L’Algérie va exporter des véhicules : un plan ingénieux mis en place

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L’Algérie franchit un cap décisif dans le développement de son industrie automobile en mettant en œuvre un plan ingénieux pour exporter ses véhicules. L’objectif central de ce projet ambitieux est d’atteindre un taux d’intégration situé entre 30 % et 40 %, condition essentielle pour que les véhicules soient considérés comme d’origine algérienne et puissent ainsi bénéficier d’avantages douaniers substantiels à l’export. C’est une étape stratégique, pensée pour transformer le secteur automobile local en un véritable levier d’exportation.

Pour concrétiser cette vision, une commission spéciale relevant du ministère de l’Industrie a été installée, chargée de l’élaboration d’un référentiel précis. Ce dernier recensera, dans un tableau détaillé, l’ensemble des composants des véhicules fabriqués en Algérie. Chaque élément, depuis les matières premières jusqu’aux produits finis issus de la chaîne d’assemblage, sera étudié minutieusement. L’objectif est de déterminer la part exacte de fabrication locale dans la valeur totale de chaque véhicule, un critère fondamental pour calculer le taux d’intégration.

Ainsi, pour que l’Algérie puisse exporter des véhicules en revendiquant leur origine algérienne, chaque composant – batterie, câblage, vitrage, carrosserie, sellerie, etc. – devra faire l’objet d’une évaluation technique. Cette évaluation tiendra compte de plusieurs facteurs : le volume de production locale, le niveau de transformation industrielle sur le sol national, ainsi que la part de matières premières locales utilisées. Ce calcul minutieux permettra d’écarter les simples opérations d’assemblage et de favoriser les véritables initiatives industrielles.

Le tableau unifié en cours de préparation permettra d’afficher avec précision le taux global d’intégration pour chaque véhicule. Une fois validé, ce mécanisme sera encadré juridiquement par un arrêté ministériel, actuellement en cours de rédaction. Ce texte viendra en complément du décret exécutif n°22-384 du 15 novembre 2022, lequel définit les règles encadrant l’activité de fabrication de véhicules en Algérie. Il introduira pour la première fois des modalités techniques détaillées de calcul du taux d’intégration, obligeant les opérateurs à fournir des tableaux clairs et conformes pour pouvoir obtenir un agrément.

Ce plan vise non seulement à structurer l’écosystème industriel, mais aussi à ouvrir les portes de l’exportation. Les véhicules produits en Algérie, dès lors qu’ils atteignent un taux d’intégration supérieur à 30 % pour les marchés européens et à 40 % pour les marchés africains, seront considérés comme étant d’origine algérienne. Cette classification permettra à l’Algérie d’exporter des véhicules sans droits de douane ou avec des droits réduits, en vertu des accords existants avec l’UE et l’UA. Une manière habile d’augmenter la compétitivité des usines locales, tout en renforçant la présence du produit algérien sur les marchés étrangers.

Les travaux de cette commission ont déjà donné lieu à deux réunions importantes au ministère de l’Industrie, présidées par le ministre Seifi Ghrib. Y ont participé des opérateurs du secteur automobile, des représentants institutionnels, des experts industriels, ainsi que les responsables de la bourse de sous-traitance et du Conseil du renouveau économique algérien. Ces rencontres ont marqué un tournant dans la stratégie de relance du secteur.

Le ministre a exposé sa vision d’une industrie automobile algérienne intégrée et compétitive, en insistant sur la nécessité d’un cadre réglementaire précis et évolutif. Il a ordonné la mise en place de tableaux d’intégration obligatoires pour tout constructeur souhaitant produire en Algérie. Une commission technique mixte a alors été formée, regroupant des représentants de toutes les parties concernées et dotée d’un mandat clair : établir une feuille de route industrielle pour les mois à venir.

Parmi les chantiers prioritaires figurent la définition d’un référentiel national de fabrication automobile, la constitution d’une base de données des producteurs locaux et des sous-traitants, l’inventaire des matières premières disponibles, et la mobilisation d’experts pour valider chaque étape du processus. L’accent est mis également sur la normalisation et la certification, éléments indispensables pour que les pièces produites localement puissent être intégrées dans des véhicules destinés à l’exportation.

Ce système fondé sur la profondeur industrielle, et non sur l’assemblage superficiel, permettra à l’Algérie d’exporter des véhicules conçus selon des critères stricts. Ces véhicules, en atteignant les seuils de 30 % ou 40 %, ouvriront l’accès à de nouveaux marchés avec un label d’origine algérienne reconnu. Grâce à ce plan ingénieux, l’Algérie transforme son ambition industrielle en un projet concret : exporter des véhicules conçus localement, avec des avantages douaniers décisifs, en s’appuyant sur une base réglementaire solide, un suivi rigoureux, et une volonté politique claire.