L’Algérie, traditionnellement dépendante de la France pour ses importations de bovins, semble redéfinir ses priorités en matière d’approvisionnement en vaches. En effet, le 15 janvier, un chargement de 2.100 vaches de race Holstein a quitté le port de Belview en Irlande, destination l’Algérie. Cette expédition de grande envergure, l’une des plus importantes jamais réalisées depuis l’Irlande, marque un tournant dans les relations commerciales entre les deux pays dans le domaine de l’élevage. Les éleveurs algériens, jusqu’à présent habitués aux vaches françaises, se tournent désormais vers les génisses irlandaises, et cette tendance pourrait bien se pérenniser.
La décision de diversifier les fournisseurs est surtout liée à la crise que traverse la filière bovine algérienne. Depuis quelque temps, l’Algérie connaît des difficultés croissantes dans l’approvisionnement et la qualité de ses animaux, des problèmes qui ont incité les autorités à explorer d’autres marchés pour répondre à la demande interne. L’Irlande, forte d’une réputation d’excellence dans l’élevage de vaches Holstein, a rapidement vu une occasion de se positionner comme un acteur clé dans ce secteur.
Cette expédition de 2.100 génisses est loin d’être un cas isolé. En janvier 2024, un premier envoi de 1.000 génisses avait déjà été réalisé, et depuis, la demande pour ces vaches irlandaises n’a cessé d’augmenter. Un représentant de la filière irlandaise, Cows.ie, a exprimé sa satisfaction quant à l’intérêt croissant du marché algérien, qualifiant cette évolution de véritable opportunité pour les exportations de reproducteurs de qualité supérieure. D’ailleurs, il n’hésite pas à prédire que cette demande ne fera que se renforcer au fil du temps. Les premiers retours des éleveurs algériens sont d’ailleurs positifs : la qualité des animaux est jugée excellente, et les éleveurs semblent de plus en plus enclins à faire confiance aux génisses irlandaises.
Le marché des vaches irlandaises est en forte expansion, pas seulement en Algérie, mais également dans toute l’Afrique du Nord et même en Europe. La demande pour ces génisses est telle que les quatre navires spécialisés dans le transport d’animaux vivants sont actuellement tous mobilisés. Cows.ie, qui représente une partie des producteurs irlandais, se félicite de cette nouvelle dynamique. Cependant, l’organisation reste consciente d’une difficulté à venir : la quantité de génisses disponibles pour l’exportation pourrait devenir insuffisante si cette tendance continue à se développer. C’est pourquoi un appel est lancé aux éleveurs irlandais pour qu’ils élèvent davantage de génisses laitières, afin de répondre à la demande croissante.
Une autre raison expliquant l’attrait des génisses irlandaises pour les éleveurs algériens est liée aux normes sanitaires strictes qui régissent l’exportation d’animaux vivants depuis l’Irlande. Le ministère irlandais de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Marine veille à ce que les animaux respectent toutes les exigences sanitaires et de bien-être. En effet, l’Irlande est exempte de fièvre catarrhale, une maladie qui touche d’autres régions d’Europe et qui constitue un risque pour la santé animale. Cela renforce encore l’argument de la qualité des génisses irlandaises, qui sont désormais largement acceptées sur les marchés internationaux, y compris en Algérie.
D’un autre côté, cette situation semble également marquer un recul pour la filière bovine française. Depuis l’arrivée des génisses irlandaises, une question se pose : quel avenir pour les vaches françaises sur le marché algérien ? Traditionnellement, les éleveurs algériens ont toujours privilégié les animaux français, considérés comme un gage de qualité. Cependant, avec l’essor des exportations irlandaises et la baisse de la compétitivité de la filière bovine en France, il est probable que l’Algérie réduise ses achats en provenance de France au profit de nouveaux partenaires comme l’Irlande.
Pour les éleveurs algériens, l’arrivée de ces génisses irlandaises pourrait aussi représenter un changement dans les méthodes d’élevage. Les vaches Holstein, réputées pour leur productivité, pourraient permettre de diversifier les élevages en Algérie et de les rendre plus compétitifs. En effet, la race Holstein est particulièrement adaptée à la production laitière, un secteur où l’Algérie cherche également à se développer.
En somme, l’exportation de génisses irlandaises vers l’Algérie témoigne d’un bouleversement dans le paysage commercial et agricole du pays. Ce mouvement, bien que récent, semble s’inscrire dans une logique de diversification des sources d’approvisionnement, face aux défis auxquels la filière bovine algérienne est confrontée. À mesure que cette dynamique se développe, l’Irlande pourrait bien se positionner comme le principal fournisseur de bovins de qualité pour l’Algérie, au détriment de la France, dont le marché bovin semble désormais davantage concurrencé.
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