Algérie : plus de 120.000 euros retrouvés dans les intestins de voyageuses 

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L’affaire a de quoi surprendre, même dans un pays habitué à des saisies de devises régulières aux frontières. Trois voyageuses ont été interceptées alors qu’elles s’apprêtaient à quitter l’Algérie à destination de la Tunisie, transportant illégalement plus de 120.000 euros, de l’or et des devises étrangères cachés dans leurs intestins. Un mode opératoire aussi risqué qu’inédit, qui a immédiatement suscité l’étonnement des autorités et du grand public.

Selon les précisions données par une responsable de la police algérienne dans une intervention diffusée ce dimanche 20 octobre sur les réseaux sociaux, l’opération a eu lieu durant la dernière saison estivale, une période où les postes-frontières du pays enregistrent un afflux considérable de voyageurs. Les services de sécurité, agissant sur la base de soupçons, ont procédé à des contrôles renforcés, aboutissant à la découverte d’un important montant de devises étrangères. Au total, les agents ont mis la main sur 127.900 euros, 3.140 livres turques, sept pièces d’or totalisant 2,4 kilogrammes, ainsi que quatre téléphones portables.

Les trois voyageuses, âgées de 45 à 55 ans et originaires des wilayas du centre du pays, s’apprêtaient à quitter l’Algérie pour la Tunisie lorsqu’elles ont été interpellées. Selon le rapport officiel, leur attitude nerveuse et leurs gestes inhabituels ont éveillé la méfiance des policiers. Ce comportement a conduit à une fouille approfondie, d’abord manuelle, puis médicale, à la suite d’un transfert vers un établissement hospitalier. Les examens radiologiques ont révélé la présence de corps étrangers dans les intestins des trois voyageuses, confirmant qu’elles avaient littéralement avalé les liasses de billets et les objets précieux pour échapper aux contrôles.

L’imagerie médicale a permis d’identifier plusieurs masses compactes, correspondant aux paquets contenant les euros, les livres turques et les pièces d’or. Une méthode de dissimulation jugée extrêmement dangereuse pour la santé, puisque l’ingestion de tels objets peut provoquer des perforations intestinales, des infections sévères ou même la mort. Selon les enquêteurs, les trois femmes auraient agi sur instruction d’un réseau spécialisé dans le transfert illégal de devises vers l’étranger.

Lors de leurs interrogatoires par les services de sécurité, les voyageuses ont reconnu les faits. Elles ont expliqué avoir avalé les sommes en euros et en livres turques, ainsi que les pièces d’or, afin d’éviter les scanners de sécurité et les contrôles douaniers. Leur objectif était de faire passer ces devises vers la Tunisie avant de les transférer vers un autre pays du Maghreb ou du Moyen-Orient. L’enquête a rapidement été confiée aux autorités judiciaires compétentes, qui ont ordonné leur placement en détention préventive en attendant la suite de la procédure.

Ce qui frappe dans cette affaire, ce n’est pas seulement la quantité d’argent impliquée, mais surtout la méthode de dissimulation choisie par les trois voyageuses. Les services de sécurité ont souligné le caractère inédit de cette tentative, rappelant que si le transport illégal de devises est un phénomène bien connu en Algérie, l’ingestion de billets et d’or reste extrêmement rare. Le ministère de l’Intérieur a d’ailleurs salué la vigilance des agents de la police des frontières, dont la réactivité a permis d’éviter la perte de sommes considérables.

Cet épisode illustre une nouvelle fois les défis auxquels les autorités algériennes doivent faire face pour endiguer la fuite de capitaux et la contrebande de devises. Avec le durcissement des contrôles aux aéroports et aux postes terrestres, certains contrebandiers recourent désormais à des méthodes extrêmes pour contourner la loi. Mais dans ce cas précis, le sort des trois voyageuses rappelle que les risques encourus — tant judiciaires que sanitaires — sont considérables.

Les autorités judiciaires ont confirmé que des investigations complémentaires sont en cours afin d’identifier les éventuels complices et les circuits financiers impliqués dans cette tentative de transfert illicite. En attendant, cette saisie spectaculaire de plus de 120.000 euros dans les intestins de trois voyageuses restera sans doute comme l’une des affaires les plus insolites de l’année en Algérie, démontrant une fois de plus que la créativité des fraudeurs n’a parfois d’égale que leur imprudence.