une décision stratégique a été récemment prise lors d’un Conseil des ministres pour encadrer une pratique économique informelle très répandue : le « commerce de cabas ». Cette mesure, qui vise à intégrer dans le circuit formel les jeunes Algériens impliqués dans la micro-importation, représente un tournant dans la lutte contre les pratiques non régulées. L’objectif affiché est clair : offrir un cadre légal à ce marché noir de l’importation et renforcer l’économie formelle en Algérie, tout en réduisant les risques encourus par ces jeunes opérateurs aussi bien sur le territoire national qu’à l’étranger.

L’expert en économie Brahim Guendouzi, dans un entretien accordé au média L’Algérie Aujourd’hui, apporte un éclairage sur les modalités d’application de cette décision gouvernementale. Selon lui, cette initiative répond à une triple finalité : « En premier lieu, cette mesure s’inscrit dans le cadre du processus complexe de lutte contre les activités informelles qui caractérisent certains domaines, dont le commerce et le commerce extérieur. En second lieu, il s’agit d’une décision qui vise à extirper ces jeunes qui pratiquent cette activité appelée ‘commerce de cabas’, des risques qu’ils encourent en Algérie et à l’étranger, car enfreignant plusieurs réglementations. En troisième lieu, il est question de leur offrir un cadre réglementaire et une opportunité pour continuer à exercer cette activité tout en ayant une couverture légale, et donc d’être insérés dans le champ économique avec des droits et des devoirs. »

Mais pour que cette régularisation ne soit pas qu’un vœu pieux, des ajustements structurels s’imposent. « La mise en pratique de cette mesure de légalisation du ‘commerce de cabas’ nécessite une certaine adaptation par rapport à la réglementation des changes pour faire éviter à ces jeunes le recours au change informel, sinon ce serait inutile de les régulariser », avertit Brahim Guendouzi. Ce lien direct entre la réglementation du commerce extérieur et le marché noir est au cœur du problème que cherche à résoudre l’Algérie. Sans flexibilité monétaire, l’encadrement des importations individuelles resterait inopérant.

Dans cette perspective, une des solutions avancées repose sur l’allègement du contrôle des changes en vigueur. Cela donnerait aux opérateurs économiques, qu’ils soient novices ou expérimentés, une marge de manœuvre plus large dans leurs transactions commerciales internationales. « Il serait possible d’alléger le contrôle des changes en vigueur pour l’ensemble des opérateurs économiques afin de leur donner plus de flexibilité par rapport aux opérations de commerce extérieur ainsi que de l’investissement. D’ailleurs, la régularisation du ‘commerce de cabas’ trouverait là un mécanisme adéquat pour mieux l’insérer dans les circuits formels », souligne l’économiste.

L’Algérie, en agissant de la sorte, poursuit une stratégie de transformation de son environnement commercial. Il ne s’agit pas simplement de freiner le marché noir en Algérie, mais de réorganiser en profondeur le secteur de l’importation pour mieux répondre aux exigences d’une économie en mutation. « Tout d’abord, la réorganisation des activités de l’importation et la création d’une agence spécialisée, obéissent plus à la logique de la diversification économique en œuvre actuellement en Algérie », explique-t-il. Cette vision intègre à la fois la promotion des producteurs nationaux et la sécurisation de l’approvisionnement en biens pour le citoyen.

En anticipant les effets indésirables du marché noir, l’Algérie tente aussi de renforcer sa politique commerciale extérieure en l’alignant sur ses nouveaux positionnements géopolitiques et économiques. Cela passe par une maîtrise de la balance commerciale, par la stabilité des flux de marchandises et par un accompagnement intelligent des initiatives économiques, même celles nées dans l’informel. Cette régularisation du commerce de cabas apparaît ainsi comme une passerelle vers une économie plus inclusive.

Ainsi, cette décision du gouvernement algérien d’intégrer les micro-importateurs dans le cadre légal va bien au-delà de la simple lutte contre le marché noir de l’importation en Algérie. Elle s’inscrit dans une volonté d’adaptation du cadre réglementaire pour favoriser un développement harmonieux du commerce extérieur, tout en préservant les intérêts des acteurs économiques locaux.