L’Algérie franchit une nouvelle étape dans sa lutte contre le marché noir des devises en mettant en place des bureaux de change officiels dans des points stratégiques du pays. Une initiative qui s’inscrit dans la volonté des autorités de réguler les transactions en devises et d’offrir une alternative légale aux voyageurs.
Le port et l’aéroport international d’Alger ont été choisis comme premières plateformes pour cette réforme. En effet, quatre bureaux de change seront prochainement opérationnels au sein de la gare maritime du port d’Alger. Le Vice-Gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Benbahane, a personnellement inspecté ces nouvelles infrastructures lors de sa visite du 30 janvier 2025. Selon un communiqué publié par l’Entreprise Portuaire d’Alger (Epal) sur sa page Facebook, ces bureaux de change offriront bientôt leurs services aux passagers, facilitant ainsi l’accès à un change sécurisé et réglementé.
L’aéroport international d’Alger, principal point d’entrée et de sortie du pays, bénéficiera également de cette mesure. Quatre autres bureaux de change y ont été installés et devraient commencer à fonctionner incessamment. Selon le PDG de la Société de gestion des services et infrastructures aéroportuaires (SGSIA), ces nouveaux points de change s’intègrent parfaitement dans le cadre de la modernisation des services offerts aux voyageurs et participent à la concrétisation des directives gouvernementales.
Dans son communiqué, le port d’Alger a précisé que ces nouveaux bureaux de change répondront aux exigences des autorités publiques visant à encadrer et structurer le marché des devises en Algérie. « Le Vice-Gouverneur de la Banque d’Algérie, M. Benbahane Mohamed, a effectué une visite au port d’Alger dans la soirée du jeudi 30 janvier 2025, où il a inspecté quatre bureaux de change situés au niveau de la gare maritime des voyageurs. Ces bureaux devraient bientôt commencer à offrir leurs services dans le cadre de la mise en œuvre de la décision du Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, relative à l’augmentation du montant de l’allocation touristique au profit des citoyens algériens », indique-t-on dans le communiqué officiel.
Lors de cette visite, le Vice-Gouverneur était accompagné de plusieurs cadres de la Banque d’Algérie, dont le Directeur Régional du Centre et le Responsable du Système de Paiement. Il a été accueilli par le Directeur Général de l’Epal, Abdelhamid Boualaâm. Selon la même source, les services de l’Entreprise Portuaire d’Alger ont pris soin d’aménager « des emplacements adaptés » pour ces bureaux de change afin de les intégrer de manière fluide dans le parcours des voyageurs maritimes.
Ces nouveaux espaces de change, qualifiés de « premiers du genre en Algérie à ce jour », ont pour vocation de fournir aux voyageurs un service pratique, légal et sécurisé. Le Vice-Gouverneur de la Banque d’Algérie a exprimé sa satisfaction quant à la mise en place de cette initiative, soulignant qu’elle s’inscrit dans le cadre des efforts du gouvernement pour offrir une alternative légale au marché informel des devises.
Cette réforme fait suite à la publication du Règlement n° 23-01 du 21 septembre 2023, définissant les conditions d’autorisation, d’agrément et d’exercice des bureaux de change. Ce texte a été officiellement publié au Journal Officiel n° 69 du 30 octobre 2023, établissant ainsi le cadre légal nécessaire à leur mise en place. Par ailleurs, en décembre 2024, le gouvernement algérien a annoncé une augmentation de l’allocation touristique à 750 euros pour les adultes et 300 euros pour les mineurs, un montant accessible une fois par an. Cette allocation, bien que revue à la hausse, reste loin des besoins réels des voyageurs algériens à l’étranger, ce qui explique en partie la persistance du marché noir.
Autre mesure phare de cette réforme monétaire visant à contrer le marché noir des devises : le 21 novembre 2024, la Banque d’Algérie a établi un nouveau règlement plafonnant à 7 500 euros (ou équivalent en d’autres monnaies) le montant maximal de devises exportables annuellement par les résidents et non-résidents. Cette limite, auparavant appliquée à chaque voyage, s’étend désormais sur une base annuelle, modifiant ainsi les habitudes des voyageurs réguliers.
L’ouverture des bureaux de change officiels constitue un pas important dans la structuration du marché des devises en Algérie. Ces dernières années, le marché noir a connu une flambée impressionnante, avec des taux de change largement supérieurs à ceux pratiqués par les banques officielles. L’euro et le dollar y atteignent des sommets, reflétant une forte demande non satisfaite par les circuits bancaires traditionnels. L’installation de ces bureaux représente donc une tentative de l’État de capter une partie de ce marché parallèle en offrant aux citoyens une alternative légale et réglementée.
Reste à savoir si ces nouvelles mesures suffiront à réduire l’ampleur du marché noir des devises. La confiance des usagers, la compétitivité des taux de change appliqués et l’accessibilité des bureaux de change joueront un rôle clé dans l’efficacité de cette réforme. Une chose est sûre : le gouvernement algérien semble déterminé à reprendre le contrôle sur les transactions en devises et à limiter l’influence du marché parallèle sur l’économie nationale.
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