Entre l’Algérie et l’Espagne, le courant semble de nouveau passer. Après près de deux années de gel des échanges, notamment dans le secteur stratégique de la céramique, les indicateurs sont enfin repassés au vert. L’Algérie, qui avait mis un coup d’arrêt brutal aux importations en provenance de l’Espagne en réaction à une crise diplomatique, semble aujourd’hui rouvrir progressivement ses portes. Une nouvelle qui sonne comme une véritable bouffée d’air pour les professionnels espagnols, à commencer par les céramistes qui ont longtemps payé le prix fort de cette brouille.
Les chiffres sont clairs : les exportations de céramique en provenance d’Espagne vers l’Algérie ont atteint 25,14 millions d’euros sur le seul premier trimestre 2025. Ce chiffre dépasse même celui enregistré à la même période en 2022, où l’Espagne avait exporté pour 23,36 millions d’euros de frites céramiques et émaux vers l’Algérie, juste avant que les tensions diplomatiques ne bloquent brutalement les flux. Le symbole est fort : l’Algérie redevient ainsi la deuxième destination pour ces produits espagnols, juste derrière l’Italie, selon l’association professionnelle espagnole Anffecc.
Le secteur de la céramique, très présent dans certaines régions d’Espagne comme la Communauté valencienne, a été l’un des plus durement frappés par le refroidissement des relations avec l’Algérie. Le gel des importations algériennes avait entraîné une accumulation de stocks, une baisse de la production et une chute du chiffre d’affaires chez de nombreux industriels. Certains avaient été contraints de chercher de nouveaux débouchés, souvent moins rentables, pour écouler leur production. Le retour de l’Algérie comme client majeur apporte donc un soulagement très concret.
Ce redémarrage des échanges prouve que l’Algérie, malgré les tensions passées, reconnaît encore la qualité et la compétitivité des produits espagnols. L’Espagne, de son côté, comprend que l’Algérie reste un marché incontournable dans le sud de la Méditerranée. En renouant ce lien commercial, l’Algérie envoie aussi un signal aux autres partenaires économiques : elle peut se montrer ferme sur le plan diplomatique, mais elle reste attachée à des relations économiques solides et rationnelles.
Pour l’Espagne, la décision de l’Algérie de rouvrir ce canal d’échange est bien plus qu’un simple geste commercial. C’est un signal positif pour d’autres entreprises espagnoles touchées par les restrictions algériennes. De nombreux secteurs, au-delà de la céramique, espèrent désormais suivre le même chemin. Le monde agricole, les industriels de l’agroalimentaire, ou encore les producteurs de matériaux de construction, qui exportaient historiquement vers l’Algérie, pourraient eux aussi bénéficier de cette détente commerciale.
L’Algérie, de son côté, retrouve un partenaire européen fiable pour ses besoins en produits finis. La qualité, la proximité géographique et les liens logistiques déjà existants rendent l’Espagne particulièrement compétitive. Malgré la parenthèse diplomatique tendue, les intérêts économiques mutuels reprennent le dessus. Il est peu probable que cette reprise se limite à la seule céramique. Elle pourrait annoncer une normalisation plus large, en phase avec une nouvelle phase de coopération entre l’Algérie et l’Espagne.
Ainsi, en l’espace de quelques mois, l’Algérie est redevenue un marché stratégique pour les exportateurs espagnols, qui y voient une opportunité de reconquête. L’Espagne, pour sa part, redécouvre l’importance de ses relations avec le sud méditerranéen. Dans un contexte international incertain, où les équilibres géopolitiques évoluent vite, cette bouffée d’air venue d’Algérie tombe à point nommé pour de nombreux industriels espagnols.