Algérie – Maroc : la France prend une décision surprenante

Tebboune Roi du Maroc Macron France

Le dossier du Sahara occidental, figé dans un statu quo depuis des décennies, continue d’écrire ses lignes au rythme des décisions diplomatiques. Et cette semaine, la France a choisi de réaffirmer clairement la sienne et de soutenir le Maroc, malgré la sensibilité du sujet et la crise persistante avec l’Algérie. Dans un contexte tendu, où chaque mot pèse lourd, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a exprimé à son homologue marocain Nasser Bourita le maintien sans équivoque de la position française sur ce territoire disputé entre le Maroc et le Front Polisario.

Lors d’un entretien tenu lundi soir, Barrot a souligné que la position de la France sur le Sahara occidental restait « intangible ». Cette formulation, soigneusement pesée, a été confirmée par un communiqué officiel du ministère des Affaires étrangères publié mardi. On peut y lire que « le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine ». Une déclaration, qui réjouit le Maroc, et qui n’a rien d’anodin, puisqu’elle intervient dans une période où les relations entre la France et l’Algérie sont particulièrement dégradées.

Ce soutien clair au plan d’autonomie marocain, présenté par Rabat en 2007, est une constante de la diplomatie française ces dernières années. Ce plan, qualifié de « sérieux, crédible et réaliste » par plusieurs chancelleries occidentales, propose une autonomie du Sahara occidental sous souveraineté marocaine. Il est désormais perçu par la France comme l’unique base viable pour parvenir à une solution politique juste et durable à ce conflit, vieux de plus de 40 ans.

Ce positionnement continue néanmoins de provoquer l’ire d’Alger, soutien historique du Front Polisario, qui défend l’organisation d’un référendum d’autodétermination supervisé par les Nations unies. Pour l’Algérie, la question sahraouie est intimement liée à sa vision du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Ainsi, le choix de Paris de maintenir son appui à Rabat n’a pas seulement une portée régionale, mais s’inscrit aussi dans une reconfiguration plus large des équilibres géopolitiques au Maghreb.

Cette posture française a été l’un des éléments déclencheurs de la crise diplomatique actuelle avec Alger. Huit mois plus tôt, les propos du président Emmanuel Macron en faveur du plan marocain avaient été très mal accueillis dans la capitale algérienne. Depuis, les tensions n’ont cessé de s’aggraver, malgré quelques signaux d’apaisement, comme la visite de Jean-Noël Barrot à Alger début avril, au cours de laquelle il avait rencontré le président Abdelmadjid Tebboune. Mais les gestes diplomatiques n’ont pas suffi à éteindre l’incendie.

La dernière escalade en date a été marquée par une mesure radicale : l’Algérie a décidé d’expulser douze fonctionnaires français. Une riposte à l’arrestation et la détention en France d’un agent consulaire algérien, soupçonné d’association de malfaiteurs à visée terroriste, aux côtés de deux autres individus. Une affaire sensible, venue se greffer à un climat déjà délétère, et qui laisse peu de place à la conciliation.

En parallèle de cette crispation avec Alger, Paris et Rabat renforcent leur proximité. Le communiqué français ne se contente pas de réaffirmer une ligne diplomatique sur le Sahara : il célèbre également une relation bilatérale en plein essor. Jean-Noël Barrot et Nasser Bourita se sont mutuellement félicités du « dynamisme sans précédent » de leurs liens, insistant sur la volonté commune de renforcer un « partenariat d’exception renforcé ».

Cette convergence franco-marocaine s’inscrit aussi dans une perspective stratégique plus large. Dans une récente déclaration, le ministre marocain du Budget, Fouzi Lekjaa, a évoqué l’ambition partagée par Rabat et Paris de « partir à la conquête de l’Afrique ». Une dynamique qui pourrait s’avérer déterminante à l’heure où les puissances régionales redessinent leurs alliances sur le continent.

La France, en réitérant son soutien à la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, au détriment de la position de l’Algérie, fait donc le choix d’une continuité diplomatique assumée. Mais ce choix, lourd de conséquences, risque de prolonger le gel des relations avec Alger. Dans ce bras de fer diplomatique entre deux géants du Maghreb, Paris semble avoir tranché – du moins pour l’instant.

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