Algérie, Maroc Sahara Occidental : l’ONU passe enfin à l’action 

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Un souffle d’espoir semble enfin se lever sur le long et complexe dossier du Sahara Occidental, alors que l’Organisation des Nations unies amorce un mouvement concret susceptible de redonner vie au processus de paix. Vendredi 4 avril 2025, une étape symbolique et diplomatiquement lourde de sens a été franchie : Staffan de Mistura, envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara Occidental, s’est rendu dans les camps des réfugiés sahraouis. Ce déplacement, d’apparence protocolaire, revêt une signification profonde, en ce qu’il marque une relance potentielle du processus politique, longtemps enlisé, autour de la question sahraouie.

Cette visite, qui s’inscrit dans une mission de deux jours, a pour principal objectif de préparer le briefing que De Mistura doit présenter à huis clos devant le Conseil de sécurité des Nations unies à la mi-avril. Ce rendez-vous diplomatique est d’autant plus crucial qu’il survient dans un contexte marqué par une stagnation prolongée et une frustration croissante au sein des populations sahraouies. Dans les camps, l’envoyé onusien a rencontré les autorités sahraouies, mais aussi des représentants de la société civile, témoignant ainsi d’une volonté de prendre en compte toutes les voix. Il a également visité plusieurs institutions de l’État sahraoui, établissant un contact direct avec les structures administratives qui régissent la vie des réfugiés.

Le Front Polisario, par la voix de son représentant auprès de l’ONU et coordinateur avec la MINURSO, Mohamed Sidi Amar, a réaffirmé son attachement inébranlable au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, à la liberté et à l’indépendance. Le diplomate sahraoui a rappelé que le plan de règlement conjointement élaboré par l’ONU et l’Union africaine, accepté par le Maroc et le Front Polisario, reste le seul cadre légitime pour une solution pacifique. Ce plan, qui prévoit l’organisation d’un référendum d’autodétermination, demeure, selon lui, la voie juste et réaliste pour clore un processus de décolonisation encore inachevé.

L’année précédente, le 31 octobre 2024, le Conseil de sécurité avait adopté la résolution 2756, prorogeant le mandat de la MINURSO d’une année supplémentaire. Cette résolution soulignait à nouveau la nécessité d’une solution juste, durable et mutuellement acceptable, qui garantirait le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Pourtant, malgré ces résolutions successives, peu de progrès concrets ont été réalisés sur le terrain, et la situation des droits humains dans les territoires sahraouis reste préoccupante.

Le rapport du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, publié le 1er octobre 2024, exprimait déjà une inquiétude persistante. Il y soulignait l’impossibilité pour le bureau du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) d’accéder au Sahara Occidental pour la neuvième année consécutive, malgré de nombreuses demandes officielles. Le secrétaire général dénonçait alors l’absence de coopération, en contradiction avec la résolution 2703 (2023) qui encourageait pourtant une telle ouverture. Ce verrouillage de l’accès humanitaire et de la surveillance des droits fondamentaux empêche tout suivi indépendant des conditions de vie dans les territoires occupés, aggravant les tensions et la défiance entre les parties.

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La visite de Staffan de Mistura s’inscrit ainsi dans une double logique : diplomatique d’un côté, en tant que prélude à une nouvelle tentative de médiation ; humaine de l’autre, en reconnaissant la souffrance d’un peuple en exil depuis des décennies. Son rapport à venir devant le Conseil de sécurité est très attendu, tant par les camps sahraouis que par la communauté internationale. Le silence des dernières années, ponctué de timides interventions diplomatiques, a permis à la situation de se figer, voire de se détériorer.

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Dans ce contexte, le rôle de l’Algérie reste central, en tant que soutien politique et logistique de longue date du Front Polisario, tandis que le Maroc, qui considère le Sahara Occidental comme faisant partie intégrante de son territoire, campe sur des positions fermes, rejetant tout référendum d’autodétermination. Le jeu diplomatique reste complexe, tissé d’intérêts stratégiques, économiques et régionaux profonds. Mais l’ONU semble, pour la première fois depuis longtemps, prête à reprendre l’initiative.

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Le Sahara Occidental, dernier territoire non autonome d’Afrique inscrit à l’agenda de la décolonisation des Nations unies, est à un tournant de son histoire. La visite de De Mistura ne règle rien à elle seule, mais elle peut amorcer un changement d’élan. Dans les campements balayés par le vent du désert, l’espoir reste fragile, mais il renaît.