L’Algérie met une croix rouge sur un produit phare français

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L’Algérie vient d’envoyer un signal clair aux marchés céréaliers internationaux en décidant, une fois de plus, de bouder un produit français longtemps dominant dans ses importations. Lors de son dernier appel d’offres international, l’Office national interprofessionnel des céréales (OAIC) a conclu l’achat d’environ 700 000 tonnes de blé meunier, en privilégiant exclusivement une origine bien précise : celle de la mer Noire. Cette décision s’inscrit dans une tendance observée depuis plusieurs mois, où l’Algérie tourne progressivement le dos au blé français, autrefois un produit incontournable dans les contrats d’importation algériens. Ce glissement vers une nouvelle origine d’approvisionnement traduit une transformation stratégique profonde dans les choix d’importation de l’Algérie, qui semble vouloir redéfinir ses partenaires économiques dans le secteur agroalimentaire.

Le produit français, notamment le blé, qui faisait autrefois figure de référence sur le marché algérien, voit ses parts fondre comme neige au soleil. La confirmation de cette orientation a été rapportée jeudi par le site spécialisé terre-net, révélant que l’appel d’offres algérien s’est clôturé sans aucune acquisition provenant de France. L’Algérie, en misant à nouveau sur le blé de la mer Noire, confirme son désengagement progressif du produit français. Cela intervient dans un contexte où plusieurs pays, dont la France, espéraient un redressement de leurs exportations grâce à des campagnes agricoles plus prometteuses, mais cette absence de contrats algériens vient noircir leurs perspectives.

Cette évolution pèse lourdement sur le secteur céréalier français. À titre d’exemple, malgré le retour de l’Égypte dans les carnets de commandes, l’Algérie continue de se démarquer par son absence, ce qui inquiète de nombreux acteurs du marché. Julie Garet, cheffe de l’unité Grains et Sucre de FranceAgriMer, souligne d’ailleurs que « nos pays de destination habituelle, parmi lesquels l’Algérie et la Chine, ont été fortement remis en question sur la campagne 2024/25 ». Une remise en question qui fait mal, surtout pour un produit français comme le blé, qui peine à trouver de nouveaux débouchés à la hauteur des volumes jadis écoulés en Algérie.

Dans cette conjoncture, la question de savoir si les marchés traditionnels comme l’Algérie peuvent redevenir accessibles ou s’il faut se tourner vers d’autres horizons reste sans réponse claire. Le président du conseil spécialisé « grandes cultures » de FranceAgriMer, Benoît Piètrement, évoque l’instabilité du marché mondial, aggravée par des facteurs géopolitiques, notamment les politiques tarifaires américaines et les déclarations de Donald Trump, qui ajoutent une couche d’incertitude.

Au même moment, les États-Unis, par la voix de leur département de l’Agriculture (USDA), ont revu à la hausse les prévisions mondiales de stocks de blé pour la campagne 2024-2025, notamment grâce à une augmentation de la production européenne. Cette hausse n’arrange pas les exportateurs français qui, en plus de faire face à une concurrence accrue, voient un de leurs principaux clients, l’Algérie, se détourner durablement de leur produit phare. Une situation d’autant plus préoccupante que le blé, en tant que produit français stratégique, souffre également du ralentissement des achats chinois.

Les indicateurs économiques confirment cette tendance. À la Bourse de Chicago, les prix des céréales ont enregistré une baisse sensible, avec un blé passé sous les cinq dollars le boisseau avant de légèrement remonter. En Europe, sur Euronext, la tendance reste également hésitante, même si les perspectives de récolte sont optimistes, notamment pour le blé tendre prévu à hauteur de 129,8 millions de tonnes selon les derniers ajustements de Strategie Grains.

L’Algérie, en renforçant ses liens avec les fournisseurs de la mer Noire, semble sceller le sort du produit français dans ses plans d’approvisionnement. Et ce revirement n’est pas anodin. Il envoie un message fort à l’ensemble des acteurs du marché céréalier : les règles du jeu ont changé. Le produit français, malgré ses qualités techniques et son historique commercial, ne semble plus bénéficier de l’avantage stratégique dont il jouissait auprès de l’Algérie. Cette décision, répétée appel d’offres après appel d’offres, rend visible une cassure nette entre l’Algérie et le produit français, que même les fluctuations des récoltes et les ajustements géopolitiques ne semblent pas capables de combler pour l’heure.

Alors que la moisson 2025 s’annonce meilleure que celle de l’année précédente et que les stocks mondiaux sont en hausse, la désaffection de l’Algérie pour le produit français risque de se faire sentir plus longtemps que prévu. Cette réalité oblige les exportateurs français à repenser leur stratégie, car l’Algérie, par son volume d’achat et sa position historique de partenaire, a toujours pesé dans la balance. Et désormais, c’est cette même Algérie qui, par ses choix successifs, tourne la page sur un produit français qui ne fait plus partie de ses priorités.