Dans un événement marquant pour le rayonnement de l’Algérie sur la scène intellectuelle internationale, la prestigieuse université d’Oxford a accueilli, lundi 28 avril 2025, une conférence dédiée à la pensée universelle de l’Émir Abdelkader. Invité par le Centre pour les études islamiques de l’institution britannique, le recteur de Djamaâ El Djazaïr, Cheikh Mohamed Maâmoun Al Kacimi Al Hoceini, a mis en lumière l’héritage de l’Emir, en présence de l’ambassadeur d’Algérie au Royaume-Uni, M. Nourredine Yazid, ainsi que de nombreux professeurs et chercheurs spécialisés.
Cheikh Al Kacimi a centré son intervention sur le système de valeurs ayant façonné le parcours exceptionnel de l’Émir Abdelkader, soulignant combien ses enseignements résonnent avec les défis contemporains. Selon lui, la pensée de l’Émir offre des réponses profondes aux crises actuelles d’un monde désorienté. Il a ainsi rappelé que le voyage de l’Émir à travers l’Orient n’a pas seulement nourri sa dimension spirituelle, mais a aussi enrichi sa capacité à concilier foi, savoir et responsabilité politique, dans un esprit de tolérance universelle.
L’évocation du rôle de l’Émir dans la résistance contre l’invasion française a illustré une vision de la lutte qui dépassait la seule confrontation militaire. Pour l’Émir Abdelkader, la véritable victoire reposait autant sur la force que sur la justice, la discipline et le respect des principes moraux. Le recteur a souligné que l’Emir attachait une importance capitale au respect des prisonniers et des civils, ce qui, à l’époque, constituait une rareté dans la conduite des conflits. Cette humanité affichée face à l’ennemi lui a valu une admiration sincère, y compris de la part de ses adversaires européens, et a contribué à ancrer son nom dans la mémoire collective de l’Histoire.
Parmi les nombreux aspects abordés à Oxford, le conférencier a insisté sur la compréhension authentique du concept de djihad en Algérie selon l’Émir. Corrigeant des idées erronées, il a expliqué que l’Émir défendait un djihad éthique, prescrit uniquement pour se défendre contre l’oppression, garantir la liberté des peuples et protéger la dignité humaine. Cette vision, loin des déformations modernes, éclaire une facette essentielle de l’Islam tel que l’Émir l’a pratiqué et prêché.
Après des années de combat héroïque, l’Émir Abdelkader a, en 1847, choisi de cesser les hostilités pour éviter une effusion de sang inutile. Un choix dicté par une haute conscience morale. Ce même esprit de paix s’est poursuivi lorsqu’il s’installa à Damas en 1855, où il se consacra entièrement à l’enseignement religieux et à la spiritualité jusqu’à sa disparition en 1883.
Cheikh Al Kacimi a rappelé un épisode emblématique : en 1860, lors des tensions sanglantes entre Druzes et Chrétiens en Syrie, l’Émir Abdelkader s’est dressé pour protéger des milliers de vies chrétiennes, y compris celles du consul britannique de Damas et de sa famille. Ce geste héroïque valut à l’Émir des remerciements personnels de la reine Victoria, ainsi que de nombreux honneurs internationaux, renforçant son image de bâtisseur de paix au-delà des frontières et des religions.
Le recteur de Djamaâ El Djazaïr a insisté sur le fait que l’héritage de l’Émir ne doit pas être considéré comme une simple page du passé, mais plutôt comme une source vivante d’inspiration pour construire un monde fondé sur la justice, la compréhension mutuelle et la dignité humaine. La pensée de l’Émir propose une conception de la paix dynamique, exigeant un engagement permanent, un courage éthique aussi profond que le courage militaire.
À l’issue de la conférence, un débat riche et animé a rassemblé les participants, témoignant du grand intérêt que suscite toujours la figure de l’Émir Abdelkader. Ce moment d’échange a renforcé l’importance pour l’Algérie de continuer à porter haut l’image de ses grandes figures historiques dans les cercles intellectuels les plus prestigieux du monde, y compris à Oxford.