L’attrait croissant des Algériens pour l’acquisition de véhicules à l’étranger, qu’il s’agisse de modèles neufs ou d’occasion de moins de trois ans, a donné lieu à une dynamique d’importation soutenue. Cette tendance, alimentée par la crise de l’offre sur le marché national, pousse de plus en plus d’Algériens à se tourner vers des alternatives hors frontières, cherchant à acquérir des véhicules souvent perçus comme plus accessibles, mieux équipés ou disponibles immédiatement. Toutefois, derrière cette apparente relance du marché automobile se cachent des pratiques jugées frauduleuses qui inquiètent les associations de consommateurs, notamment l’Association Algérienne de Protection et d’Orientation du Consommateur et de son Environnement (APOCE), présidée par Mustapha Zebdi. Celui-ci a récemment tiré la sonnette d’alarme sur la confusion volontairement entretenue par certains intermédiaires entre véhicules strictement neufs et ceux déjà immatriculés à l’étranger, mais encore récents.
Selon Zebdi, un nombre croissant d’Algériens, contraints de contourner l’indisponibilité de véhicules chez les concessionnaires locaux, se tournent vers le marché international pour acquérir des véhicules à l’étranger, qu’ils soient vraiment neufs ou classés légalement comme d’occasion de moins de trois ans. Cette pratique répond à une forte demande, mais expose de nombreux Algériens à des arnaques orchestrées par des réseaux profitant des failles dans la réglementation et du manque d’information des acheteurs. Des cas répétés de méprise ou de tromperie sur l’année de fabrication des véhicules ont été signalés, certains Algériens découvrant une fois les formalités terminées que les véhicules importés de l’étranger ne correspondaient pas à la description donnée à l’achat.
Cette confusion entre véhicules neufs et d’occasion, surtout ceux ayant été immatriculés à l’étranger sans pour autant avoir été réellement utilisés, est exploitée par des importateurs pour échapper aux droits de douane plus élevés appliqués aux véhicules strictement neufs. Zebdi a précisé que certains Algériens ont importé des véhicules en pensant acquérir un modèle neuf, alors que la voiture, bien qu’affichant zéro kilomètre au compteur, avait déjà été immatriculée à l’étranger, ce qui change radicalement son statut juridique. Cette tromperie leur fait perdre le bénéfice d’avantages fiscaux ou les place dans l’illégalité sans même en avoir conscience. Le président de l’APOCE insiste sur le fait que le simple relevé du compteur kilométrique ne peut constituer une preuve suffisante du caractère neuf d’un véhicule, un argument souvent avancé à tort par certains vendeurs ou intermédiaires pour convaincre les acheteurs Algériens.
Pour clarifier cette distinction, Zebdi se réfère au Décret exécutif n° 20-227 du 19 août 2020, qui encadre l’activité des concessionnaires de véhicules neufs. Selon ce texte de loi, est considéré comme neuf tout véhicule n’ayant jamais été immatriculé dans aucun pays et dont la date de fabrication ne dépasse pas douze mois avant son entrée en Algérie. De plus, la distance maximale autorisée est de 100 kilomètres pour les véhicules de tourisme et 1 500 kilomètres pour les véhicules utilitaires lourds. Ainsi, un véhicule ayant été enregistré à l’étranger, même s’il n’a jamais été conduit, tombe automatiquement dans la catégorie de l’occasion selon la législation algérienne, une subtilité que de nombreux Algériens ignorent lorsqu’ils procèdent à des achats de véhicules à l’étranger.
Les cas signalés ces derniers mois révèlent une tendance inquiétante, où des Algériens, désireux d’importer des véhicules à moindre coût depuis l’étranger, sont pris au piège de mécanismes opaques, orchestrés par des réseaux d’intermédiaires peu scrupuleux. Cette pratique, bien que légale dans son principe, devient problématique dès lors qu’elle implique une falsification des documents, une présentation mensongère de l’état du véhicule ou une manipulation visant à abuser de la confiance des acheteurs Algériens. Pour éviter de telles mésaventures, Zebdi recommande aux Algériens désireux d’acquérir des véhicules à l’étranger de s’assurer de l’authenticité des documents, notamment du certificat de conformité et de l’historique d’immatriculation. Il encourage également à passer uniquement par des canaux certifiés et des intermédiaires connus pour leur fiabilité, afin de garantir une transaction légale et sécurisée.
Face à cette prolifération de fraudes, les autorités pourraient être amenées à renforcer les contrôles douaniers et à exiger une plus grande transparence des procédures d’importation. En attendant, la responsabilité revient aux consommateurs Algériens eux-mêmes, qui doivent redoubler de vigilance lorsqu’ils décident d’importer des véhicules à l’étranger. Dans un contexte de demande croissante, le marché de l’importation reste une solution viable, mais à condition de respecter scrupuleusement les cadres juridiques et d’éviter toute confusion entre les statuts des véhicules, qu’ils soient neufs ou simplement récents.