Le tribunal de Chéraga s’est penché, ce dimanche, sur une affaire qui a secoué le secteur postal en Algérie. Un agent de guichet de poste d’Ouled Fayet, identifié sous les initiales « A.M.Ch. », est accusé d’avoir détourné près de 600 millions de centimes du compte Algérie Poste d’une ressortissante française résidant à l’étranger.
L’origine du scandale remonte au mois d’octobre 2024, lorsqu’une anomalie financère a été décelée par un audit interne. L’inspectrice régionale des comptes de la Poste Algérie pour la région d’Alger-Oest a remarqué un manque considérable de fonds sur un compte appartenant à une citoyenne française. La situation a été exacerbée par l’absence du caissier principal, parti en congé annuel, laissant ainsi une faille exploitée par les prévenus.
Les investigations ont révélé, selon Ennahar, que l’argent avait été prélevé en plusieurs tranches sans aucune trace matérielle, ni bordereaux de retrait, ni chèques justifiant ces opérations suspectes. La stratégie employée par le principal accusé consistait à effectuer des retraits fractionnés afin de ne pas attirer l’attention des contrôleurs financiers. Il a ensuite transféré des sommes sur les comptes de ses complices, notamment un étudiant universitaire à l’étranger, identifié sous les initiales « B.A. », et deux autres personnes chargées de dissimuler les fonds.
Lors de son audition, « A.M.Ch. » a avoué avoir détourné ces fonds en raison de difficultés financières, précisant qu’il se préparait à se marier et était dans une situation précaire. Il a expliqué que l’idée lui était venue après une conversation avec son collègue « N.N. », qui lui aurait suggéré de profiter des fonds dormants sur le compte d’une cliente peu active. Ce dernier, qui travaille aussi au bureau de poste, est soupçonné d’avoir facilité l’accès au compte de la victime et encouragé son complice à franchir le pas en lui suggérant d’acquérir un véhicule avec l’argent volé.
D’après les déclarations recueillies, le principal suspect a commencé par un premier transfert de 50 millions de centimes vers le compte de son ami « B.A. », avant de procéder à d’autres retraits de manière quotidienne pour ne pas dépasser le plafond autorisé. L’argent retiré était ensuite redistribué à des complices qui, selon leurs déclarations, ignoraient l’origine frauduleuse des fonds.
Face au tribunal, les accusés ont adopté des stratégies de défense divergentes. « A.M.Ch. » a plaidé coupable, reconnaissant l’entièreté des faits et exprimant des remords. Il a affirmé avoir prévu de restituer les sommes une fois sa situation financière stabilisée. Son avocat a tenté de minimiser l’affaire en soulignant que la faille ne venait pas uniquement de son client, mais aussi d’un système de contrôle interne inefficace au sein de la Poste Algérie.
Quant à « N.N. », il a nié toute implication active, prétendant que ses discussions avec le principal accusé n’étaient que des échanges informels sans intention criminelle. « B.A. », l’étudiant, a pour sa part déclaré qu’il n’avait jamais questionné l’origine de l’argent qui lui avait été envoyé, le pensant issu d’une transaction tout à fait légale.
Le parquet a requis une peine de cinq ans de prison ferme et une amende de 500 000 dinars contre « A.M.Ch. », estimant que les faits étaient d’une gravité exceptionnelle. Pour son complice « N.N. », le procureur a demandé quatre ans d’emprisonnement et une amende de 100 000 dinars. Quant aux autres suspects, poursuivis pour recel de biens volés, ils risquent trois ans de prison et 100 000 dinars d’amende chacun.
Il est à noter que, le verdict est attendu, dans les tout prochains jours.
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