Une dette de 6 600 milliards de centimes secoue actuellement l’Algérie, provoquant une vague d’inquiétude et de réactions face à l’ampleur du phénomène. Cette dette colossale concerne les créances impayées des clients de l’entreprise publique Algérienne des Eaux, une institution chargée de la distribution de l’eau potable à travers le territoire national. Ce chiffre astronomique, révélé récemment, illustre l’ampleur des difficultés auxquelles fait face cette entité, dans un contexte économique où chaque centime compte. L’Algérie, confrontée à de multiples défis de gestion, voit à travers cette dette une problématique urgente qui interpelle à la fois les citoyens, les autorités et les observateurs de la scène économique.
Selon les données communiquées à Ennahar par Salah Eddine Cherit, directeur des clients et de la communication de l’Algérienne des Eaux, la dette globale a atteint la barre symbolique et inquiétante des 6 600 milliards de centimes. Cette dette, qui pèse lourdement sur les finances de l’entreprise, trouve en grande partie son origine chez les ménages algériens. Plus de 40 milliards de dinars sont dus par les foyers, tandis que le reste de cette dette est le fait de diverses administrations publiques et institutions. Ce déséquilibre met en lumière une situation de plus en plus difficile à gérer pour l’ADE, qui voit sa capacité opérationnelle entravée par le non-recouvrement de ces montants.
Afin de remédier à ce problème, l’Algérienne des Eaux mise d’abord sur la sensibilisation. Plutôt que de recourir à des méthodes coercitives, elle privilégie une approche pédagogique, en espérant éveiller une conscience collective autour de la nécessité de régler les factures d’eau. Cette stratégie vise à responsabiliser les citoyens et à les inciter à s’acquitter de leurs dettes, tout en maintenant le lien de confiance entre l’entreprise et ses clients. En parallèle, l’ADE s’emploie à moderniser ses services pour faciliter les paiements et réduire les obstacles administratifs.
Dans cette optique, des accords ont été signés entre l’Algérienne des Eaux et plusieurs ministères, avec pour objectif d’améliorer le service public. Parmi les mesures phares figurent le paiement électronique des factures, désormais possible via l’application “my Badr” pour les clients disposant de cartes interbancaires du réseau BADR. Ce système, en cours de déploiement, devrait à terme être étendu à d’autres banques, offrant ainsi plus de flexibilité et d’accessibilité aux usagers.
L’ADE a également conclu des conventions-cadres avec l’opérateur de téléphonie mobile Djezzy, permettant d’intégrer les solutions numériques de ce partenaire dans son dispositif de gestion et de communication. L’ambition affichée est de rattraper le retard en matière de digitalisation, afin de répondre aux besoins croissants d’une population de plus en plus connectée.
Dans un contexte où la dette publique reste un sujet sensible en Algérie, cette situation rappelle l’importance d’une gestion rigoureuse des ressources et de l’instauration d’une culture du paiement régulier. La dette, en tant que reflet d’un dysfonctionnement à plusieurs niveaux, interroge sur la capacité du pays à assainir ses finances tout en maintenant la qualité du service public. L’Algérie, déjà confrontée à de nombreux enjeux structurels, voit à travers cette dette un signal d’alarme qui ne saurait être ignoré. Le dossier est désormais sur la table des autorités, qui devront, avec l’ADE, trouver des solutions durables pour éviter que cette dette ne devienne un fardeau insurmontable.