« L’Algérie n’a pas que des ennemis en France »

Ségolène Royal France Algérie

Les relations entre la France et l’Algérie ont toujours été marquées par une alternance de tensions et de rapprochements, façonnées par une histoire complexe et des intérêts politiques parfois divergents. Dans ce climat souvent conflictuel, certains acteurs publics en France se distinguent par une approche différente, prônant un dialogue plus apaisé et une reconnaissance des réalités historiques. C’est précisément ce que met en avant le journal algérien El Moudjahid dans son édition du dimanche 23 mars 2025, avec une une percutante intitulée : « L’Algérie n’a pas que des ennemis en France ».

À travers cette couverture, le quotidien algérien met en lumière quatre personnalités françaises qui, chacune à leur manière, ont pris position en faveur d’un apaisement des relations franco-algériennes. Parmi elles figurent l’ancienne ministre Ségolène Royal, le journaliste politique Jean-Michel Aphatie, l’historien Benjamin Stora et le député de La France Insoumise (LFI), David Guiraud. Ces figures publiques ont, ces dernières semaines, multiplié les interventions médiatiques pour dénoncer certaines postures gouvernementales françaises ou pour appeler à une réconciliation plus franche entre les deux pays.

Jean-Michel Aphatie, chroniqueur politique bien connu, s’est retrouvé au cœur d’une polémique après avoir comparé les exactions de l’armée française en Algérie à celles commises par les nazis lors du massacre d’Oradour-sur-Glane en 1944. Des propos qui ont suscité une réaction immédiate et une mise à l’écart de l’antenne de RTL à partir du 5 mars 2025. Refusant de présenter des excuses, le journaliste a finalement décidé de quitter la station. Ses déclarations, bien que controversées, ont trouvé un écho auprès de certains historiens et spécialistes qui rappellent la brutalité de la conquête coloniale française et les violences commises pendant la guerre d’Algérie.

De son côté, Ségolène Royal, ancienne ministre de l’Environnement, a pris la parole à plusieurs reprises pour appeler à une refonte des relations entre Paris et Alger. Elle a insisté sur l’importance de construire un dialogue basé sur le respect mutuel et la reconnaissance des souffrances du passé. Selon elle, la France doit adopter une posture plus conciliante et cesser d’attiser inutilement les tensions pour des raisons politiques internes.

L’historien Benjamin Stora, spécialiste reconnu de l’histoire de l’Algérie coloniale, a quant à lui fustigé l’attitude du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. Il estime que « la crise franco-algérienne est instrumentalisée à des fins de politique intérieure » et que les débats actuels autour des tensions entre les deux pays servent avant tout des intérêts électoralistes. Son analyse, appuyée par de nombreux travaux de recherche, met en perspective la persistance des enjeux mémoriels et la nécessité d’un travail historique approfondi pour dépasser les rancœurs.

Enfin, David Guiraud, député de LFI, s’est récemment illustré par une prise de position ferme contre le ministre de l’Intérieur. Il a dénoncé ce qu’il considère comme des provocations répétées de Bruno Retailleau et l’a accusé de « sacrifier » l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal sur l’autel des tensions diplomatiques. Son engagement en faveur d’un dialogue plus constructif avec Alger lui a valu une mise en avant dans les médias algériens, qui voient en lui une voix dissonante au sein du paysage politique français.

Le choix éditorial d’El Moudjahid s’inscrit dans une volonté de montrer qu’au-delà des discours hostiles, il existe en France des personnalités influentes qui plaident pour une approche plus nuancée et respectueuse envers l’Algérie.

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