Sur France Inter, un échange inattendu a eu lieu entre Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur, et un auditeur se présentant comme un juge administratif du tribunal de Melun. Cette confrontation a mis en lumière des tensions autour de la gestion des expulsions en France, notamment en ce qui concerne l’influenceur algérien Ami Boualem, alias Doualemn, et les implications juridiques liées à son expulsion.
Depuis plusieurs jours, Bruno Retailleau ne cesse de dénoncer ce qu’il considère comme des obstacles à l’application des lois d’expulsion, un point qu’il met en avant lors de ses interventions médiatiques. L’affaire de Doualemn, qui a secoué les débats en raison de ses propos controversés sur TikTok incitant à des actes de violence contre un opposant politique algérien, est devenue l’illustration par excellence de ce qu’il perçoit comme un dévoiement de l’État de droit. Doualemn avait été arrêté après avoir incité à « attraper » un opposant du régime algérien et à lui infliger une « correction sévère », selon les termes qu’il avait employés dans une vidéo. Pour ces faits, le préfet de l’Hérault avait ordonné le retrait de son titre de séjour et son expulsion.
Cependant, le 6 février 2025, le tribunal administratif de Melun a annulé la décision d’expulsion, arguant que le retrait du titre de séjour ne pouvait pas justifier l’obligation de quitter le territoire français. La procédure légale ne permettait pas de fonder une obligation de quitter le territoire français (OQTF) sur un retrait automatique du titre de séjour, comme l’a précisé le tribunal. Ce jugement a été largement relayé et commenté, notamment par Bruno Retailleau, qui a exprimé son mécontentement quant à la difficulté d’appliquer des décisions d’expulsion en vertu des règles juridiques en vigueur. Selon lui, « l’État de droit » semble désavantager la société française, car des individus jugés indésirables par les autorités françaises parviennent à éviter les expulsions grâce à des décisions judiciaires.
C’est dans ce contexte qu’un magistrat, identifié sous le nom de Christophe, a pris la parole en direct sur France Inter pour rappeler au ministre une réalité juridique que ce dernier semblait ignorer ou négliger. Christophe a souligné que le jugement du tribunal administratif de Melun était en fait une application stricte de la loi. Selon lui, la législation, en particulier celle votée en janvier 2024, prévoit explicitement qu’une personne disposant d’un titre de séjour ne peut pas être expulsée sur la base d’une OQTF, une procédure qui ne s’applique que dans des circonstances très précises.
Cet échange entre Bruno Retailleau et le juge a rapidement pris une tournure plus polémique, lorsque le magistrat a dénoncé les conséquences des propos du ministre. Il a expliqué que les déclarations répétées de ce dernier incitaient à une intensification de la haine envers les magistrats, en particulier ceux du tribunal administratif de Melun. Ce déchaînement a été accentué par les menaces de violence à l’encontre des juges, incluant des appels à la pendaison de la présidente du tribunal et des tentatives de harcèlement pour identifier les responsables du jugement. Le juge a déploré ce climat toxique et a averti que de tels comportements mettaient en danger les employés du tribunal et leurs familles.
Bruno Retailleau, de son côté, a réagi en confirmant qu’il ferait appel de la décision du tribunal administratif. Il a continué de souligner l’absurdité, selon lui, d’un système juridique qui permet à un individu ayant violé les lois françaises de rester sur le territoire, malgré des faits aussi graves que ceux de Doualemn. Il a également remis en cause l’attitude de l’Algérie, qui a refusé d’accueillir son ressortissant, rendant ainsi l’expulsion plus difficile à réaliser. Le ministre a insisté sur la nécessité de durcir les lois d’immigration pour éviter de telles situations, appelant à un changement législatif si les textes actuels se révèlent insuffisants pour protéger les intérêts du pays.
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