Alors que la location d’un logement Airbnb représente pour beaucoup une alternative souple et économique aux hôtels traditionnels, un obstacle inattendu refait surface en Algérie, suscitant interrogations et incompréhensions. De nombreux utilisateurs découvrent que la plateforme de location entre particuliers ne permet pas, dans une large majorité des cas, d’accueillir des couples non mariés. Le livret de famille devient alors un document incontournable pour valider une réservation, un fait qui surprend surtout les touristes ou les Algériens résidant à l’étranger, peu familiers avec certaines pratiques locales.
Sur l’application Airbnb, il suffit de parcourir les annonces de logements en Algérie pour constater la récurrence d’une clause bien particulière : seuls les couples légalement mariés sont acceptés. Cette précision, souvent visible dans la description du bien ou communiquée directement par les hôtes lors de l’échange préalable à la réservation, ne laisse aucune place au doute. Il ne s’agit pas d’une politique officielle de la plateforme américaine à l’échelle internationale, mais bien d’une adaptation au contexte social et réglementaire local, où les relations hors mariage ne sont pas reconnues et peuvent même faire l’objet de poursuites en cas de plainte.
Ainsi, même dans des villes prisées comme Alger, Oran, Constantine ou Annaba, les conditions d’accueil dans les Airbnb restent étroitement encadrées lorsqu’il s’agit de couples. Le livret de famille fait office de preuve irréfutable du mariage. À défaut de ce document, la majorité des hôtes refusera l’accès au logement, même si les deux personnes effectuent la réservation ensemble. Dans certains cas, les annulations sont immédiates après vérification de l’identité des voyageurs. Cette rigueur dans l’application de la règle n’est pas sans conséquences : de nombreux voyageurs racontent avoir été contraints de revoir leurs plans au dernier moment, ou même de se retrouver sans hébergement en pleine nuit, faute d’avoir anticipé cette contrainte.
Il convient de rappeler que cette exigence du livret de famille n’est pas propre aux logements Airbnb. Elle s’applique également dans la plupart des hôtels du pays, en vertu d’un usage largement répandu dans les établissements algériens. Bien que la loi n’impose pas directement aux établissements de vérifier l’état civil des clients, la pratique est entrée dans les mœurs, les propriétaires préférant éviter tout risque d’ennui juridique ou administratif. En cas de contrôle inopiné ou de plainte d’un voisin, un hébergeur peut se retrouver dans une situation délicate s’il est accusé d’avoir permis une cohabitation jugée « illégale » par les autorités locales.
Cette réalité pousse donc les voyageurs à redoubler de vigilance lorsqu’ils planifient leur séjour en Algérie. Les couples non mariés doivent impérativement prendre leurs précautions, en contactant à l’avance les hôtes pour clarifier la politique du logement concernant le livret de famille. Dans bien des cas, la réponse est ferme : sans preuve de mariage, la réservation ne sera pas honorée, même si le paiement a déjà été effectué.
Enfin, cette situation place également les hôtes Airbnb en position délicate. Ceux qui choisissent d’assouplir la règle s’exposent à des complications légales. Ceux qui l’imposent risquent, quant à eux, de voir leur taux d’occupation baisser ou de recevoir des avis négatifs de voyageurs mal informés. Entre préservation des traditions, respect de la législation implicite et exigences du tourisme moderne, l’équilibre reste fragile. Pour l’heure, une chose est sûre : en Algérie, louer un Airbnb à deux implique souvent bien plus qu’une simple réservation en ligne.