L’escale du destroyer américain USS FORREST SHERMAN (DDG-98) au port d’Alger marque une nouvelle étape dans la coopération militaire entre l’Algérie et les États-Unis. Cette présence, qui s’étendra jusqu’au 20 mai 2025, n’est pas une simple visite de courtoisie : elle s’inscrit dans un cadre stratégique de collaboration, symbolisé par la tenue d’un exercice naval conjoint connu sous l’appellation « Passex ». Cet exercice, dont la finalité principale est d’échanger des savoir-faire, de renforcer les capacités opérationnelles et de consolider les liens entre les forces navales algérienne et américaine, revêt une importance particulière dans le contexte sécuritaire régional.
Le terme « Passex », contraction de « Passing Exercise », désigne un entraînement naval qui se déroule généralement lorsque deux marines croisent leurs bâtiments de guerre dans une même zone maritime. Il s’agit d’un type d’opération qui se veut ponctuel, court mais intensif, avec des objectifs tactiques et logistiques bien définis. Le Passex, organisé dans les eaux algériennes, permettra aux équipages du navire américain et des unités navales algériennes d’effectuer des manœuvres coordonnées, allant de la navigation tactique à la communication interforces, en passant par des exercices de sécurité en mer. C’est justement dans cet esprit que ce Passex a été pensé : favoriser l’interopérabilité entre les deux marines à travers un programme commun centré sur les techniques modernes de commandement maritime, les protocoles de navigation conjointe et les dispositifs de réponse aux menaces potentielles.
La réalisation de ce Passex entre l’Algérie et les États-Unis reflète également une volonté mutuelle d’approfondir la compréhension entre les marins des deux nations. Le Passex, dans ce contexte précis, se veut donc aussi un exercice diplomatique, car il permet une interaction directe entre les militaires, en dehors des canaux institutionnels classiques. Les membres d’équipage peuvent ainsi comparer les procédures, confronter les expériences et identifier les complémentarités susceptibles d’être exploitées lors d’éventuelles opérations conjointes à l’avenir. La dimension humaine du Passex n’est donc pas à négliger : chaque manœuvre conjointe devient un outil de dialogue, chaque protocole partagé renforce la confiance mutuelle, chaque échange opérationnel éclaire les perspectives de coopération à long terme.
Par ailleurs, la présence du USS FORREST SHERMAN (DDG-98), un destroyer lance-missiles de classe Arleigh Burke, n’est pas anodine. Ce bâtiment hautement technologique symbolise à lui seul la puissance navale américaine, mais aussi son intérêt stratégique pour la région méditerranéenne et nord-africaine. Sa participation au Passex avec l’Algérie traduit une reconnaissance implicite de la place croissante que prend la marine algérienne dans les dynamiques sécuritaires maritimes régionales. Le choix de l’Algérie comme partenaire de ce Passex souligne donc un positionnement géopolitique affirmé, en lien avec la stabilité du bassin méditerranéen et la sécurisation des voies maritimes vitales pour le commerce international.
Il est important de noter que ce type de collaboration navale s’inscrit dans une logique plus large de diplomatie de défense. Le Passex, à travers sa triple répétition dans les discours stratégiques des deux pays, devient un outil de projection de puissance, mais aussi de prévention. Dans un contexte international marqué par les incertitudes sécuritaires, les conflits maritimes asymétriques et la montée en puissance de nouvelles menaces hybrides, l’entraînement opérationnel tel que le Passex devient un levier indispensable pour garantir une réactivité optimale en cas de crise. C’est donc tout l’enjeu de cet exercice naval bilatéral : anticiper, s’entraîner, se coordonner.