Algérie : Youcef Merahi, ex SG du HCA, n’est plus

Youcef Merahi

L’Algérie pleure la disparition d’une figure emblématique du monde littéraire et culturel. Youcef Merahi, ancien secrétaire général du Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA), s’est éteint à l’âge de 74 ans après un long combat contre la maladie. Son décès, survenu à l’hôpital Nedir Mohamed de Tizi Ouzou, a plongé ses proches, ses collègues et les amateurs de littérature dans une immense tristesse.

Homme de lettres et de conviction, Merahi laisse derrière lui une bibliographie riche et variée, où se mêlent romans, nouvelles et recueils de poésie. Son engagement pour la langue amazighe était indéfectible, et il n’a eu de cesse de militer pour son enseignement et sa reconnaissance officielle. Diplômé de l’École nationale d’administration, il a occupé plusieurs postes de responsabilité avant d’être nommé à la tête du HCA en 1999, une institution qu’il a dirigée avec passion et détermination jusqu’à sa retraite.

Son travail au HCA a été marqué par des avancées majeures pour la langue amazighe, dont il plaidait l’intégration obligatoire dans le système scolaire. « L’enseignement de tamazight doit être une priorité nationale », répétait-il souvent, convaincu que la reconnaissance linguistique passait par une transmission à grande échelle. Son influence sur la politique culturelle du pays a été indéniable, et ses prises de position, toujours empreintes de sagesse et d’engagement, ont marqué plusieurs générations d’intellectuels et d’étudiants.

Sa disparition a donné lieu à une poignante cérémonie d’hommage à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. Parents, amis, universitaires et anonymes s’y sont retrouvés pour saluer une dernière fois celui qui, par ses écrits et son combat, a contribué à faire rayonner la culture algérienne. Son corps a ensuite été acheminé vers son village natal, Sikh Oumeddour, où il repose désormais, entouré de ceux qui l’ont vu grandir.

Si El Hachemi Assad, l’actuel secrétaire général du HCA, lui a rendu un hommage appuyé, rappelant son rôle fondamental dans la structuration et l’évolution de l’institution. « C’est avec un immense chagrin que nous avons appris son décès. Son travail, sa vision et son dévouement continueront d’inspirer ceux qui poursuivent la lutte pour la promotion de la langue amazighe », a-t-il déclaré. D’autres personnalités, dont Hamid Bilek et Abdenour Hadj Saïd, qui ont collaboré avec lui, ont également partagé des souvenirs poignants de leur complicité intellectuelle et amicale avec le disparu.

Outre son rôle administratif, Youcef Merahi était un écrivain prolifique dont les œuvres ont traversé les années sans jamais perdre de leur pertinence. Parmi ses titres les plus marquants figurent « Bris de mémoire », « Je brûlerai la mer », « Utopies et désillusion », ainsi que « Et l’ombre assassine la lumière ». Ses chroniques dans Le Soir d’Algérie, incisives et empreintes d’une profonde humanité, ont accompagné des milliers de lecteurs et ont souvent été le reflet de ses convictions et de ses luttes.

Des témoignages bouleversants se sont multipliés sur les réseaux sociaux, où amis et admirateurs ont partagé leurs souvenirs du poète au grand cœur. « Il était un sage, un mentor, un homme d’une gentillesse rare », écrit l’écrivain Mohamed Attaf, tandis que le psychiatre Mahmoud Boudarene confie sa peine de voir partir « un ami de quarante ans, une figure incontournable du paysage intellectuel algérien ». L’écrivaine Lynda Chouiten, quant à elle, salue celui qui a toujours su encourager les jeunes plumes, avec une bienveillance et une sincérité exemplaires.

Malgré la maladie qui le rongeait, Youcef Merahi n’a jamais cessé d’écrire et de lire. Jusqu’à ses derniers jours, il restait présent aux rencontres littéraires, malgré la fatigue et les difficultés de déplacement. Son dernier souhait était d’assister au salon du livre du Djurdjura, projet qu’il n’aura malheureusement pas eu le temps de réaliser. Mais son œuvre demeure, et son souvenir restera ancré dans la mémoire de ceux qui l’ont connu et admiré. Youcef Merahi n’est plus, mais son héritage, lui, continue de vivre.

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